Du petit traité des cuillers... C'est sérieux car il y aurait tant à dire sur ces véritables sculptures de l' Afrique de l'Ouest, généralement signe de statut social élevé. Le manche toujours très finement sculpté dans le bois découvre un corps de femme.
(Une très belle exposition s'est tenue au Musée Dapper... il y a 15 ans... on en reparlera).
Ici, c'est une petite bonne-femme, taillée dans l'ivoire, qui est bien campée sur ses pieds.
Chez les Lega, le travail se fait dans l'ivoire ou dans l'os. Bien que stylisées, les cuillers sont étonnantes par leur "expressivité" et leurs usages.
Portées, caressées par les initiés du grade du Kindi, ces cuillers étaient aussi utilisées lors de l'opération de circoncision.
L'une étant placée dans la bouche du futur circoncis.
Il semblerait qu'elle pouvait servir lors d'ordalie; l'épreuve consistant à administrer du poison dans la cuiller placée dans la bouche de l'accusé. (Mais selon D. P. Biebuyck, toute forme d'ordalie aurait été interdite chez les Lega; il ne se serait agi que de reconstitution).
Elles servaient aussi à nourrir symboliquement des danseurs lors du rite nkunda.
Elles évoquaient continuité et pérennité. Objet rituel, la cuiller se transmettait alors d'un défunt du Kindi à son successeur.
Le bol oval et peu profond de la cuiller sert d'assise à la représentation anthropomorphique; souvent elle constituera la tête et beaucoup plus rarement sera double comme cette dernière dont je ne connais l'usage.
Photos 2 et 3 : ©The Royal Museum for Central Africa (Tervuren)
Photos 1,2 et 3 : Hughes Dubois in Ethics and Beauty LEGA in the Heart of Africa - Daniel P. Biebuyck
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