Pour faire suite aux interrogations du précédent billet sur les to'o à Tahiti.
L’analyse radiographique qu’ A. L. Kaeppler a réalisée récemment sur cinq to’o qu’elle découvre vides d’âme en bois, voire même de quelconque ossement, la conduit à conclure quant à l’importance du sennit. Elle va plus loin en affirmant que ce qui rend sacré le to’o, ce sont, non pas les matières que le sennit contiendrait mais des prières devenues « objectifiées ».
Cela se réalisait à l'occasion de la cérémonie appelée Pa’iatua au cours de laquelle l’armature de bois était nettoyée, enduite d’huile, exposée au soleil (si cette armature était présente). Dans tous les cas, de nouvelles plumes rouges remplaçaient les anciennes, puis une nouvelle enveloppe était appliquée; le tout était accompagné de chants.
Les anciennes plumes rouges imprégnées de mana (de pouvoir sacré) étaient redistribuées aux to’o «mineurs» c'est-à-dire aux «divinités» mineures qui correspondaient à une hiérarchie des chefs, propre à la société de tahitienne.
La présence des plumes rouges, l'action des chants, les changements d'enveloppe; c'est donc cet ensemble qui conférait à l'objet sa dimension divine.
Sources bibliographiques :
Babadzan, Alain. 1993. Les dépouilles des dieux. Essai sur la religion tahitienne à l’époque de la découverte. Paris : Maison des Sciences de l’Homme.
Kaeppler A. L. 2007. « Containers of Divinity ». The Journal of the Polynesian Society, 116 n°2.
Photo 1 : Cambridge University Museum of Archeology & Anthropology, photo de l'auteur.
Photo 2 : Musée du Quai Branly.
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