À la frontière du Gabon et la République du Congo, vit le peuple Mbete (ou Ambete).
Celui-ci serait d’origine Kota.
Des enquêtes ethnographiques menées par André Even dans les années 20 chez les Mbete ont montré que le culte des reliques était un culte important au même titre que le Byeri chez les Fang, le Mbulu-ngulu chez les Kota du Sud et le Bwete chez les Kota-Mahongwe.
Contrairement à ces peuples, le reliquaire n’était pas constitué d’un panier surmonté d’une figure de reliquaire, mais était la statue elle-même.
C'est le cas de cette statue présentée au Pavillon des Sessions du Louvre.
La statue rendue blanche par l’application de kaolin, se présente frontalement, bien campée sur ses deux pieds dont l’une des chevilles est entourée d’un anneau de laiton.
Ses deux jambes sont massives, pliées au niveau des genoux.
Ces derniers sont bien marqués par un travail de polissage et dessinent des surfaces elliptiques planes.
Le buste est presque cylindrique avec cependant une partie ventrale enflée présentant une hernie ombilicale saillante et un petit orifice à la base du cou, communicant ainsi avec la partie creuse de ce torse. Les bras sont détachés du torse, les mains son posées sur le ventre.
Le cou est surmonté d’une tête de forme arrondie au front important qui surplombe la face plate profondément creusée. Au-dessus des deux yeux ronds recouverts d’un clou de laiton, des arcades sourcilières rectilignes confèrent au bas du visage une forme pentagonale (menton, côtés des joues, arcades).
La bouche est entrouverte avec une taille originale du bois en biseaux sur la partie supérieure de la cavité afin de donner l’illusion de dentition. Le nez ressort, droit et petit; les oreilles sont également petites mais bien saillantes. La coiffure présente trois crêtes, la crête centrale étant la plus importante. De part et d’autre, une coiffure dissymétrique a été réalisée.
La statue du Louvre présente de grandes similitudes avec celle de l’ancienne collection de Joseph Mueller, cette dernière étant un peu plus trapue au niveau du corps et le bas du visage (oreilles et bouche) et diffère notamment par la présence d’un prognathisme.
Celle-ci proviendrait de la région de la rivière Louessé en République du Congo et il se pourrait que celle du Pavillon des Sessions provienne de la même région; ayant été déposée en 1938 au Musée de la France d’Outre-Mer par le pavillon de l’Afrique Equatoriale française de l’exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne, avec semble-t-il une erreur d'étiquette !
Photo 1 : Musée du Quai Branly.
Photos 2, 3 et 4 : Photos de l'auteur.
Photo 5 : in African art from the late Josef Mueller of Solothurn : auction June 13, 1978 p.140