Dans un précédent billet, j'évoquais les ntshak Kuba, ce sont des pagnes féminins, tels que les portent les princesses Kuba ci-dessus.
Mais ce sont les costumes masculins qui sont les plus somptueux.
Lorsque l’anthropologue hongrois, Emil Torday, mandaté par une mission scientifique du British Museum, arriva au début du XXème siècle dans une région fertile du centre de la République Démocratique du Congo, délimitée à l’ouest par le Kasaï et au nord et à l’est par la rivière Sankuru et au nord par la rivière Kasaï, il se rendait auprès des Kuba.
Il y découvrit un royaume établi depuis 3 siècles avec une administration complexe, une société très hiérarchisée et un roi (nyim) choisi parmi la tribu des Bushoong, fondateurs de la première dynastie (1625, Shyaam a-Mbul a-Ngung).
Les costumes constituaient alors des signes de prestige et étaient le reflet de cette hiérarchie complexe.
Une première distinction s’impose, c’est celle de costume blanc (labot lanshesh, qui n'est d'ailleurs pas si simple à reconnaître) et de costume rouge (labot latwool) ; ce dernier est obligatoire lors de période de deuil. Dans les autres occasions, les notables pouvaient porter l’un ou l’autre.
Si le pagne demeure l’élément le plus important, il y a toute une série d’accessoires, d’ornements appelés sous le nom générique byoongl d’une variété extraordinaire. Le pagne masculin est le mapel ; les composantes de la partie centrale (mbom) et des bordures sont très codifiées. Ainsi retrouverons-nous des carrés avec 2 ou 3 divisions dans les bordures pour les notables les plus importants.
Sur le nkol, la bande terminale principale, l’ornement habituel est constitué de broderies ou velours.
Mais le pagne de luxe comprend perlages, bandes de peaux de genette ou de léopard auxquels s’ajoutent éventuellement des perles.
On dénombre maintes ceintures; entre autres la ceinture yet, est réservée aux membres de la famille royale, composée de 4 rangs de perles et d'un nombre important de pendants (20 à 30 de natures différentes, coquillages, objets décorés de perles et cauris).
Ou encore la ceinture nduun Bushoong, réservé au roi, qui est réalisée sur un fond de raphia bordé d’un rang de perles orné de cauris. Elle mesure 20 cm de large sur 4m de long, le roi a besoin d'un aide pour la porter :
Pour être complet, il faudrait encore détailler les ornements de hanche (aumônière, cache séant, grands volants supplémentaires...), les ornements de cou, d'épaule... et sans compter les coiffures.
Sur le costume bwaantshy qui est le plus prestigieux des costumes royaux ; l'on compte plus d'une cinquantaine d'éléments :
Photos tirées de l'ouvrage de Joseph Cornet : Art royal Kuba, Ed. Sipiel, Milan, 1982. © Angelo Turconi.
Photo 1 : Costumes de princesses p.241
Photo 2 : Costume royal labot latlwool p.240
Photo 3 : Costume de Nyimbatudy p.235
Photo 4 : Costume royal labot lanshesh p.239
Photo 5 : Ceinture yet p.205
Photo 6 : Roi portant une ceinture nduun Bushoong p.211
Photo 7 : Costume royal bwaantshy p.247
Grand merci pour ce bel article, Lyliana.
Je voudrais tout simplement préciser que la graphie exacte du nom du roi de la première dynastie est Shamba Bolongongo, arrivé au pouvoir après avoir assassiné son frère.
Amateur d'art, il convoqua les meilleurs artisans de son royaume et leur demanda de fabriquer les plus beaux tissus, les plus beaux objets que le royaume ait jamais vus. Le velours du Kasaï vit le jour à cette occasion.
Merci encore et bon dimanche!
Rédigé par : Bona | 11 janvier 2009 à 14:24
Merci pour ces précisions Bona et pour le beau billet que tu as écrit sur les velours du Kasaï.
A bientôt.
Rédigé par : Lyliana | 11 janvier 2009 à 17:03