Heureuse initiative de la banque et bonne publicité puisqu'elle associe son nom à une exposition prestigieuse, Signes de rites, symboles d'autorité, à Bruxelles jusqu'au 15 mars 2009.
Sont ainsi réunies près de 200 oeuvres impressionnantes, étonnantes, provenant des différentes régions de Mélanésie, Polynésie et Micronésie.
De nombreuses pièces de collections particulières, rarement exposées, y figurent. Ainsi, par exemple, dans cette vitrine, cohabitent des oeuvres de Nouvelle-Bretagne issues de collections privées. De gauche à droite, un masque Susu des Sulka, composé de rotin, de moelle de roseau, de feuilles, de fibres, de pigments. La couleur verte était obtenue à partir de sève végétale. Près de cette grande structure conique, végétale, on se trouve face à une sculpture lisse, abstraite, des îles Vitu (Coll. J. W. Mestach) dont on ignore la fonction. On semble discerner une sorte de tête au long nez aquilin, surmontée d'une coiffe. Enfin, à droite, on se heurte aux grands yeux toujours étonnés du masque Kavat réalisé par les Baining.
Quelques bribes encore sur cette exposition... mais on ne sait que choisir... ce bouchon de flûte, par exemple, en forme de figure humaine que l'on trouve en Nouvelle-Guinée au niveau du Bas Sepik. Représentant le fils de la mère-crocodile primordiale, ancêtre du village chez les Biwat, ces bouchons étaient placés à l'extrémité des flûtes sacrées. Ces dernières étaient utilisées lors des initiations (le crocodile-mère avalait symboliquement les initiés) et lors des fêtes de l'igname.
Voilà encore un masque de facture étonnante, composé de quatre planches peintes provenant des îles Salomon.
On ne connaît que peu d'exemplaires de ce type. Appartenant à des sociétés masculines, il serait associé à l'esprit Kokorra et aurait eu pour fonction d'intimider les non-initiés.
J'aime beaucoup les objets des Boiken, de la région des Monts du Prince Alexander.
Voici une grande tête, peut-être élément d'une statue d'ancêtre.
Les Boiken réalisaient des oeuvres atypiques composées de vannerie et de pigments aux couleurs souvent vives ; des masques tel celui-ci aux yeux exorbités mais aussi des monnaies en vannerie et coquillages.
Je m'aperçois que je n'ai pas évoqué la Polynésie, ni la Micronésie.
Il faut reconnaître que les objets de Mélanésie restent toujours à mes yeux les plus fascinants parce que déroutants dans leur fonction, leurs matériaux, leurs dimensions... Mais les arts de la Polynésie savent décliner toute une palette de matériaux précieux (plumes, coquillages, ivoire...) dans des objets somptueux (cf. dernièrement les expositions 60 objets de l'île de Pâques,
L'art ancestral des Marquises,
Polynésie Arts et divinités 1760-1860).
Alors pour terminer, une très "simple" mais magnifique effigie du Dieu des pêcheurs des îles Cook, de Rarotonga.
On trouvera plusieurs visuels dans l'espace presse.
Le catalogue sous la direction de Frank Herreman, est très intéressant et abordable.
Photos de l'auteur.
Photo 2 : Oeuvres de Nouvelle-Bretagne, © Collections privées.
Photo 3 : © Collection privée.
Photo 4 : © Universiteit Gent.
Photo 5 : © Etnografisch Museum Anvers.
Photo 6 : © Collection privée.
Pour ma part c'est la grande (statue ?) de la première photo que je préfère. Peux tu m'éclairer sur sa nature ?
Rédigé par : Louvre-passion | 09 novembre 2008 à 17:57
Il s'agit d'un grand poteau Bisj (environ 5m) réalisé par les Asmat (Nouvelle-Guinée). Ce type de poteau était érigé en mémoire des ancêtres. Le personnage inférieur tient un crâne entre ses mains. Il s'agit d'une allusion aux rites d'initiation propres aux Asmat. La partie supérieure et l'ensemble tout entier se référent à une symbolique phallique.
Rédigé par : Lyliana | 11 novembre 2008 à 16:02
Oui a bien regarder on voit le symbole phallique, mais au premier abord je ne l'avais pas remarqué.
Merci.
Rédigé par : Louvre-passion | 12 novembre 2008 à 20:52