Le DAMA a lieu tous les deux ou trois ans et des centaines de personnes y participent.
Il s’agit d’une cérémonie de levée de deuil: Elle doit permettre à l’âme du défunt de rejoindre ses ancêtres.
L'un des rituels les plus significatifs a lieu la nuit où tout le monde se réunit à la sortie du village.
On pose à terre une poterie remplie de bière ayant appartenue au défunt et son manche de houe. Un neveu utérin (parce que c'est celui qui ne peut être soupçonné de sorcellerie) renverse du pied gauche la poterie. On ramasse le manche de houe et les morceaux de poterie que l'on place à l'extérieur du village: Le défunt ne pourra plus ni manger, ni boire la bière de mil fermentée avec les vivants.
Il est contraint d'entamer son voyage vers l'au-delà.
Puis pendant 3 jours, c'est la danse des masques.
Les nouveaux masques peints et ornés sont les pivots d'une littérature orale, appât trompeur pour l'âme du défunt qui doit se laisser enchanter et quitter le village pour toujours.
Ils dansent dans un ordre précis de manière à ce que la communauté comprennent et assimilent toutes les phases du Dama.
Les masques SIRIGE se penchent d'avant en arrière puis d'arrière en avant afin de symboliser le lever et coucher du soleil. Il est conduit par un guide qui lui montre le chemin à suivre, les arrêts à respecter afin de flatter l'âme du défunt.
Les masques KANAGA, représentant une croix de Lorraine, tournoient sans cesse. L'extrémité supérieure touche le sol. Pour les non-initiés, il s'agit d'un oiseau en vol.
Pour les initiés, il y a plusieurs niveaux d'interprétation : c'est l'image du dieu créateur qui "danse le monde en faisant tourner les 4 points cardinaux"; c'est un insecte d'eau qui a amené l'arche du ciel ou le Nommo de la mare lui-même; c'est aussi le chacal mort de soif, sur le dos, les pattes en l'air pour implorer le pardon du créateur...
Et encore les masques Jeune fille...et presque tous les animaux de la Création sont présents...les masques Picoreur, les masques Antilope, les masques Crocodile, les masques Singe...
Les masques SATIMBE surmontés d'une représentation de la Yasigine et encore la danse des Touterelles lors de laquelle les danseurs évoluent sur de grandes échasses...
Voilà ce que j'ai pu observer lors de la diffusion du film de Jean Rouch et Germaine Dieterlen: Le Dama d'Ambara, enchanter la mort (1974). Malheureusement je n'ai pas de photographies d'un tel rituel.
Mais on trouve de très très belles photos de ces cérémonies et plus généralement du pays Dogon,
sur le site Dogon-Lobi.
Photo 2 : ©Béatrice Hatala
Photo 3 et 4 : ©Musée Dapper - Hughes Dubois
Photo 5 : ©Justin Kerr, New York
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Lylian
j'ai vraiment apprécié toute cette série sur les Dogon
merci à toi, bonne soirée
Elisane
Rédigé par : double je | 12 mars 2006 à 18:24
Félicitations pour votre merveilleux site très instructif !
Rédigé par : le Bussy Joëlle | 23 juillet 2006 à 10:21