Les premières têtes en «bronze» du Benin dateraient du XIVème ou début XVème siècle. Elles représenteraient des rois vaincus puisque la tradition rapporte qu'on décapitait alors les chefs ennemis et qu'on offrait leur tête à l'Oba. Peut-être en est-il ainsi de cette tête conservée au Pavillon des Sessions du Louvre.
Elle ne porte pas de couronne mais le cou est orné d'un collier qui représente des perles de verre et le front orné de quatre scarifications à l'emplacement des sourcils et deux autres, plus grandes, au-dessus du nez. Elles sont interprétées comme identifiant l'étranger, mais on retrouve ce type de scarifications sur les têtes de Reine mère de l'époque, telle celle représentée ci-contre.
(On notera la coiffure conique caractéristique des têtes de Reine mère appelée «en bec de poulet»).
On parle pour ces têtes de «premier style» et de «têtes-trophées» concernant une période se terminant à la fin du XVème siècle.
Les têtes datant du XVIème au XVIIIème siècle sont des têtes commémoratives. Elles figurent l'Oba, représenté avec une collerette de perles de corail, un bonnet de colliers de perles. On notera la présence de 3 scarifications au-dessus des sourcils. Elles ont alors un caractère sacré et, puisqu'elles sont creuses, devenant le réceptacle pour une défense d'éléphant, elles pourraient symboliser l'axe par lequel la puissance des ancêtres se communique à l'Oba.
Puis, au XVIIIème siècle, du point de vue du style, une base proéminente apparaît où sont gravés maints symboles de l'autorité ou de la puisssance surnaturelle de l'Oba: léopards, silures, grenouilles...
Le XVIIIème, puis le XIXème siècles voient le cou s'allonger, les têtes devenir de plus en plus engoncées dans de larges colliers de perles.
Ce fut sous le règne de l'Oba Osemwede (1816-1848) que furent introduites des «ailettes», projections sur le visage de serpents stylisés.
Précision ô combien utile pour la datation.
Ces seuls quatre exemples nous ont permis un exercice de style simple : constater combien se sont épaissies ces têtes au fil des siècles; s'attacher au cou, au bonnet mais aussi au regard.
Photo 1 : Musée du Quai Branly.
Photo 2 : National Museum, Lagos.
Photos 3 et 4 : Museum für Volkerkunde, Vienne.
Photo 5 : Anc. collection Barbier-Mueller © photo RMN, J. G. Berizzi.
Une remarque sur les scarifications frontales, le nombre détermine le sexe, pair féminin impair masculin, je connais une tête en bronze d'ermaphrodite 3 sur une paupière et 4 sur une autre et surmontée d'un escargot.
Rédigé par : lulu berlu | 19 février 2012 à 14:09