Encore présente jusqu’à fin Mars au Musée Dapper, cette belle exposition rappelle la filiation africaine de symboliques, de divinités… Et par conséquent d’objets brésiliens voués aux cultes.
(Téléchargez le dossier de presse ).
La logique de l’exposition n’est pas nécessairement facile à comprendre.
Les objets présentés sont empruntés, pour l'Afrique, essentiellement aux cultures KONGO et YORUBA de l’Afrique de l’Ouest.
Parce que le royaume Yoruba était constitué d’une fédération de villes et que celui du Kongo était très structuré, le Portugal a pu avoir les premiers échanges avec ces peuples, leur envoyer dès 1491 des ambassadeurs et 50 ans plus tard
« demander » les premiers esclaves.
Puis; quelques esclaves africains ont racheté leur liberté et sont revenus peupler d'autres terres d'Afrique.
Ce phénomène, moins connu, a contribué à l'évolution de pratiques rituelles et par conséquent à la production d'objets enrichis par cette mixité.
Au Musée Dapper, il faut simplement se laisser guider par un monde où ce qui domine est le fer (Fers des esclaves, insignes, roi Glélé...) et les objets qui fatalement nous interpellent:
Les Minkisi
(cf billet sur les Kongo) toujours impressionnants, presque trop présents ici; et entre autres,
les rares Bocio
(sculptures en bois anthropomorphes, objets de pouvoir, intermédiaires entre les divinités et les hommes ) liées au vodun.
Photo 1 et 3 : ©Musée Dapper
Photo 2 : ©Musée Dapper - Hughes Dubois
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Je ne sais pas combien de personnes tu as pu convaincre d'aller voir cette expo. En tout cas, tu m'as donné envie d'y aller cette après-midi ! Merci : je ne connaissais pas ce musée (à peine à 40 minutes à pieds de chez moi...) et ce fut un véritable plaisir que de découvrir ce nouveau lieu ! Il est vrai que l'expo n'est pas simple pour les novices qui demandent à comprendre (notamment du fait qu’il n’y ait quasiment aucune date...). D'où ma première question : est-il facile de les dater ? Est-ce un oubli ? Ou est-ce une habitude dans ce type d'expo ?
Maintenant, j’ai pas mal de questions sur l’expo ;-) En vrac : quelle valeurs ont les clous (sur les statuettes africaines – ex. sur les statues nkisi nkondi – est-ce pour donner la mort ?) et miroirs sur les torses des statuettes anthropomorphiques du Kongo ? Les récades en métal et bois m’ont pas mal intrigué. A quoi servaient-ils ? J’ai beaucoup aimé aussi les exu aux allures de diables, peux-tu nous en dire plus dans un prochain post ?
J’espère que tu donneras bientôt de nouveaux plans d’expos à Paris ! Félicitations !
Rédigé par : paddy | 19 mars 2006 à 20:05
C'est effectivement un beau petit musée; la prochaine expo débutera fin avril : "Sénégal contemporain-Masques, 50 visages"...à suivre.
Je ne sais pas quel sera son positionnement lorsque le Quai branly ouvrira fin juin...
En vrac, à toutes tes questions...pour les dates, en général tout est daté XIXème et début XXème. Le plus vieux masque africain (qu'il y a dans les collections) date de 1750!..Tout ce qui est en bois ne s'est pas conservé; de plus tout ce qui pouvait être "fétiche" a été scrupuleusement détruit...il n'y a guère que les terres cuites en Afrique qui sont plus vieilles (XVè-XVIè).
Pour les clous, au contraire; les minkisi sont des "gentils"...le "client" a un problème (maladie, démélé avec un voisin, mauvaise récolte, peurs..); il va voir le Nganga (le devin) pour que ce dernier interroge l'esprit du nkisi. Le Nganga; afin de capter les champs de force de cette satuette de pouvoir, afin en quelque sorte de "réveiller l'esprit", lèche le clou et l'enfonce dans le nkisi. Souvent ces statuettes sont bienveillantes et sont là pour protéger contre les sorciers. (J'en ai écrit un peu plus dans la seule note pour l'instant de la catégorie Kongo; il y a encore beaucoup à écrire sur ce peuple..).
Afin de bien montrer qu'on maîtrise cet esprit, l'orifice où sont placées les substances est fermé. Le "bouchon" est souvent un miroir parce que le nkisi est là pour faire apparaître au grand jour "la solution". Une histoire raconte que dans les temps anciens le ciel était semblable à un grand miroir suspendu au-dessus des hommes. Tout ce qui s'y passait s'y reflétait...c'est peut-être en référence à cela, à une connaissance de la vérité, à un clairvoyance, à une vision de l'invisble...
Les récades, ce sont simplement des objets insignes de pouvoir, comme les sceptres. Glélé, par exemple, roi du Dahomey était le lion des lions, donc possédaient des récades ornées de lions...Il y a aussi beaucoup à dire sur les arts de cour..encore des billets à écrire...
Pour les exu, c'est compliqué. La première fois que je suis allée voir l'expo, j'ai voulu écrire un billet sur le vodun et je me suis perdue tellement c'est complexe...mais promis, j'y pense...
A bientôt.
Lylian
Rédigé par : lyliana | 19 mars 2006 à 21:07
Wow, rapide, instructif et précis ! Merci, à +, Jean-David
Rédigé par : paddy | 20 mars 2006 à 08:42