« C'est en 1904, chez une blanchisseuse de Montmartre, que le hasard m'a conduit pour la première fois devant une idole noire. Comment expliquer la présence en un tel endroit d'une chose aussi singulière ? .... Quoi qu'il en soit, mon goût était décidé.
À cette époque, je commençais à fréquenter les milieux littéraires et les peintres.
Je connaissais Guillaume Apollinaire et c'est à lui d'abord que je montrai ma trouvaille. Je ne rencontrerai sans doute plus de ma vie un esprit aussi enthousiaste, aussi clairvoyant que l'était Guillaume Apollinaire devant l'oeuvre d'art qui révèle quelque chose de rare et d'étrange...» in Une esthéthique nouvelle - L'art nègre (Ecrits de Paul Guillaume, 1993, Idées et Calendes, Neuchâtel).
Au-delà de cette anecdote peu crédible quant à la date (Paul Guillaume est né en 1891 !); ce dernier fut l'un des premiers marchands d'art à se spécialiser vers 1911 dans la vente d'objets africains. Plus qu'un simple marchand, ami de Guillaume Apollinaire, on sait qu'il fut l'une des figures de l'avant-garde artistique du début du siècle. S'intéressant à l'Art Nègre, il fut particulièrement passionné par les figures de reliquaire de style Mvaï. Ainsi en est-il de la sculpture de la photo 1, caractérisée par une coiffure en 3 coques se terminant en catogan dans la nuque, un ventre proéminent, des cuisses et mollets puissants...
Les Mvaï et Okak, voisins des Ntumu, occupent respectivement la vallée du Ntem au Nord Gabon-Sud Cameroun et la partie Nord de la Guinée équatoriale.
On retrouve de nombreuses figures de ce style dans les collections françaises, telle la célèbre sculpture du byeri, noire, suintante.(photo 2 du billet).
La deuxième photo, ici, reproduit une sculpture Betsi qui a appartenu également à Paul Guillaume, un autre style...
Photo 1 : Musée du Quai Branly, anc. collection P. Guillaume © Patrick Gries, Bruno Descoings.
Photo 2 : Galerie Louise Leiris, anc. collection P. Guillaume © Galerie Louise Leiris SAS.
Hello Lyliana,
J'avais découvert au Musée Dapper ces statuettes Fang.
Le jeu autour de l'huile de palme comme onguent donne une incroyable vie à la sculpture, tel la peau vibrante d'un corps sous la chaleur de la savane africaine.
L'oeuvre dépasse ainsi les frontières de la matière. Invente un univers tout autour. Un avant, un après. Un dynamique qui prolonge le temps de la rencontre avec l'objet.
Bien amicalement,
Bertrand
Rédigé par : Bertrand | 19 novembre 2007 à 20:15
Paul Guillaume était vraiment en avance sur son temps puisque jusqu'à l'ouverture du quai Branly, les "arts premiers" restaient encore plutôt confidentiels.
Rédigé par : Louvre-passion | 20 novembre 2007 à 21:17