La cosmogonie Dogon nous a été essentiellement révélée à travers les écrits de Marcel Griaule.
En effet, après l'expédition Dakar-Djibouti, Marcel Griaule revient en 1935 dans la falaise de Bandiagara avec Denise Paulme et y séjourne près d'un an.
Puis, les missions qu'il conduira: "Sahara-Soudan" et "Sahara-Cameroun" (en 1937) lui permettront de collecter des masques et d'affiner ses connaissances.
Ainsi publie-t-il sa thèse en 1938 sur les masques Dogon.
En 1946, il a ses fameux entretiens avec Ogotemmêli, un vieux chasseur aveugle qui va l'initier à une version de la cosmogonie Dogon et dont est tiré le livre célèbre, Dieu d'eau, publié en 1948.
Celle-ci est fascinante et très complexe...
Quelques lignes pour "faire simple"...et "résumer" le mythe fondateur (d'après ce livre de Griaule; car on s'est aperçu par la suite que le récit d'Ogotemmêli n'était qu'une façon de dire les choses et le mythe tel qu'on le connaît actuellement possède des versions qui diffèrent de ce récit) :
Après avoir créé l'univers, le Dieu Amma créa la Terre et s'accoupla avec elle.
De cette union naquit le chacal, être unique et imparfait (au lieu de donner naissance à des jumeaux comme Amma
l'avait souhaité).
Le chacal a été identifié par la suite sous le nom de Renard pâle (cf. Germaine Dieterlen).
Finalement, des jumeaux vinrent au monde avec l'apparence de l'homme et du serpent.
Ces jumeaux sont les Nommo : chacun est à la fois mâle et femelle.
Les Nommo s'occupèrent de vêtir la Terre et commencèrent à acquérir la parole.
Le chacal voulut s'emparer du Verbe et pour cela commit l'inceste avec la Terre.
C'est grâce à cette parole ainsi acquise qu'il peut communiquer avec les devins (Interprétation de ses traces sur le sol car Amma lui a coupé la langue).
Après l'inceste, Amma se détourna de la Terre et décida de fabriquer les hommes seuls.
C'est à partir d'une boule de glaise et de la fusion des 2 sexes créés que naquirent l'homme et la femme.
Les Nommo dotèrent ces êtres uniques d'âme femelle et d'âme mâle, retrouvant le caractère gémellaire si important dans cette cosmogénèse.
L'union de cet homme et de cette femme donna naissance aux 4 couples de jumeaux originels.
C'est l'origine des huit premiers ancêtres (Nommo eux-aussi).
Le premier ancêtre devint un esprit et les autres le rejoignirent aux cieux.
Puis, chaque Nommo redescendit sur Terre afin de transmettre un enseignement aux hommes.
Le 7ème Nommo, le "plus important", le Nommo de la mare, était le maître de la parole.
Le mouvement de sa bouche et de sa langue fourchue constituait une navette qui batissait une trame d'étoffe sur laquelle pouvait cheminer la parole.
Plusieurs versions de la transmission de la parole existent...
Elles sont toutes très belles et liées à l'image du métier à tisser.
La parole qui organise le monde fut ainsi transmise aux hommes et la société put dès lors se développer.
Le septième Nommo fut "tué" et transformé en serpent Lébé. Depuis, c'est le Hogon, grand dignitaire du village qui est responsable du culte du serpent Lébé et des décisions impliquant la communauté.
Le serpent est censé se promener dans les champs afin de protéger les récoltes et est le symbole de régénération du cycle végétal.
À travers ses mues, il est l'image de la renaissance.
Ainsi, grâce à des rituels s'adressant aux différentes entités chthoniennes (Nommo, Lébé et sortes de Djinns), les Dogon ont construit religieusement leur territoire et ont défini l'identité Dogon.
Ce sont cependant les rites concernant les Ancêtres et la levée de deuil (Dama) qui constituent les cérémonies les plus importantes et sont l'occasion de sorties de masques impressionnantes.
Photos de l'auteur.
Bonjour Lylian,
c'est vraiment très interressant et l'on se rend compte que toutes ces civilisations anciennes ont curieusement les mêmes mythes...
bonne journée
Elisanne
Rédigé par : double je | 09 mars 2006 à 12:02
Effectivement, c'est fascinant de voir ces thèmes récurrents : l'inceste, le serpent, il est aussi question d'une arche dans ce mythe, un créateur loin des hommes, un intercesseur (souvent un fils) envoyé pour s'en occcuper.. Il y a déjà toute une littérature sur le sujet.
Merci pour tes fidèles visites.
Lylian
Rédigé par : lyliana | 09 mars 2006 à 18:08
Avec un groupe d'amies, nous illustrons des textes, et , entre autres des légendes dogon; j'ai besoin très, très vite de savoir comment on dit le mot "bouche" en dogon (d'où sort la parole) sinon, en malien?
Merci, vraiment.
Rédigé par : anne G. | 06 février 2007 à 20:34
A madama Anne G
Le mot "bouche" en dogon est "ka"!
Nasby
Rédigé par : Nasby | 18 janvier 2009 à 14:41
bonjour
je me nomme zouzou et je suis dogon d'ethnie et songoî de culture là on a crée une association artistique et culturelle à Bamako Mali.
Nous comptontsn organiser un Festival international de Musique à Sngha au pays dogon
et nous souhaiterons avoir des adress des quelque éthnologue qui on écrit sur les dogons
zouzou administrateur de l'association koladjè
merci
Rédigé par : zouzou | 20 avril 2009 à 15:48
nous sommes un réseau de communicateurs en langues Dogon et nous voulons une aide
RCL.Dogon
Rédigé par : Ama | 18 septembre 2010 à 18:38
Bonjour j'ai besoin de discuter urgament avec un dogon ou quelqu'un qui s y connait vraiment bien. J'ai une tonne de question SVP MErci
Rédigé par : fatou | 24 juillet 2015 à 09:43
Bonsoir, je m'appelle Modibo KEITA un fans des Hommes de sciences et souhaite des relations dans le sens d'apprendre.merci
Rédigé par : modibo keita | 03 novembre 2015 à 23:26
Tisserande,j'ai lu "Dieu d'Eau" il y a une trentaine d'années, relu, et la force de ce témoignage a imprégné mon esprit. Cette année, suivant une inspiration, j'ai confectionné un "masque dogon" avec deux pièces de tissage de laine, en incluant une petite plaque percée régulièrement car c'est un morceau de pièce provenant d'un vieux métier jaquard, ainsi qu'une pièce métallique prélevée dans la tour d'un vieil ordinateur.
A Biarritz (64), il y a tous les deux ans une grande biennale d'art textile: "Quilts en Sud" où mon "Masque Dogon au fil de l'Adour" est retenu pour être exposé, j'en suis très heureuse, c'est aussi l'occasion de continuer à faire connaître cette cosmogonie complexe et profondément humaine et imaginative. De plus, respectueuse de l'eau, ce qui devrait nous inspirer et nous guider vers des actions concordant avec la protection de la nature, si nécessaire pour notre "civilisation" trop oublieuse des valeurs essentielles.
L'art industrieux de tous/toutes ces artistes textiles célèbre à merveille la beauté du monde, faisant de cette biennale un évènement attrayant exceptionnel...pour ceux qui ne peuvent pas s'y rendre, visitez le site de "Quilts en Sud"!
Rédigé par : Anne Bortayre | 11 mai 2017 à 21:43