L'association Détours des Mondes propose le mardi 21 septembre (et le mercredi 22 septembre) une conférence autour d'effigies d'ancêtres présentées dans l'exposition Fleuve Congo.
Elle s'intéressera particulièrement aux régions proches du cours supérieur du Fleuve Congo appelé alors Lualaba, bordées à l'est par le lac Tanganyika et à l'ouest par le fleuve.
Dans ces régions, la statuaire d'ancêtre jouait le rôle d'un marqueur social important.
Nous découvrirons d'abord une mosaïque de peuples.
Pour beaucoup, des peuples « lubaïsés ». Ainsi en est-il du peuple Hemba dont la statuaire d'ancêtre occupe une place importante dans l'exposition. Une statuaire assez grande (60 à 80 cm), aux traits fins et lignes sobres, se décline en plusieurs styles dont l'un des éléments les plus reconnaissables est probablement la coiffure. Celle-ci, quadrilobée, se déploie avec un arrangement sophistiqué de tresses repliées.
Plus proches du lac Tanganyika, dans le Maniéma, les Boyo représentent des générations de chefs par une statuaire qui étonne par la présence d'une grosse tête aux yeux globuleux et le corps recouvert de motifs concentriques.
D'une certaine manière, l'on trouve entre ces deux styles, des effigies que D. Biebuyck attribua à des groupes de chasseurs, des Pre-Bembe, vivant sur le territoire Bembe.
Des effigies aux yeux globuleux mais au visage barbu proche des visages Hemba adoptent des postures stables et sereines, les mains souvent reposant sur la zone ombilicale.
Ces figurines étaient installées dans des sanctuaires, représentant des groupes d'ancêtres liés par la même généalogie.
Ces sociétés étaient en outre régies par l'institution du
Bwami, un peu à l'image de ce qui se passait chez les Lega, leurs voisins du nord de la région. De par l'existence de cette institution, l'on trouvera encore de petites figurines, propriétés des hauts gradés.
Nous terminerons ce parcours par l'étude de la statuaire Tabwa, des effigies généralement réalisées à des fins de légitimation, assurant au chef une ascendance prestigieuse.
Elles se singularisent par des motifs de scarifications se référant à des mythes cosmogoniques : symétrie d'un univers parfaitement ordonnancé, rôle majeur de la lune dont le chef aurait été à son image, aux pouvoirs ambivalents...
Bref, un beau voyage nous attend, parmi une statuaire méconnue, aux confins du Levant Congolais, près des rives du lac Tanganyika.
Exposition Fleuve Congo : Voir le diaporama de mon amie
Akwaba-Africa.
Photo 1 : Coll. particulière. photo : Studio R. Asselberghs-Frédéric Dehaen, Bruxelles.
Photo 2 : Coll. particulière in F. Neyt, 2010,
Fleuve Congo, 179.
Photos 3 et 4 : de l'auteur au MQB.
Photos 5 et 6 : MRAC, Tervuren.