Ce que j'annonçais en parlant de «
peinture pédagogique » chez Irvala, se retrouve sur cette écorce.
Irvala peint un motif avec des rarrk, de fines lignes multicolores, hachées; des croisillons.
Les rarrk sont propres à chaque groupe.
Irvala,lui, appartient au groupe Gunwinggu (ou Kunwinjku) et à la moitié Dua (ou Dhuwa).
Au centre et à l'est de la Terre d'Arnhem, dans chaque groupe, les individus appartiennent à l'une des deux catégories sociales et religieuses que constituent la moitié Dua et la moitié Yirritja.
L'appartenance à un groupe de filiation et à une moitié (transmise par héritage patrilinéaire) détermine la conduite de l'individu.
Dans le domaine artistique, cette structure détermine également le choix des thèmes auxquels il a accès, les droits sur une cérémonie ou sur un un rêve dont il hérite.
On peut ainsi percevoir combien art et autorité vont pouvoir être liés.
Grâce au rarrk, on exprime la force du personnage, on rend les figures ancestrales djang, c'est-à-dire, semble-t-il, on leur confère la force propre au Dreaming.
Les motifs Mardayin (ou Marayen ou Marrayin, éponyme de la cérémonie) qu'on voit sur le corps de l'initié est la résultante de motifs qui servent à transcrire les forces ancestrales et de motifs abstraits.
La première peinture représente ainsi, à gauche, le motif le plus important pour la moitié dua de la région (l'igname ou l'outarde ?) et à droite, l'initié portant cette peinture corporelle.
(Irvala se retrouve sous le nom Yirawala)
Photos : Musée du Quai Branly.
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