Les tableaux de Jean-Michel Basquiat ne laissent jamais indifférent.
Parmi toutes les approches possibles et sa propre sensibilité, l'amateur d'art « premier » peut être attentif aux visages que Basquiat a peints, trouvant en eux des ressemblances avec des masques. Au-delà de ce simple formalisme, l'on ne peut qu'être frappé par l'intérêt du peintre pour l'identité noire qui parcourt toute son oeuvre, ses « coups de gueule » contre l'esclavage, le colonialisme.
Dans ses « portraits » de crânes humains, à la frontière des vivants et des morts, Jean Dubuffet l'avait précédé, à sa manière. Quels regards !
La redécouverte de ces oeuvres picturales me suggérait ce que je venais de voir il y a peu de temps : La collection Gastaut au MAAOA de Marseille.
Henri Gastaut était un spécialiste du cerveau et il avait collecté toute une série de crânes sculptés, surmodelés, momifiés, réduits.
Sujet, bien sensible s'il en est, pour les musées où l'on ne devrait plus présenter, de nos jours, les restes humains, excepté si les peuples concernés ont donné leur accord.
À Marseille, « seuls sont exposés au MAAOA ceux dont les utilisateurs coutumiers n'ont pas interdit officiellement, via l'ONU, l'exposition au public » (A. Nicolas, conservateur en chef du Patrimoine). Ainsi en est-il de cette tête Mundurucu ou parinaa.
La notice de salle précise que « les Mundurucu pratiquaient la chasse aux têtes et donnaient lieu à des rituels s'étendant sur 3 saisons des pluies.Les têtes recevaient un traitement complexe : elles étaient bouillies, séchées, enduites d'huile, décorées de plumes, de cire et de dents de pécari. L'aspect sous lequel nous voyons cette tête trophée est celui qu'elle revêtait au cours des rituels pratiqués lors de la première saison des pluies. Pendant cette période, le vainqueur la portait toujours avec lui.»
Photo 1 : Jean-Michel Basquiat, Untitled (Head), 1981, Los Angeles, © The Eli and Edythe L. Broad Collection.
Photo 2 : Jean Dubuffet, Dhôtel nuancé d’abricot, 1947, © MNAM.
Photo 3 : MAAOA, © Hugo Maertens,Bruges.
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