On raconte qu'il y a longtemps, un roi Bamana avait une fille unique Sanou Koloni, «Petit fleuron d'or» promise en mariage à celui qui remporterait la course pour le bout du monde...
Celle-ci eut lieu et ce fut le caméléon qui l'emportât par tricherie puisqu'il fut transporté par l'hippotrague, la belle antilope chevaline dont les qualités de coeur forçaient l'admiration...
Mais l'issue de la course fut fatale au caméléon qui mourut et ce fut l'hippotrague qui épousa Sanou Koloni.
Les masques-cimiers Ciwara (ou TYI-WARA) sont les témoins de cette histoire.
Tous évoquent l'antilope hippotrague,
associée au soleil...
Et de manière plus complexe, les comportements des animaux et leurs différentes symboliques au sein de la société Bamana.
La danse Ciwara magnifiait le travail agricole.
L’une des fonctions premières de la société du Ciwara était de stimuler le travail à la houe. Par là même, elle permettait à l’homme de « manipuler » la force cosmique du soleil afin de féconder la terre.
De véritables compétitions agricoles avaient lieu pendant lesquelles les manieurs de houes devaient réussir un concours de vitesse dans l'aire impartie.
Les masques-antilopes dansaient par couple; la femelle, souvent reconnaissable au petit porté sur le dos.
Tous ces verbes employés à l'imparfait car le Ciwara connut un réel déclin dû à plusieurs facteurs : L’exode saisonnier des jeunes, la progression de l’Islam mais aussi la progression d’autres techniques de cultures (charrue attelée).
Il reste que la société du Ciwara a occupé une place particulière au sein des sociétés d'initiation Bamana dans la mesure où l’initiation et ses rites ont toujours été des manifestations publiques.
Société plus ouverte que les autres, elle permettait (et permet) aux femmes de participer largement par leur présence à la chorale, aux repas rituels.
De nos jours, la sortie des masques est devenue une simple mascarade de réjouissance.
Des masques Ciwara ont ainsi été fabriqués comme symboles d'excellence, destinés à récompenser, quel que soit le domaine de compétence, les plus vertueux.
Nb : «Antilopes du soleil» est le titre du livre (malheureusement épuisé) de Dominique Zahan, spécialiste de la société du Ciwara.
Photo 1 : ©Seattle Art Museum
Photo 2 : ©Collection Barbier-Mueller
Photo 3 : ©Musée Dapper - Hughes Dubois
Photo 4 : ©Völkerlande Museum - Univ. Zürich
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ces légendes ont un charme fou...
merci Lylian pour ce bonheur de lecture, ce détour des mondes que tu offres si généreusement et de si belle manière...
Bon week-end
Tendresse
Elisanne
Rédigé par : double je | 24 mars 2006 à 17:09