Détours des Mondes

Sommaire d'Avril 2010

01 Avril : Visite au musée africain de Lyon
04 Avril : L’Inde des Adivasi
06 Avril : Des géants débonnaires en pays Sawos
08 Avril : Geo-Graphics / Arts d'Afrique
12 Avril : Images précolombiennes
16 Avril : Le trésor des Mercédaires
20 Avril : Statuaire Babembé
24 Avril : Fascination et dédoublement
27 Avril : Homme assis
29 Avril : À l'ombre des sorciers

À l'ombre des sorciers

Regardant l'ombre projetée sur le mur, surgissent de la mémoire d'anciennes peurs enfantines lorsqu'on nous racontait alors les vilaineries des sorcières au nez crochu.
N'était-ce pas ce même type de personnage qui voulut empoisonner Blanche-Neige ?

La rencontre, non pas fortuite, de ce masque Wam du Cameroun et du tableau de Picasso où le sculpteur semble contempler son oeuvre et le masque interroger le sculpteur, réveille ainsi, de manière somme toute forcée, notre imaginaire ; s'attachant là encore à mettre en évidence les formes seules de l'art tribal.

Photo de l'auteur : Courtoisy Sotheby's, Paris, avril 2010.

Homme assis

Les statuettes du bas Sepik ont ceci de reconnaissable qu’elles présentent généralement un visage allongé au long nez.
Ici, rien de tel. La sculpture se distingue par sa position, les jambes repliées tenues par de puissantes mains, et les mouvements à la fois doux et abrupts rendus par le sculpteur.
Les pointes agressives des genoux semblent entailler le modelé des épaules ainsi que la forme ovale de la tête directement posée sur celles-ci.
La forme concave de ce visage interrogateur répond à la convexité du torse, travaillé comme un plastron qui s’interromprait brutalement au niveau de l’abdomen, projetant ainsi le bassin vers l’arrière.
L’absence de pieds, parce que brisés, permet d’imaginer la sculpture comme flottante et renforce l’attention portée à ses formes.
Rien d’étonnant à ce que l’ancien propriétaire fût Pablo Picasso !

Photo : Musée du Quai Branly, Pavillon des Sessions

Fascination et dédoublement

Des yeux, un nez, qui sont autant de visages... « un monde enchevêtré » !
Objet fascinant, expressif, iconique.
Il s'agit d'une tête d'une massue marquisienne U'u figurant un tiki : une arme enveloppée d'images, déclinant des petites têtes d'etua aux fonctions probablement apotropaïques.

L'art marquisien a su jouer à l'infini sur les décompositions et transformations de motifs notamment celui d'etua (ou petit dieu) ; donnant ainsi au corpus relevé sur les tatouages, les objets et les sculptures, une cohérence extraordinaire.
L'on doit beaucoup aux études de Karl von den Steinen dès le début du XXème siècle. Reprises par Alfred Gell dans son livre L'art et ses agents (dont on trouvera plusieurs diagrammes sur le corpus marquisien), celles-ci lui servent (avec plus ou moins de bonheur) à tenter de définir le concept de style et à comprendre l'art marquisien comme un « objet disséminé » (voir son précédent chapitre sur la personne disséminée et l'exemple de la représentation de A'a).
On retrouvera cet objet dans le parcours que propose Philippe Descola au musée du Quai Branly.

Photos de l'auteur dans l'exposition La fabrique des images.
Massue appartenant aux collections du musée.

Statuaire Babembé

Un ouvrage de Raoul Lehuard et Alain Lecomte dévolu essentiellement à la statuaire Babembé et à ses proches voisins, Babwendé, Batéké, Badondo-Kamba, Minkengé.

Ces statuettes, le plus souvent, de tailles réduites, allant d’une dizaine à une vingtaine de centimètres, sculptées avec une minutie toute particulière, le visage aux yeux sertis de faïence ou d’ivoire, de scarifications ventrales complexes, les pieds surdimensionné, tout dans cette statuaire est précieux et puissant en même temps.

Support de magie, de médecine, et d’esthétisme, ce livre de 210 pages des éditions 5 Continents, comporte 130 photos d’objets sélectionnées dans les musées et collections privées, un texte en français/anglais au prix de 60 €.

Photos : Courtesy Galerie Alain Lecomte

Le trésor des Mercédaires

La quête des objets de l'île de Pâques à Santiago s'est d'abord révélé être, et ce de nouveau, la recherche d'un improbable lieu.
(Renseignements pris, celle menée à Noël au Muséum d'histoire naturelle, s'avère avoir été précieuse car le bâtiment a été affecté par le tremblement de terre de février dernier et le museum ne réouvrira que dans quelques années).

C'est, en effet, dans un trou de verdure, là où le temps semble s'arrêter, au centre de la capitale, que se nichent encore quelques moai kavakava, une tablette, des pagaies de danse ou encore des tahonga.

Une salle leur est dédiée au Museo la Merced : Los espiritus de Rapa Nui.
Après tout, l'endroit n'était pas si improbable puisqu'il s'agit d'un ancien cloître fondé par des religieux de l'ordre de la Merci... et l'on sait combien les congrégations religieuses comptent au nombre de propriétaires d'objets des terres lointaines.

Photos de l'auteur.

Images précolombiennes

Retour au musée d'Art Précolombien de Santiago après un bref passage à Noël.
Dans la douceur de ce début d'automne chilien, je retrouve cet imposant bâtiment recelant de riches collections. Le musée est peuplé de nombreuses terres cuites parmi lesquelles les figurines anthropomorphes interpellant forcément celui-là même qui méconnait ces arts des cultures des Andes et de la Mésoamérique.

Par leurs formes, leurs expressions, leurs couleurs, les pièces sont toutes uniques et dévoilent autant de savoir-faire que de rites et usages de ces civilisations. Rien de commun entre cet homme de la culture Quimbaya, cette femme souriante de Veracruz (les Sonrientes)

...ou encore les petites figurines que j'affectionne comme les vénus de Valdivia, probables témoins de cultes rendus à des déesses de la fertilité.

Photos : : © Museo Chileno de Arte Precolombino.

Geo-Graphics / Arts d'Afrique

Geo-Graphics est une exposition qui se tiendra aux Bozar de Bruxelles et dont l'ouverture coïncidera avec le vernissage de Bruneaf 2010, le 9 juin.

Le propos de l'exposition reste énigmatique. Celle-ci réunira 200 pièces africaines de collections privées et du MRAC-Tervuren, se mêlant à des oeuvres contemporaines.

Peut-être à l'image de ce visage disloqué, recomposé, multi-facettes, correspondant (dialoguant ?) avec ce masque brut et monoxyle, emblème du plus haut grade de la sagesse Bamana.

Photo 1 : Inconnu ?
Photo 2 : Yoruba, Collection MRAC Tervuren, © MRAC Tervuren.
Photo 3 : © Adjaye Associates
Photo 4 : Masque Bamana, Collection MRAC Tervuren; photo J.-M. Vandyck, © MRAC Tervuren

Des géants débonnaires en pays Sawos

Masque de géant cannibale, gardien de la maison des hommes ?
Pas si terrifiant ce grand masque polychrome, malgré sa langue tirée afin d'effrayer les ennemis, plutôt bienveillant semble-t-il.

Il était placé au centre de la façade ; de part et d'autre, des fentes étaient pratiquées afin d'y placer d'autres masques ou éventuellement des crânes.

Les grands yeux ronds comme écarquillés, les cercles concentriques de couleur, les curieux effets de vannerie ajourée en guise d'oreilles... Tout concourt à rendre l'aspect du masque comme celui d'un être accommodant et aimable.
Cela laisse place à une autre interprétation qui consisterait à y voir l'image d'une figure maternelle primordiale dont le corps serait précisément la maison des hommes.
Métaphore qui n'est pas anodine puisque ce « ventre » n'était-il pas le lieu où les hommes « enfantaient » des jeunes hommes !

Photo 1 : Jolika Collection, John & Marcia Friede, De Young Museum.
Photo 2 : Alfred Bülher, 1959, Archives du Museum für Völkerkunde.
Photo 3 : in The art of the Sepik River, 1971, Allen Wardwell

L'Inde des Adivasi

J'ai parcouru cette exposition, l'oeil vierge et naïf, ne cherchant pas le savoir mais plutôt m'étonnant des formes diverses et des couleurs souvent vives, autant de témoins d'une mosaïque de cultures ; ainsi surprise par la finesse des miniatures Kondh et interloquée par la monumentalité des figures équestres dédiées à Ayyanar qui jaillissent du jardin même...

touchée encore par l'univers de Jangarh Singh Shyam dont le pinceau semble vif au travers de ses gouaches multicolores.

L'exposition se tient actuellement au musée du Quai Branly jusqu'au 18 juillet.

Le très complet dossier de presse en explique le parcours.

Photos de l'auteur.

Visite au musée africain de Lyon

L'association Détours des Mondes avait programmé, pour première visite en régions, celle du musée africain de Lyon.

Nous fûmes accueillis chaleureusement dans ce petit musée riche de plus de 2000 pièces exposées. Essentiellement en provenance d'Afrique de l'Ouest, les pièces rendent témoignage de la vie quotidienne, sociale et religieuse.

Petit restaurant et visites de galeries, à l'accueil tout aussi chaleureux, égayèrent cette journée bien sympathique et enrichissante.

Photos : © M.M.