Déjà évoqué à plusieurs reprises, le début du XXème siècle vit la découverte puis l'étude de l'«art nègre». Sous ce terme, il faut entendre art africain mais aussi océanien voire malgache... Cette dénomination s'inscrit d'une part dans un contexte colonial, d'autre part, on peut y voir, comme Benoît de l'Estoile, le reflet d’une lecture associant « race nègre » et origine de l’art.
Dans un contexte du début de siècle où les théories évolutionistes ne sont guère remises en cause (y compris parmi les artistes d'avant-garde et écrivains), cette association remonterait aux affirmations racistes de Gobineau : ...« la source d’où les arts ont jailli est étrangère aux instincts civilisateurs. Elle est cachée dans le sang des noirs ».
De là, serait née cette croyance selon laquelle l’art nègre conserve des formes artistiques originelles et précède de cette façon tous les arts.
Au début du XXème siècle, on peut considérer que le sens de «art primitif» correspondait à qualifier des objets tribaux : À Paris, « art nègre » et « art primitif » devinrent des termes interchangeables.
L'année 1906 semble être une année importante pour la découverte de l'« art nègre » chez les artistes d'avant-garde.
Quoi qu'il en soit, en novembre 1906, Matisse se rend chez Emile Heymann au 87 rue de Rennes et y achète une statuette Kongo-Vili. Il peint en 1907, La Nature morte à la statuette Nègre...
(De nombreux ouvrages ont paru sur le sujet, tout et son contraire ont été dits sur la paternité de la découverte de l'«art nègre», la paternité du cubisme...).
Références citées : de Gobineau, A. 1853-1855. Essai sur l’inégalité des races humaines, livre 2, chp. VII cité De L’Estoile, B. 2007. p. 236.
De l’Estoile, Benoît 2007. Le goût des Autres. De l’Exposition coloniale aux arts premiers. Paris : Ed. Flammarion.
Photo 1 : Masque Shira-Punu, collection Ernst Winizki, Zurich Succession H. Matisse, in Le Primitivisme dans l'art du 20e siècle.
Photo 2 : Portrait de Madame Matisse (détail), 1913, Henri Matisse, Musée de l'Ermitage.
Photo 3 : Collection particulière, ancienne collection Henri Matisse.
Photo 4 : Nature morte à la statue nègre, 1907, Henri Matisse.
Il est intéressant de mentionner dans ce contexte l'apport des artistes allemands (les expressionnistes allemands) qui dès 1905 sont engagés dans des pratiques artistiques qui valorisent les arts non-occidentaux, impressionnés par ce qu'ils voient (pour un certain nombre d'entre eux) au musée ethnographique de Dresde qui était paraît-il un des plus beaux et des plus importants. Les avant-gardes allemandes (expressionnistes, à l'époque) ont des liens forts avec les artistes européens dont Matisse qui expose à Berlin en compagnie d'autres peintres et sculpteurs (Picasso, Kandinsky, etc.) D'où de nombreux échanges et de nombreuses influences.
Amicalement
Rédigé par : espace-holbein | 16 décembre 2007 à 14:32
Il aurait été sympa de noter le nom des oeuvres utilisées en illustration notamment le tableau de matisse d'où est extrait le portrait de l'article.
Rédigé par : sophie | 10 mai 2013 à 10:57
Bonjour Sophie,
Je ne comprends pas votre question puisque tout est noté en fin du billet !
Martine
Rédigé par : Détours des Mondes | 10 mai 2013 à 12:10