Parce que j'ai écrit plusieurs notes sur les Bijogo puis les Diola, peuples de rizières, dont les masques les plus impressionnants sont ceux de bovidés; parce que je n'ai eu de cesse de chercher des images de ces masques, parce que j'ai imaginé les grandes fêtes du Bukut …Je ne peux m’empêcher de songer aux 10 jours que j’ai vécus l’été dernier en pays Toraja dans l’île de Sulawesi (jadis nommée Célèbes).
Nous sommes partis à pied de villages en villages. Ce peuple est célèbre pour les funérailles toujours grandioses qu’il organise, les sacrifices de buffles qui s’en suivent et les grandes cérémonies qui réunissent des centaines (voire des milliers) de convives.
Combien ces hommes des rizières sont proches des buffles, à tel point que l’âme du défunt doit gagner l’au-delà sur le dos de plusieurs buffles ! Plus le nombre de buffles sera important, meilleure sera sa « chance » de rejoindre ses ancêtres. Le buffle est véritablement le "passeur d'âme".
Ceci est un raccourci rapide des croyances Toraja.
Vivre en harmonie avec le monde animal, vivre en harmonie avec la terre et le riz sont
les maîtres mots des Toraja...
Il n’y a pas de masque en pays Toraja ; mais les têtes de buffles sont omniprésentes…Elles ornent les maisons, les greniers, les cornes sont partout des éléments décoratifs, soulignant par leur nombre la puissance la famille.
Mais ce que j'ai ressenti de plus fort (et c’est probablement le cas dans toutes les sociétés traditionnelles comme celles que j'ai évoquées en Afrique), c’est le déchirement de certains (les jeunes... ce qu'on a bien voulu nous raconter) entre le poids de la tradition et la réalité économique.
Les Toraja sont pauvres pour la plupart. Quelques nobles détiennent la majorité des terres.
Mais tous s’endettent sur des générations pour honorer ce culte au défunt. Le cercle est sans fin : Il faut s’endetter pour l’achat de buffles afin d’honorer son propre défunt mais il est du devoir (pour l’honneur et sous peine d’être exclu de la communauté) de rendre au moins un présent identique à celui des familles qui auront offert des buffles lors de funérailles…
Le sentiment d'appartenance à la communauté Toraja semble toujours très fortement ancré dans les coeurs. Qu'en sera-t-il de l'avenir?
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Rédigé par : Isabelle | 21 février 2006 à 20:51