J'ai vécu une semaine en pays Dogon, il y a 3 ans. 8 jours à marcher de village en village.
Je n'ai rien vu des masques, on ne m'a rien raconté à leur sujet. Rien non plus sur l'«Histoire» des Dogon, ni de leurs histoires cosmogoniques. J'ai vu des gens heureux de m'accueillir.
Ce fut de belles rencontres.
Je ne sais rien sur leur art que je n'ai lu dans les livres.
Aussi, je souhaite, en contre point des émissions de France Culture que je vous ai invité à écouter cet été, vous convier à la lecture de cette critique des émissions de Catherine Clément :
Histoire de Dogon.
J'ai assisté à une conférence donnée par son auteur, Eric Jolly, qui a vécu plusieurs années en pays Dogon et y a travaillé sur le thème du pouvoir et ses représentations.
Si je ne peux argumenter précisément, comme il le fait, contre tel ou tel point, je le rejoins volontiers dans « sa bataille » contre les fantasmes que nous pouvons nourrir vis-à-vis des Dogon et de manière générale contre une vulgarisation ethnologique facile tournant à une «vulgate touristique».
Le sujet est d' actualité et, j'en suis bien consciente, la frontière est étroite lorsqu'il s'agit de transmettre, «simplement» et sans les dénaturer, des savoirs à un large public.
Mais c'est un terrain précisément où il n'y a aucune place pour l'erreur ou la falsification.
Photos de l'auteur
Ah ! Eric Jolly, buvons un coup à sa santé :
savoir-et-voir.com :
(y a des sujets de recherches qui font rêver ;-)
Rédigé par : laurence | 28 septembre 2006 à 20:15
...et la question de la fiabilité des sources !
Rédigé par : François | 28 septembre 2006 à 20:20
Villages étonnants : on dirait des maquettes pour un film d'animation...
Rédigé par : holbein | 28 septembre 2006 à 21:49
Ce qui est peut être plus fantasmatique (et plus grave),c'est qu'on voit que les dogons ont cherché très vite à ressembler à l'image que donne d'eux M.Griaule (Dieux D'eau).
Quant aux masques, leur présentation aux touristes est faite avec des masques "neufs", fabriqués (et vendus) pour cet usage, mais il est aussi possible que les authentiques "sortent"; le prix à payer est seulement beaucoup plus élevé!
Que dire de ce qui se passe actuellement en Namibie avec les Himbas.
Rédigé par : yvan | 29 septembre 2006 à 09:47
Yvan, viens passer un été en Bretagne :on met des chapeaux ronds, on écoute du biniou et on ressort les coiffes, en faisant croire qu'on les porte toute l'année ;-) Mieux : panneaux bilingues français-breton dans des villes où on n'a jamais parlé breton (mais gallo), distributeurs de billets en breton également et école diwan pour les enfants sages. On sait aussi s'adapter au tourisme ! Le Cheval d'orgueil chez Terre humaine, entre Tristes tropiques et Moeurs et sexualité en Océanie : même combat ;-)
Rédigé par : laurence | 29 septembre 2006 à 13:35
Sourire au commentaire de Laurence!!
un détail , j'habite près de Nantes (pardon "Naoned"), et je passe beaucoup de temps, l'été à douarnenez.
Rédigé par : yvan | 29 septembre 2006 à 14:08
Je viens de lire l'article critique d'Eric Jolly, j'y souscrits totalement et en particulier à la conception de l'ethnologie qu'il défend.
j'ai pour ma part toujours "vomi" Catherine Clément, son chateau sur la Loire (archetype de ma Maison/ mon Jardin) et ses semblables de la pseudo élite. Tous n'existent plus que par quelques positions de pouvoirs dans les media et par des renvois d'ascenseur marketting à propos de leurs productions respectives.
Je citerai, comme contre exemple, Hannah Arendt, qui fut de son temps paria, apatride et défenseur des "sans droits" ; très longtemps ignorée de nos intellectuels nationaux parce qu'elle n'était ni féministe ni althusserienne,ni freudienne, ni structuraliste, à l'heure où il fallait l'être. Elle a pourtant fini par inspirer notre chatelaine dès qu'elle devint à la mode dans la ronde des "illusions perdues"; cela nous valut "Hannah et Martin".
Il reste heureusement désormais les Dogons comme refuge dernier aux illusions perdus des détenteurs de vérités(des vérités successives et changeantes mais chaque fois affirmées avec d'autant plus de dogmatisme). Et si les dogons défaillent un jour nous passerons chez les Himbas ...ou les Aborigènes.
Pour conclure, Laurence ne m'en voudra pas si je cite pourtant la Bretagne (loin des chapeaux ronds) et les expositions de l'abbaye de Daoulas.A cent lieux de Catherine Clement, M.Le Bris et Moussa Konaté ont commis en 2002 une exposition sur les "MONDES DOGONS" qui fut pour moi une révélation(de même que celle sur le Vaudou).Y figuraient en particulier les artistes mentionnés par E.Jolly, Amahiguere Dolo ET Alaye Dolo.
je mettrai quelques photos sur mon blog.
Rédigé par : yvan | 29 septembre 2006 à 18:14
Merci à l'auteur de ce blog et à tous ceux qui ont ajouté leurs commentaires encourageants. Cela prouve qu'il n'est pas vain de répondre point par point aux fantasmes de certains sur les Dogon, alors que cette "bataille" pouvait paraître perdue d'avance.
Sur l'appréciation d'Yvan concernant l'exposition intitulée "Les mondes dogon", je suis d'accord avec lui, même si je n'ai vu que le catalogue : à l'opposé de Catherine Clément, les organisateurs ont su donné la parole à de nombreuses personnes, et en particuliers à plusieurs chercheurs dogon. Cela donne un livre sympathique !
On peut regretter toutefois l'absence de coordinateur compétent pour corriger certaines erreurs criantes, dont la plus amusante est une photo de buveurs bwa pour illustrer la page de titre sur "la société dogon" (p. 65). Il suffit de regarder les tabourets, les récipients et les échelles pour être convaincu de l'erreur. L'histoire de cette photo est d'ailleurs très instructive: il s'agit d'un cliché de Renaudeau qui, comme il me l'a avoué lui-même, a sciemment transformé ces buveurs bwa en buveurs dogon, dans sa légende, afin que sa photographie se vende mieux.
Décidément, les Dogon sont au centre de toutes les manipulations ! Et, de mon côté, je suis manifestement toujours obsédé par la bière de mil (pour compléter le commentaire de Laurence).
Rédigé par : Eric | 30 octobre 2006 à 16:33