« Appelle-moi à celle de tes heures,
qui ne cesse de te résister :
implorante et proche comme un visage de chien,
mais toujours à nouveau détournée de toi,
quand tu crois la saisir enfin.
Ce qui ainsi t'a échappé est ce que tu possèdes le mieux.
Nous sommes libres. Nous fûmes congédiés là
où nous pensions être d'abord salués.
Avec angoisse nous demandons un point d'appui,
nous qui sommes parfois trop jeunes pour ce qui est vieux
et trop vieux pour ce qui ne fut jamais.
Nous, qui ne restons justes que lorsque, malgré tout, nous louons,
parce que, hélas ! nous sommes la branche et le fer
et la douceur du danger mûrissant ».
Rainer Maria Rilke
in Les sonnets à Orphée (23ème, partie 2).
Photo de l'auteur - Sud Bolivie, 2002.
un poeme appelle un poeme: celui ci "danse " l'Afrique que nous aimons tous les deux et que tu présentes si bien:
Auteur : Cheikh Tidiane Dramé
Je suis le nerf rythmique de la fécondité
Je déchirerai les nues avec mon rythme
Rythme figé de la statuette d’Ife
Rythme ondulant du Cobra sacré
Rythme saccadé du sorcier en transe
Je suis l’amant du sol
Aux passions de rythme
Aux étreintes de danses vertigineuses
Je sens le souffle de l’ancêtre entre mes jambes
Et la terre se pâme aux baisers de mes talons de granit
couleur de gouffre
Mes jambes pétrissent le sol
Mes doigts de liane brassent l’espace
Chaque fibre de mon corps est rythme
Rythme est le temps
Rythme est l’espace
Je danse et la matière éclate
Je danse et pleurent les nues
Danseur noir, danseur de la fécondité,
Danseur des doigts tièdes de l’alizé
Danseur de la clarté des étoiles
Danseur du saut de l’antilope
Le soleil a disparu dans le ciel
La lune s’est dissoute dans mon ébène
Je danse
Si je cesse de danser, le vent cessera de souffler
Si je cesse de danser, le monde cessera d’être
Les témoins aux regards morts
Tendent leurs bras jusqu’à l’infini de mon oeil
Rendant audible la musique de ma danse
Je suis l’amant aux passions de rythme
Pour être fort comme la liane
Pour être fort comme l’ancêtre.
Rédigé par : Yvan | 02 janvier 2007 à 01:30
Bonne année 2007 !
Tous mes voeux de bonheur et de santé.
Longue vie à Détours des mondes
Rédigé par : paddy | 03 janvier 2007 à 00:42
Ce poème de Rilke est superbe, je vais l'apprendre par coeur ! Très bonne année !
Rédigé par : Caroline | 04 janvier 2007 à 08:46
Je profite de ce passage pour te saluer, chère Lyliana, et bonne continuation pour "Détours des mondes".
Rédigé par : Louvre-passion | 05 janvier 2007 à 20:26