Jean-Didier NZEWE ANGOUE, Assistant de recherche au CICIBA à Libreville, mène un travail de recherche sur la spiritualité Kota, et m'a fait part de son souhait de décrire ici, brièvement, le sujet de son étude, les contextes et objectifs.
Voilà ce qu'il écrit :
« En 2005, j’avais pris part, à Kinshasa, République Démocratique du Congo, à un séminaire sur la guérison spirituelle en lien avec la notion l’identité culturelle.
Ce séminaire organisé par M. Kiatézua L.Luyaluka (1) dans le cadre d’un cours d’instruction primaire sur la guérison spirituelle selon les enseignements du Metaphysical College of Mary Baker Eddy, s’articulait autour d’un point focal : montrer que les difficultés rencontrées par les praticiens de la guérison spirituelle en Afrique sont dues au fait qu’ils travaillent dans un environnement socioculturel avec un modèle théorique exogène, le modèle occidental.
Pour résoudre ce problème, l’instructeur avait développé une approche novatrice.
Selon le Dr Kiatézua, bien que la pratique de la guérison spirituelle repose sur des lois universelles, il n’en demeure pas moins qu’il existe des particularismes propres à chaque environnement culturel qu’il faut absolument prendre en considération pour rendre le traitement efficient.
La formation reçue pendant ce cours d’instruction donnait aux récipiendaires, la capacité de s’installer comme praticien de la guérison spirituelle afin de répondre aux attentes du public en la matière.
En effet, pendant mes années de pratiques (2005-2007), j’ai eu l’occasion d’expérimenter l’approche du Dr Kiatezua bâtie sur sa connaissance du patrimoine immatériel Bakongo et de la méthodologie du Metaphysical College of Mary Baker Eddy, et de venir à bout de certains maux dont souffraient nos patients.
Or, si je voulais être plus efficace dans ma pratique, il me fallait élaborer un discours scientifique de la thérapeutique des peuples de mon environnement socioculturel : les Saké dont on maîtrise bien les us et coutumes.
Population d’étude :
Les peuples Kota se seraient installés vers la fin du 14ème et au début du 16ème siècles, dans la région nord du Gabon actuel. Ils sont arrivés dans cette région suite à un grand mouvement migratoire. Au 19ème siècle, les Kota constituent un vaste ensemble qui s’étend du bassin de l’Ivindo (au nord du Gabon) jusque dans la région de la Zanaga (au sud) qui est un village de l’actuel République du Congo.
Lorsque l’on parle de Kota, on fait allusion à deux groupes ethnolinguistiques appelés selon la terminologie de E. Anderson, les Kota du Sud et les Kota du Nord.
Problème soulevé :
Selon une approche philologique, l’esprit de l’Evangile converge fortement avec les racines profondes de la pensée des peuples Kota anciens.
Le principal obstacle à tout projet de développement durable en Afrique, en général, et chez les Kota, en particulier, est un problème culturel. Ce problème porte sur la difficulté à faire le lien entre le modèle occidental de développement introduit en Afrique par le colonisateur et les missions religieuses, et la vision et sagesse (ce que les anciens Kota connaissaient déjà du Divin grâce à leurs enseignements) qui est déjà répandue sur ce continent.
Je souhaite, par la présente étude, proposer un modèle de cette connexion, préalable au développement durable.
Ainsi, la connexion entre les intuitions spirituelles des Kota et l’esprit de Evangile pose le problème de l’existence de Trois sortes de mystères (divins, humains, et mystères démoniaque) dans la spiritualité Kota et de la sorcellerie.
La notion de mystère :
Le mot mystère vient du grec « mustes » qui veut dire initié. Webster donne la racine «myein» qui veut dire être fermé, en parlant des yeux ou des lèvres. Strong, donne deux autres racines: « muo » et « mueo » qui veulent respectivement dire: fermer la bouche et initier.
De ces différentes racines, se dégage l’idée que le mot initiation renvoie à un secret ; bien mieux, la notion de mystère, à travers l’idée du silence imposé lors de l’initiation aux rites religieux secrets, désigne un ensemble de doctrines secrètes et de rites initiatiques dont la révélation devrait apporter le bien-être.
Nous pouvons alors désigner les enseignements dispensés dans les académies traditionnelles Kota par le mot grec « musterion » (ou mystère en français).
Ainsi un adepte d’une de ces écoles est « un être de lumière, celui qui connaît des secrets du ciel et de la terre et qui les utilise dans les voies du progrès de l'espèce humaine et son salut ». Les trois mystères étaient enseignés dans les académies religieuses et traditionnelles. Il s’agissait d’enseignements légaux, autorisés par la société. Par contre, la sorcellerie n’a jamais eu de cadre légal d’enseignement.
La problématique de mon étude sur la spiritualité Kota dans son rapport au développement durable, est sanctionnée par la question suivante :
Comment un peuple qui a connu un apogée culturel et technologique (2) dans le passé, par la diversité et la stylisation très avancée de ses masques, des faces de ses reliquaires, puisse se retrouver dans un état de sous intégration socioculturelle, dans le contexte de mondialisation ?
Hypothèses :
Avant la pénétration coloniale en pays Kota, les peuples Kota possédaient une technologie très avancée. Cette technologie se transmettait d’une génération à une autre au sein d’une même tribu, à travers les écoles initiatiques dont les deux principales sont : Mougala (pour les hommes), Isembwè (pour les femmes), et Bwété. La plus grande manifestation publique de ces académies traditionnelles est la fête de la circoncision (Satshi).
La vaste campagne de diabolisation dont a été l’objet les écoles mystères Kota, a conduit progressivement vers une crise profonde de l’identité culturelle des Kota qui a entraîné la déperdition des savoirs et des savoirs faire ancestraux qui faisaient autrefois la fierté et la richesse de ces peuples.
Les premières victimes de cette sape furent le corps des initiés, véritables artisans du développement durable.
De manière erronée, l’étiquette de sorciers leur a été attribuée car ils possèdent des facultés spirituelles accrues qu’on a abusivement identifiées à la sorcellerie. Ces facultés posaient problèmes, elles permettaient aux initiés de réaliser des œuvres extraordinaires aux yeux du commun des mortels: l’audition intérieure (intuition), la claire audience, le pouvoir de lire dans la pensée, le pouvoir d’être à deux endroits la fois (bilocation), le pouvoir de se dédoubler (agir « en dehors de son corps physique »), la voyance, la capacité de guérir les maladies par des méthodes ancestrales, le rêve lucide (3). L’illumination et le pouvoir étaient le résultat d’une pratique assidue d’une mise en pratique des enseignements reçus après l’initiation.
La mise à l’écart des initiés explique le retard accusé par les Kota actuels dans le processus d’intégration socioculturelle.
Intérêts :
Je veux faire une analyse du patrimoine culturel immatériel Kota dans le but de montrer comment, à partir de l’exemplarité de ce peuple, les Bantu peuvent s’appuyer sur leur culture pour une meilleure intégration socioculturelle; et répondre efficacement aux défis que leur lance le contexte de mondialisation dans lequel ils se trouvent.
Objectifs :
Je mène des recherches au Centre International des Civilisations Bantu (CICIBA) à Libreville au Gabon en qualité d’assistant de recherches.
Le CICIBA a pour objectifs : la conservation, la promotion, la préservation des vraies valeurs de la civilisation Bantu, le patrimoine immatériel commun (langages et culture) des peuples Bantu au Nord et au Sud de l'équateur, ainsi que le développement de ces cultures par la recherche, des activités culturelles et le soutien de la créativité dans le monde contemporain.
Mon étude, à travers son objectif qui est de permettre la découverte de la culture des Kota du Gabon, fait sienne la mission du CICIBA : promouvoir le dialogue interculturel.
La tradition d’un peuple est dite riche dans la mesure où elle garantit la continuité de l’identité de ce peuple, et permet à ce peuple de respecter la dignité de l’autre différent par sa vision du monde. »
Jean Didier NZEWE ANGOUE,
Assistant de recherche au CICIBA.
(1) Dr Kiatézua Lubanzadio Luyaluka, Ph.D Hon en Théologie .
(2) L’usage que nous faisons du concept de technologie ici, se rapporte au sens que lui donne LEMA GWETE : ensemble des moyens de production (l’agriculture, la chasse, la cueillette, la pêche, etc.) mis en œuvre par un peuple pour résoudre les problèmes de son adaptation à l’environnement physique qui se traduit par un certain système de technologie (LEMA GWETE, «Maîtrise des milieux, technologie», in RACINES BANTU Bantu roots, CICIBA, -1991- Libreville, p.p.67-97). Dans ce système de technologie, nous incluons également les aspects immatériels de ces moyens de production.
(3) Par rêve lucide, il s’agit d’être capable de programmer son rêve nocturne. Ainsi lorsque l’initié dort, il accomplit dans ce rêve ce qu’il a décidé de faire quand il était éveillé.
Photo 1 : Céramique de Grégoire A. Teri, 2006.
Photo 2 : Peinture de Trigo Piula, 1987.
d'ou vous vint l'envie de developper votre spiritualite au bien de l'humanite et pourq1uoi avoir choisit le peuple Kota quand nous savons bien qu'il existe d'autre peuples au Gabon.
kossi depuis Accra
Rédigé par : kossi bruce | 20 janvier 2010 à 16:39
Je me permets de transmettre votre mail à la personne qui a écrit l'article, puisque celle-ci est d'origine Kota.
Bien cordialement.
Rédigé par : Lyliana | 20 janvier 2010 à 16:47
En toile de fond, le cadre général de ma réflexion est le développement (durable) des peuples bantu. Bantu, car je mène mes recherches au CICIBA. or il me semble qu'un développement durable a, entre autre facteur, la prise en compte du facteur culturel. Les bantu ont toujours eu, à cause de leur rapport spirituel à la nature, une attitude écologique vis à vis de celle-ci. D'où il me semble qu'une vraie réflexion sur le développement durable est celle qui saura intégrer l'écologie primitive que ces peuples ont toujours eu avec la nature. Les Bantu sont un ensemble très vaste d'environ 150 millions de personnes, et qu'en une étude il me serait impossible d'épuiser le sujet. Voilà pourquoi il me faut partir d'un exemple, et là encore, faut-il maîtriser le système de valeurs de cet exemple. Comme je suis moi-même Kota,j'ai opté pour ce groupe. J'espère avoir répondu à votre question, cher Monsieur!
Rédigé par : Jean didier | 21 janvier 2010 à 12:25
Bonjour Mr. NZEWE! Jesuis Karim, je vous écris depuis Libreville! C’est un ami qui m’a informé que vous avez publié un article sur le net et m’en a remis le lien, car il sait que je m’intéresse à ce genre de sujet puisque j’anime une émission TV sur la médecine traditionnelle. Je viens de lire votre texte. Ce qui m’intéresse là dedans, c'est lorsque vous parler da la relation spirituelle que les Bantu, notamment les Kota ont toujours eu avec la nature. Voulez-vous insinuer que les tradi praticiens Africains qui conservent encore ce type de relation avec la nature sont dans la bonne voie? Et méritent d’y être encourager alors qu'ils sont l'objet de nombreuses critiques?
Rédigé par : Karim | 21 janvier 2010 à 12:47
Bonjour Karim! Du point de vue d’une relation spirituel avec la nature, je pense que nos «nganga» (guérisseurs traditionnels) sont sur la voie écologique. Dans la logique du développement durable, on doit toujours se rassurer qu’en tirant profit de la nature, on pénalise pas les générations les autres. Or un «nganga» quand il fait une entaille sur un arbre pour prendre une écorce, il recouvre toujours de terre la partie taillée en disant des paroles bénéfiques à l’arbre pour qu’il continue de vivre à d’être utile aux autres après lui. Mais quant à savoir s’il faut les encourager dans leurs pratiques, c’est une question qu’il examiner au cas par cas pour savoir de quel type de pratique il s’agit: si ce n’est pas de la sorcellerie. En tout cas, la sorcellerie ne saurait être encouragée puisqu’elle n’est que nuisance pour le genre humain!
Rédigé par : Jean didier | 21 janvier 2010 à 13:32
Bonjour,
j'ai lu avec attention votre article que je trouve très intéressant. en effet, la problématique du développement durable en Afrique rencontre de nombreux obstacles culturels que les administrations se refusent de reconnaitre et d'intégrer dans leurs stratégies pour la planification du développement durable. tel que vous le montrez, certains peuples africains étaient déja fort bien avancé dans le concept de développement durable(qui n'est qu'un mot français) par l'intégration du respect de l'environnement comme entité complete. votre combat est légitime et vous est soutenu
je souhaite que les résultats de vos travaux soient vraiment pris en compte par les administration dans leur planification du développement durable.
la spiritualité africaine est un trésor. je vous encourage.
Rédigé par : Gaston | 21 janvier 2010 à 18:14
Bonjour Baldé!
j'ai viens de tomber sur votre article comme le lever d'un soleil, tellement les problèmes existentiels soulevés à l'interieurs sont d'une portée profonde que même nous les profanes, nous avons du mal à tirer des simples analyses.
J'avoue que cette article viens à point nommé pour ce grand peuple, en pleine perdition et vicitime d'un jugement populaire.Moi je m'attequerais principalement à l'homme panthere "BANGOYI" je crois qu'en est il de cette soit disant metamorphose? je vous encourage dans vos recherches surtout sur la relation environment et tradition.
Rédigé par : baldé | 21 janvier 2010 à 20:06
Cher Monsieur Baldé,
Le Ngoy chez Kota est une dimension importante de la personne. Ngoy n'est autre qu'une technique de projection hors du corps développée par ce peuple. Les Kota, dans le Ngoy ne se contentent pas de se protéger hors de leur corps, mais se rendent également visibles à distance dans la forme d'un félin: la panthère ( le léopard). Ngoy veut dire panthère en langue kota.
Bangoyi (ou Bangoy) est le pluriel de Noy (ou Ngoyi). Il faut comprendre que les langues bantu sont caractérisées par des tons et des préfixes indiquant le singulier et le pluriel.
Rédigé par : Jean didier | 25 janvier 2010 à 12:02
Monsieur Gaston!
En effet, les enjeux des questions soulevées par la problématique du développement durable sont pertinents et méritent d’être pris en compte. Si nous voulons que le développement durable encontre la participation de tous, notamment des Africains – car les Africains sont d’autant plus concernés que la forêt du bassin du Congo représente un des grands poumons écologiques du monde. Il importe donc que cette problématique soit abordée dans une perspective endogène, c'est-à-dire prend en compte la dimension culturelle comme facteur de développement durable. La solution qui s’impose à nous Africain, c’est celle d’adapter la problématique du développement durable à notre système de pensée. D’aucuns penseraient peut-être que adapter développement durable aux cultures africaines signifierait simplement employer le langage des populations des autochtones lors des campagnes de sensibilisations (dans nos villages). En mon entendement, la véritable adaptation n’en demeure pas moins l’adaptation de l’esprit: il faut partir de la vision et sagesse des peuples africains (ex: ceux du bassin du Congo, à l’instar des Kota sur lesquels je travaille). Cette sagesse est jusqu’ici empirique, on doit l’examiner, la critiquer,la peser afin de pouvoir en dégager une pensée systématique qui serait ensuite, notre philosophie de l’environnement. Cette philosophie de l’environnement sera enseignée à nos populations dans nos universités, écoles, séminaires de formations, etc. Lorsque cette philosophie aura atteint un seuil critique, elle se transformera en comportements durables dans la vie quotidienne des Africains.
Si l’on ne parvient pas à ce niveau de réaliser, si nos administrations n’intègrent pas cette exigence culturelle, le développement durable pour lequel la communauté internationale engloutie des milliards de dollars et d’euro, sera un autre éléphant blanc en Afrique et partout ailleurs.
Rédigé par : Jean didier | 25 janvier 2010 à 12:15
GOOD MORNING.
I am doing History and Anthropology in LEGON, Ghana.
Grace a un ami ici au Ghana,j'ai pu aller a travers ce sit dont,j'ignorais l'existance et je
suis tombe sur cette Histoire Bakota d'ou d'apres l'auteur est un peuple Gabonais.
En effet,Je ne connaissais que l'Histoire Fang et
Punu.Pourais-je avoir plus d'information sur la croyance Kota et leur mode ou rudiment utilises dans la pratique de la Guerison?
J'apprecirai si possible en Anglais.
jennifer
Rédigé par : Mrs Jennifer Ampong | 26 janvier 2010 à 10:42
cher Didier, je me permets de saluer ton travail qui est très remarquable.
Cependant la notion de développment durable est à manier avec beaucoup de précaution, elle ne se limite pas à un champs, mais elle est bien globalisante. j'ai parcouru quelques post, et je ne croie pas qu'il soit juste de dire que "le colonisateur, l'occident nous impose..." ce qui nous ait imposé au blancs, noirs, asiatiques etc.. c'est la science et le développement(le progrès). Lorsque j'attends les gens, beaucoup ignorent que l'occident a eu les mêmes croyances que nous africains, mais la Chrétienneté est passée par la, puis le siècle des lumières, la révolution industrielle, le capitalisme etc..
Rédigé par : ange | 15 février 2010 à 16:00
tout comme en afrique, en europe il n'existe pas une culture mais des cultures, bretone, corse, basque, catalane ect.. donc évitons de tomber dans la généralité. La différence entre l'afrique et l'occident, c'est que les occidentaux se sont construit à coups de guerre, et par la création de royaumes puis d'Etats forts. Ce qui est loin d'être le cas pour les pays africains. aujourdh'hui encore on assiste à des guerres tribales, au pouvoir clanique ou ethnique
Rédigé par : ange | 15 février 2010 à 16:08
bonjour mr angoué vous n'imaginez a quel pont vos travaux me font plaisir..en effet je suis gabonais et d'origine myene mais lors de mon initiation a un rite d'origine omyene j'ai fais la rencontre d'entités kotas et principalement du rite bwete et moungala.rencontre qui m'a permis d'etre enseigné par ces derniers et jusqu'aujourd'hui je beneficit de leurs enseignements.vous etes sur la bonne voie dans vos recherches meme si il manque un peu de precision et j'aimerais bien apporter ma modeste contribution dans vos travaux..ce que je peux vous dire c'est les causes du frein de l'expansion de la culture kota et du bwete principalement sont coloniales(jaimerais vous faire partager l'histoire tel kel m'a été relaté par un kombo bwete mais je crains d'etre tenu au secret et au silence car il me disais pour le paraphraser ke "le jour ou on saura ce ke vous savez et ke vous avez on voudra vous exterminer"...
Rédigé par : igor "mwazogho"onanga | 24 février 2010 à 21:44
croyez moi mr angoué ce ke je dis n'a rien de fictionnel...
Rédigé par : igor "mwazogho"onanga | 24 février 2010 à 22:26
Bien cher Monsieur Onanga!
J'ai été très heureux de vous lire. Ce que vous venez d'écrire vient confirmer mes hypothèses.
Je serai très heureux de vous rencontrer si vous êtes résident à Libreville, et si vous n'y trouvez pas d'inconvénient. Et si vous n'êtes pas à Libreville, nous pourrons entretenir des échanges via internet.
Je suis entré en contact avec les initiés Kota, ceux de ma famille, en développant une approche spirituelle qui n'a directement rien à voir avec nos rites initiatiques. Cette pratique m'a permis de développer un sens spirituel qui me permet de vivre des expériences spirituelles extraordinaires, souvent sans le vouloir. J'ai authentiquement rencontré les saints de ma famille qui m'ont instruit et montré le chemin que je cherchais depuis longtemps,et que je poursuis aujourd'hui. Je sais que je suis dans ma voie: mon chemin du retour. Chaque jour qui passe, ils ne cessent de me montrer de nouvelles choses. Mais cela ne me dérange pas d'échanger avec vous - sans vous amener à voiler les interdits de votre vécu initiatique.
Vous avez trouvez les informations contenues dans cet article insuffisantes, peut - être parce que je veux donner une orientation scientifique à mon travail. Et dans le langage scientifique, il faut se garder de dire ce qu'on n'a pas encore prouvé. Mais je pense que dans un cadre extra académique, nous pourrons nous dire plus de choses.
Je vous remercie de m'avoir contacté. Cultivons cette rencontre. Elle ne relève pas du hasard, mais de la volonté des ancêtres Kota. Amitiés initiatiques!
Rédigé par : Jean didier | 25 février 2010 à 13:05
Cher Ange, bonjour!
Merci beaucoup pour ta réaction. Je partage ton avis quand tu dis que la notion de développement durable est multidimensionnelle. Mais quel qu'en soit la dimension mise en cause, le développement durable est une approche du développement qui se veut au service de l'homme. Que veut dire un développement au service de l'homme? C'est un développement qui cherche à offrir à l'homme toutes les conditions possibles pour son accomplissement. Or comment l'homme, en tant qu'être relié au Tout-Autre, peut-il mieux s'accomplir? Cela n'est possible qu'en intégrant cette dimension de lui-même que les différentes hypothèses matérialistes de développement envisagée jusqu'à maintenant ont occulté: sa spiritualité.
Revenir vers cette variable, est le besoin humain de l'heure-en termes de développement.
En réalité, cher Ange, lorsque nous cherchons- à un niveau individuel/collectif, à améliorer notre condition d’existence ... c'est à cet appel intime que nous voulons répondre.
Le besoin matériel n'est que le symbole d'une aspiration plus radicale en l'homme; appelons la comme nous voulons: bonheur, etc. Malheureusement tout ce complique quand l'homme refuse d'aller plus loin que le simple symbole (les biens matériels) afin d'établir la synthèse entre cette aspiration radicale et son avoir pour faire du symbole la fin dernière de sa quête. Hélas l'avoir ne peut en lui-même, rien lui donner. Le symbole n'a de sens que parce qu'il est relié au message dont il est porteur: l'aspiration humaine vers un mieux être.
Conscient du fait que notre accomplissement est lié à notre quête spirituelle, les anciens ont écrit: "la voie de l'accomplissement est celle du retour." Le retour désigne la prise en compte de la spiritualité.
Je comprends bien ce que tu veux dire quand tu écris que l'Occident s'est construit à coup de guerre: c'est l'idée de l'effort,des sacrifice! Mais nous ne sommes pas obligé d'emprunter ce modèle. Cela nous conduirait vers le modèle de développement que l'Occident est entrain de vouloir abandonner. Je suis d'accord dans le fait qu'il n'y a pas de développement sans travail. Mais le travail peut se faire selon un autre rapport au réel, au savoir. L'Occident exotérique sépare nature et culture, mais pour nous, Africains, ces 2 notions désignent deux notions sont sur le même continuum, il en est de même pur les spiritualistes occidentaux (même si on divergent sur d'autres points).
Rédigé par : Jean didier | 25 février 2010 à 13:48
Chère Jennifer, bonjour!
Je suis vraiment désolé pour le retard avec lequel je te réponds.
Dans ma compréhension de la spiritualité kota, et africaine en général, il y a 3 sortes de mystères:
- mystère divin: dans ce mystère, l'initié par la purification (perfectionnement moral et spirituel), développe un sens spirituel qui lui permet d'entrer en contact avec les ancêtres saints qui ont suivi la même tradition que lui et qui s'y sont élevés à des degrés supérieurs, mais qui ne sont plus sur le plan physique.
Dans cette logique, les saints ne sont pas des morts comme on le croirait, ils sont des être ayant accédés à une conscience plus large de la vie.
Pour les non initiés qui sont sur le plan physique , la réalité se limite à ce que nos cinq sens de perception perçoivent, or pour les initiés, qu'ils soient sur la terre ou dans l'au-delà, le concept de réalité a un sens beaucoup plus expansif, infini.
Quand un initié sur la terre parvient à établir le contact avec ses aînés dans les mystères, on assiste à un transfert de compétences,de pouvoirs. Ce transfert rend ce dernier plus performant dans sa pratique, quel qu'en soit le champ d'activité. L'initié qui est parvenu à opérer le transfert des connaissances, des dispose d'une capacité d'opération plus large et plus efficaces, puisque les connaissances ainsi acquises,favorise l'illumination. Et c'est seulement à ce niveau, que je m'intéresse à la spiritualité kota.
-mystère humain. Ce qui différencie le mystère humain du précédent, c'est que le second fait intervenir des supports matériels comme moyen d'expression des forces spirituelles. La présence de l'élément matériel restreint les capacités de l'initié, et partant les possibilités de transfert des pouvoirs des saints vers lui. Le second aspect important ici, c'est que, comme par la présence de la matière, le bien et le mal cohabitent, le mal semble plus manifeste que le bien, d'où les initiés de ce mystère sombrent plus facilement dans la mauvaise pratique mentale: la sorcellerie. Ce mystère se différencie aussi du premier par ses modes d'initiations.
- mystère démoniaque- En fait, le mystère démoniaque n'est pas un mystère à proprement parler, au sens où il y aurait un corpus de connaissances, il s'agit plutôt d'un ensemble de déduction des applications négatives tirées du mystère humain.
Rédigé par : Jean didier | 25 février 2010 à 15:13
bjr cher mr angoué,ça ne me derange nullement k'on se rencontre bien au contraire...effectivement je reside dans libreville et je suis etudiant a l'esam,cité damas,je sais pas si c prudent ke jaffiche mon contact içi mais je vais le faire pour faciliter notre rencontre..07725832 envoyez moi d'abord un texto de confirmation..merçi d'avoir cru en moi parce ke je vous avou ke tellement cela releve preske de l'extraordinaire ke g pas bocou de personne avec ki en parler de peur kon me prenne pour un aliéné...bien des choses a vous
Rédigé par : igor "mwazogho"onanga | 25 février 2010 à 16:41
Ami,
Tu ne peux pas savoir combien mon coeur saigne au sujet de la mémoire de nos grands parents: les Ancêtres Kota pris de leur diversité. Je saigne parce que toute la richesse que nos ancêtres ont laissé, ont été bafouillée, spoliée, bradée avec la collaborations des fils et filles Kota eux-mêmes, et du vivant de nos anciens. Les reliques de nos ancêtres ont été non seulement vendues, mais vendues à des prix dérisoires, presque donnés aux collectionneurs Occidentaux d’œuvres d’art africains. Aujourd’hui, ce patrimoine est vendu aux enchères en Occidents à des millions d’euros. Quel gâchis ! Tant de siècle d’histoire qui vole en éclat!
Les derniers grands initiés, en prévoyance du comportement irresponsable de leurs enfants, et sentant qu’ils ne leur restait plus que peu de jours à passer sur terre, s’étaient réunis et avaient décidé après un rituel spécial, de la mise à l’Ogooué de ce qui leur restait.
Mes recherches m’ont montré que les initiés Kota n’étaient pas n’importe qui. Nous n’étions pas des guerriers, des conquérants des terres des autres, certes, mais les enseignements dispensés dans nos principales écoles de mystères traditionnelles (: Issembwè, Mungala, Bwété) faisaient la force et la fierté de notre peuple. A cause de cela, les autres peuples nous enviaient. Les gens venaient de partout pour s’initier aux savoirs de nos ancêtres.
Malgré tous les dégâts qui ont été causés à la mémoire de nos ancêtres, ne désespérons pas. Car le plus important, c'est qu’une génération se lève un jour pour protester et travailler pour restauration cette mémoire. Avec bien d’autres, c’est l’œuvre missionnaire à laquelle je me suis engagé.
Ami, Aujourd'hui, grâce à mes études sur la spiritualité des peuples Kota, j'ai appris un certains nombre de choses qui fait que je peux parler librement, fièrement, et joyeusement de la culture de nos saints. Et quand je parle de ces choses, je sens quelque chose qui est entrain de se passer en moi: c’est comme si un processus de structuration, de modélisation de mon être est entrain de se mettre en place.
Comme plusieurs gens de ma génération, je n’étais pas en reste du complexe d’infériorité lié à mon appartenance aux ethnies kota. Ce complexe était dû au fait que les Kota, au Gabon, par exemple, étaient des gens méprisés, tous les stéréotypes négatifs leur étaient attribués. C'était vraiment difficile à vivre, surtout pour les tous petits dans les écoles. C’est vrai qu’aujourd’hui les mentalités ont légèrement évolué Une fois, quand j’enseignais dans un lycée à Libreville, j’ai reconnu l’origine kota d’une de mes élèves par son nom; quand je me suis rapprocher d’elle pour lui demander de quelle tribu kota elle était, elle s’est renfermée sur elle-même en me disant : «Monsieur, je ne veux pas en parler, excusez-moi !». Je l’ai compris, et j’ai respecté sa position. Elle ne voulait pas attirer l’hilarité de la classe sur elle.
En tant que membre de la communauté kota, je me suis senti interpellé par cette situation qui avait assez duré. Un choix s’imposait à moi comme il s’est imposé à bien d’autres, c’est soit celui de s’aliéner, c'est-à-dire que lorsqu’on dit n’importe quoi sur les Kota, je me cache, je me tais, et j’accepte; soit celui de l’affirmation de mon identité en tant que Kota, et de la protestation contre cette campagne de diffamation. Depuis 2004, date à laquelle nos ancêtres saints s’étaient révélés à mon, j'ai opté pour la voie de l’apologie kota.
Lorsque je suis appelé à la Radio, à la Télévision en tant que consultant pour parler de ma culture, j’accepte volontiers ces invitations, parce qu’elles représentent, à mes yeux, de précieuses occasions pour apporter un message de guérison de la conscience collective et individuelle des populations kota ; y compris de celle de ceux qui les stigmatisent en répandant des fausses idées sur les peuples Kota. Voilà la raison fondamentale à laquelle je me suis engagé.
Ami, il vous souviendra qu’un individu ou d'un peuple ne peut prendre en main son destin, comme les peuples Kota devraient le faire maintenant, que si chaque membre de la famille des peuples Kota, que nous sommes, peut répondre à ces questions:
- Qui suis-je?
- D’où est-ce que je viens?
Des réponses issues de ces deux premières questions, découleront les réponses à cette deuxième série de questions:
-Quelle est ma mission sur la terre?
-Où est-ce je vais après la mort?
Je me souviendrai toujours des paroles d'une chanson d'Enerico Macias, chanteur Français d'origine juive algérienne, qui disent ceci: "Même si tu deviens, le plus grand des citoyens, n'oublie jamais d'où tu viens... même si l'Amérique a su te faire les yeux doux, deviens demain Américains, vis bien ta vie en Virginie, mais n'oublie jamais le ciel de chez nous". Or les expressions comme "d'où tu viens", "le ciel de chez nous", ne renvoient à rien d'autre qu’à la notion identité culturelle, la vision et la sagesse du monde que les Pères fondateurs de notre culture commune nous ont transmis.
Ami, nos ancêtres nous ont légué ce patrimoine matériel et immatériel non pas pour que nous en fassions un usage négatif et égoïste, mais pour que nous nous en servions pour notre développement personnel, et celui des autres en apportant notre pierre à la construction de l’édifice d’un monde meilleur. Mais pour cela, il faut que les peuples Kota que nous sommes, comprenions que l’individualisme et les actions intéressées, ne nous avantage en rien.
En revanche, le fait d’être unis n’est pas, pour moi synonyme de complaisance, favoritisme, de tribalisme etc, mais plutôt de synergie dans l’effort, de chérissement de notre désir de devenir meilleur, juste et plus bon.
Je suis persuader que si notre effort de cohésion, et de fraternité entre frères et sœurs Kota nous amène à mieux nous aimer les uns les autres, nous pardonner mutuellement, nous respecter, nous soutenir dans les épreuves, notre expérience deviendra un exemple pour les autres, et partant, nous offrirons ainsi aux dirigeants de notre pays, le Gabon, de notre continent : l’Afrique, et pour la grande famille humaine, un modèle d’une vraie unité nationale. Ce modèle sera d’autant plus vrai qu’il sera l’expression de notre volonté endogène d’être unis;. Cette volonté est puissante car elle prend en compte les réalités de notre terroir.
Restons unis dans le Bwété bwa ngoy !
Jean Didier NZEWE ANGOUE
Rédigé par : Jean didier | 11 mars 2010 à 16:03
Bonjour moi je suis un jeune Gabonais d'origine Européenne et BAKOTO par ma mere
Déracine comme la plus grande partie de la jeunesse Gabonaise!
Comme Ekomy Ndong et Maat qui sont des explemces pour moi, j'aimerais savoir comment se passe l'initiation a la religion KOTA qui est le BWETE BWA GOYE?
Rédigé par : Jonel | 11 mars 2014 à 15:26