Les Zande (ou Azande) sont installés au Nord-Est de la République Démocratique du Congo mais aussi au Sud-Ouest du Soudan et Sud-Est de la République Centrafricaine. Plus nombreux que les Mangbetu (environ 750 000 individus contre 600 000), ils étaient toujours en guerre avec ces derniers. Fédérés en plusieurs petits royaumes, ils n'avaient pas la puissance du royaume centralisé des Mangbetu. Néanmoins dans le domaine musical, ce sont eux qui sont à l'origine des harpes coudées à cinq cordes.
KUNDI chez les Zande, la harpe est appelée NEDUMU chez les Mangbetu. Toutes les extrémités des manches de harpes Zande n'étaient pas nécessairement sculptées en forme de tête humaine. Chez les Mangbetu, par contre, parfois le chevillier dans son intégralité pouvait représenter un corps humain. L’intérêt que portaient les autorités coloniales à ce type d’instrument a entraîné une production plus grande de ces harpes chez les Mangbetu mais qui serait abandonnée de nos jours.
Les Mangbetu auraient donc adopté la harpe cintrée des Zande. Aucune harpe Mangbetu n’est répertoriée avant 1891 selon Eric de Dampierre (in Une esthétique perdue) mais ils ont apporté une modification : l’emplacement des chevilles.
Chevilles placées à gauche, l’instrument étant vu de la position du musicien pour les Zande et à droite chez les Mangbetu. (Je ne sais pas si cette méthode pour reconnaître est valable à 100% !).
La caisse de résonance est recouverte par une peau tannée d’antilope (ou d’un autre animal; sur la première photo, il s'agit d'écailles de pangolin) et comporte deux ouvertures rondes.
Les cinq cordes sont faites de rubans de raphia ou de bandelettes de feuilles de palmier.
La fabrication d’une harpe Zande requérait un certain comportement (sorte de «bonne conduite»):
En effet, le musicien-luthier portait le deuil de sa harpe.
«Porter le deuil de la parole de l’instrument, c’est vouloir éviter tout événement fâcheux lorsque l’instrument sera en service» écrit Eric de Dampierre in Harpes Zande...
Photo 1 : ©American Museum of Natural History - New York
Photo 2 : Collection particulière © Hughes Dubois
Photo 3 : ©Jean Willy Mestach (in Une Esthétique perdue)
Photo 4 : ©Michel Wuyts (in Frans M. Olbrechts in search of Art in Africa)
Photo 5 : Photo empruntée au blog ami (qui est double) : Instruments de Musique d'Afrique :
Les Sanza - Les Idiophones
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En quatre billets, tu as donné une formidable synthèse de la civilisation Mangbetu-Zande.
Rédigé par : François | 01 août 2006 à 08:53
super article et instruments magiques
Rédigé par : yogi | 01 août 2006 à 09:42
Bonjour. Merci pour compléter et faire présent de cettes données. Vous connaissez certainement ce site: http://mediatheque.cite-musique.fr/masc/?INSTANCE=CITEMUSIQUE&URL=/mediaComposite/CMDE/CMDE000000500/02.htm
Rédigé par : C.S.A. | 01 août 2006 à 20:52
*C.S.A : Vous avez tout à fait raison de le signaler : il s'agit d'un dossier fourni (avec une belle bibliographie) autour de l'exposition La parole du fleuve : harpes d'Afrique centrale qui s'est tenue en 1999 au Musée de la Musique à Paris. Merci.
Rédigé par : Lyliana | 01 août 2006 à 21:06
L'âme d'un instrument à corde est un petit cylindre de bois qui en réunit la table et le fond (Le Petit Robert). Avec ces harpes là, la métaphore de l'âme résonne délicatement et profondément. Merci!
Rédigé par : Ch | 02 août 2006 à 10:59
"La harpe, on l'accorde
Le monde, on ne l'accorde pas"
Proverbe Tsogo/Sango (Gabon)
Rédigé par : François | 02 août 2006 à 16:15
Ces paroles résonne d'autant plus fort en ce moment où l'on ne sait pas ce qui va en être du Congo suite aux élections...
Rédigé par : Lyliana | 02 août 2006 à 17:15