L'aristocrate et ses cannibales est le titre d'une exposition consacrée au voyage en Océanie du comte Festetics de Tolna de 1893 à 1896.
Au Musée du Quai Branly du 23 octobre 2007 au 13 janvier 2008.
L'exposition est fascinante à l'image de la personnalité de Rodolphe Festetics. L'histoire commence peut-être à Paris, à l'Exposition universelle de 1889 qui alimente la curiosité du jeune comte hongrois, puis se poursuit par le mariage avec une jeune milliardaire américaine, Eila, avec laquelle il sillonnera les mers de sud jusqu'en 1899.
Octobre 1893, la goélette le Tolna lève l'ancre de San Francisco pour Hawaï.
Rodolphe Festetics de Tolna « est venu pour voir »; il n'aura de cesse de photographier, d'essayer de comprendre les peuples qu'il rencontre et de collecter des objets.
L'exposition au Musée du Quai Branly, quant à elle, se déroule comme un jeu de pistes. Du reste un petit livret « Ton carnet de voyage » a été réalisé à l'attention des enfants.
Cela n'en rend pas moins l'exposition « sérieuse » pour les grandes personnes qui n'auront pas de mal à imaginer cet immense périple et au-delà des anecdotes plus ou moins graves qui ponctuent le voyage, des bribes de ce que pouvaient être ces îles du Pacifique à la fin du XIXème siècle.
Passé les îles de la Société, les Festetics rencontrent Stevenson à Samoa, puis abordent les Fidji. Après une escale à Sydney, la goélette remonte l'arc mélanésien : le Vanuatu, les îles Salomon où Rodolphe Festetics prendra part à une chasse aux têtes, toujours «pour voir». Des journaux de l'époque relatent les exploits de Festetics de Tolna et iront jusqu'à le surnommer «le comte cannibale»... voilà de quoi faire les gros titres !
L'archipel Bismarck sera le lieu de collecte de nombreux objets. Le Tolna arrive à Singapour au printemps 1899 mais Eila décide de rentrer en France et demande aussitôt le divorce. Rodolphe, quant à lui, poursuit sa route pour Aden afin de regagner l'Europe, mais le bateau s'échoue sur un récif de corail au nord des Maldives. Après bien des mésaventures, Festetics de Tolna rejoint Budapest, ses 56 caisses d'objets sauvées du naufrage l'attendent. Il fait don de plus d'un millier d'objets et de centaines de photos au Musée de Budapest.
Qu'advient-il alors du reste de sa collection ?
Sur fond de première guerre mondiale, les biens du comte sont saisis, le docteur Chauvet rachète la collection sous «caisses fermées» semble-t-il, sans inventaire ; Festetics vit alors à Antibes.
Les objets seront dispersés, vendus, échangés. Festetics, lui, est expulsé vers les Etats-Unis dès 1914.
C'est donc dans ce contexte tumultueux qu'on portera peut-être plus d'attention encore aux objets exposés parmi les photographies, les livres et les coupures de presse.
Photos 1, 2 et 5 : Tirées du catalogue de l'exposition : Antoni J. & Boulay R., 2007, L'Aristocrate et ses Cannibales - Paris, Ed. Actes Sud. Photographies de Festetics de Tolna © Musée d'ethnographie de Budapest
Photo 1 : Rodolphe Festetics de Tolna.
Photo 2 : Tambour de guerre et de rassemblement, île d'Ambrym, Vanuatu.
Photo 3 : Guerriers de Rubiana (îles Salomon) © Musée du Quai Branly.
Photo 4 : Homme des îles de l'Amirauté © Musée du Quai Branly.
Photo 5 : Objets des îles de l'Amirauté.
Curieux voyage mais à la fin du XIXe siècle le monde avait déjà considérablement "rétréci" et laissait moins de place aux aventuriers.
Rédigé par : Louvre-passion | 27 octobre 2007 à 17:04
Voilà un des modèles de l'aventurier des temps modernes, l'artiste Jan van Naeltwijck. Comme quoi c'est toujours possible de créer des expéditions, même dans ce monde moderne. A voir sur You Tube: http://fr.youtube.com/watch?v=C27j5M_p_iw ( à regarder en HD ), ou sur son site: www.naeltwijck.com
Jonathan Aremberg
Rédigé par : Jonathan Aremberg | 27 janvier 2009 à 11:18
j'ai bien connu une Princesse Hongroise du nom de Festetic de Tolna. Sa mère s'appelait VERA. Merci pour cet article.
Rédigé par : Mélusine | 22 février 2024 à 01:04