Voici par exemple, une des choses qui m'a surprise lors de la vente de la Collection Vérité : l'engouement des acheteurs pour des masques Kru (ou Krou) comme celui ci-dessous.
Des masques plats avec des yeux tubulaires, un nez filiforme, une bouche parrallélépipédique.
Abstraits, « cubistes» sont les premiers adjectifs qui viennent à l'esprit.
« On» dit que ce sont ces yeux tubulaires des masques Kru qui auraient inspiré à Picasso « l'idée de rendre par un tube saillant le trou central de la guitare de tôle qu'il réalisa en 1912» (in Picasso, l'homme aux mille masques). Il est vrai que cette année là, il acheta un masque de ce type avec des cylindres formant les yeux, à un marin, à Marseille. D'après W. Rubin, ces masques étaient connus à Paris dès le début du XXème siècle.
Ceci expliquant peut-être cela...
Je laisse aux spécialistes de Picasso le soin d'apporter des précisions quant à cette assertion.
Pour ma part, je peux vous parler des Kru qui constituent un petit peuple à la frontière du Libéria et de la Côte d'Ivoire, voisin du peuple Gouro auquel ils sont souvent associés. Proches de la côte, les Kru se sont enrôlés très tôt (milieu du XVIIème siècle) à bord de navires européens; d'où l'appellation de Krumen pour les désigner (Hommes de Kru et non pas hommes d'équipage (crew-men) comme on pourrait le croire et qui n'est qu'une coïncidence linguistique).
On dispose de peu d'informations sur la société des masques Kru. Il semblerait qu'elle ne jouait pas un rôle important (comme celle du Poro). Il n'y aurait aucun témoignage de danse de ces masques. Certains d'entre eux possèdent des orifices près des narines; d'autres ne possèdent même aucun orifice permettant la vision. Il est possible que dès le début du XXème siècle, certains masques n'aient été fabriqués que pour la vente à des marins européens.
Un petit mot encore sur Picasso et ses masques...
Le masque le plus connu qu'il ait possédé est certainement une Demba du peuple Baga; là encore la superbe Demba de la Collection Vérité s'est chèrement envolée...
Objets emprunts d'histoire, mais à quelle histoire donnez-vous du prix ?
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Superbe blog que je découvre en passant par africamusica (sanza)
Rédigé par : Gene | 19 juin 2006 à 11:44
Comme j'aurai voulu y être, autant pour voir ces objets uniques que pour l'ambiance. C'est un moment exaltant, lorsque les enchères s'envolent. Même si l'on a aucun moyen d'acheter, on est tenté de surenchérir, pour voir jusqu'où cela peut aller.
Rédigé par : La dilettante | 19 juin 2006 à 16:07
le prix vaste question...
et pourquoi faut-il absolument donner un prix aux objets d'art? le regard porté ne vaut-il pas mieux que le prix le plus élévé, aimer une oeuvre n'a pas de prix...
mon humble avis qui ne vaut que ce qu'il vaut aux yeux d'autrui
bonne soirée Lylian
Rédigé par : double je | 19 juin 2006 à 21:10