L’on me faisait remarquer à propos de Chefs-d’œuvre de la Collection Barbier-Mueller que j’avais écrit un peu vite «pas de surprises» au sujet de cette exposition, bien que mon propos était évidemment loin d'être blasé... Cette remarque était pertinente. Elle m’a forcé à regarder de nouveau ce personnage, plus lentement, relisant le mythe attaché à sa réalisation.
Regarder les formes données par les coups d'herminette particulièrement visibles dans le dos, remarquer les matériaux, les coquillages, les plumes de casoar... Etre sensible à cette figure accroupie, en équilibre, que l'on devait apercevoir, haut perchée, au sommet de la maison cérémonielle du village. Remémorer ce mythe qui raconte que Bilishoi, ayant tué des hommes construisant précisément une maison cérémonielle, se réfugia à son faîte et essaya de se protéger des flèches avec ses coudes. Il fut tué et son effigie, ainsi réalisée, évoque cet homme ayant transgressé les règles sociales.
Vous aviez ainsi raison dans votre sensibilité portée sur ce personnage... les choses que l’on croit connaître, on ne les voit plus ou on ne les regarde, hélas, plus vraiment ; alors qu'il y a un monde à contempler.
Photos : Studio Ferrazzini Bouchet.
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