Détours des Mondes

Sommaire de Juillet 2012

04 Juillet : Vente Tristan Tzara de 1988
18 Juillet : Parcours des Mondes 2012
25 Juillet : Les talipun : des objets insolites des Boiken
26 Juillet : Le (ou les) maîtres de Buli ?
30 Juillet : Design africain au musée Dapper

Design africain au musée Dapper

La prochaine exposition du musée Dapper s'intitulera Design en Afrique - S'asseoir, se coucher et rêver et ce à partir du 10 octobre 2012. Nous pouvons donc nous attendre à la présentation de belles pièces africaines dans le domaines des sièges et appuie-nuques.
L'association Détours des Mondes proposera, à cette occasion, une conférence lors de la prochaine saison, sur le thème des sièges africains et la connaissance de certains ateliers.
Une autre conférence sera réalisée par Odilon Audoin sur le thème de la connaissance des styles d'appuie-nuques.

Photo 1 : Siège Luba. Collection particulière. © Archives Musée Dapper et Hughes Dubois.
Photo 2 : Appuie-tête Dogon. Musée Dapper, Paris. © Archives Musée Dapper - Photo Hughes Dubois.

Le (ou les) maître(s) de Buli ?

La réputation de la vingtaine d'oeuvres connues et attribuées au Maître de Buli n'est plus à faire... Porteuses de coupe, statuettes, sièges à caryatide et un appui-nuque se disputent l'admiration des collectionneurs d'art africain et amoureux des oeuvres des Luba et peuples lubaïsés.



Il y a deux ans la redécouverte du siège à caryatide de Harry Bombeeck et sa mise en vente chez Sotheby's avaient fait l'objet d'une grande publicité :


Un expert, une oeuvre : Chef-d'oeuvre du "Maître... par Sothebys

Mais qu'en est-il de ce fameux Maître de Buli ? Ce que nous savons de manière certaine, c'est qu'il a vécu à Kateba à plus de 130 kms au nord de Buli probablement entre 1810 et 1870 et qu'il était un artiste Hemba.
À partir de ces seules données, des examens des oeuvres et des renseignements des collectes, les thèses divergent. Certains experts de l'art africain voient en ce sculpteur un seul et même maître. D'autres, comme Bernard de Grunne, pensent qu'il s'agit de trois sculpteurs que ce dernier désigne (in Mains de Maîtres, 2001) sous les noms de Maître de Kateba, Maître de Buli l'Ancien et Maître de Buli le Jeune.
Ainsi, pour lui, le siège à caryatide de Boombeck serait une oeuvre du Maître de Buli le Jeune. Celui-ci aurait travaillé essentiellement pour des voyageurs européens de passage et les sièges réalisés ne présenteraient pas de trace de patine d’usage.
Mais rien n'est moins sûr, les experts se renvoient les arguments ; le mystère entourant l'atelier du Maître de Buli reste entier.



On pourra lire sur le sujet la position de Pol P. Gossiaux dans l'article Les Maîtres de Buli.

Photos : © Sotheby's, Chef-d'oeuvre du "Maître de Buli",2010.

Les Talipun : des objets insolites des Boiken

Pour ceux qui s'intéressent aux arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée et plus précisément au Sepik oriental, les oeuvres des Abelam sont largement connues au détriment de celles de leurs voisins : les Boiken.
Environ 40 000 individus peuplent un vaste territoire situé entre la mer de Bismarck et le fleuve Sepik, englobant une vaste bande de terre des monts du Prince Alexandre.


Parmi leur production, l'un des objets des plus insolites est probablement ce qu'on nomme talipun, une figure de vannerie tressée surmontant une grosse coquille d'un gastéropode marin (celle du turbo marmoratus).
Des visages avec des yeux protubérants, rehaussés de pigments et entourés de plumes de casoar sont généralement représentés.
Ces figures représenteraient des esprits ou des totems claniques tels le calao, le cacatoès noir, le faucon noir ou le kangourou arboricole.


Ces objets sont des monnaies et étaient utilisés lors de transactions importantes, notamment les compensations matrimoniales. Utilisés avec des anneaux de coquillage, ils étaient ordonnés selon une représentation du corps de la future mariée : bras, jambes, tête, torse... on a pu compter jusqu'à 20 talipun dans une bride-price.


Ils servaient aussi de monnaies dans le cadre de funérailles et de compensations pour les dommages de conflits inter-tribaux. Les coquilles provenaient des îles côtières et il fallait 2 à 3 jours de voyage à travers les montagnes pour qu'elles parviennent dans des hameaux Boiken où elles étaient travaillées.
Ceux qui en faisaient commerce les échangeaient contre des bilum (les filets réalisés par les femmes), du tabac, de la nourriture. Dans les années 70, on parle d'environ 6 bilum s'échangeant contre une seule coquille ; c'est dire la valeur de ces objets. De nos jours, il semble qu'ils ne soient plus fabriqués.

Photos : © Michael Hamson : Michel Hamson Oceanic Art
Source : Article de Ron May in Art of the Boiken, ouvrage édité par Michael Hamson, 2011.

Parcours des Mondes 2012

Parcours des Mondes investit de nouveau les galeries de Saint-Germain-des-Prés pour sa onzième édition, du 11 au 16 septembre.



De nombreuses expositions thématiques ou géographiques sont prévues. Ainsi chez Voyageurs & Curieux, nous pourrons admirer des oeuvres de l’archipel Bismarck ; ou encore chez Serge Le Guennan, un ensemble de cuillères provenant des cinq continents.



La galerie Meyer - Oceanic Art présente, cette année, WALKABOUT - lʼArt Ancien des Aborigènes dʼAustralie, soit 200 pièces issues de trois collections privées européennes. Laurent Dodier, quant à lui, nous propose un voyage à la découverte d’un objet d’exception. À ce jour, le secret est bien gardé...


Et puis, dans toutes les galeries, nous apprecierons une sélection de très beaux objets de tous les continents.
Plusieurs d'entre elles exposeront probablement des pièces de l'est Nigeria, en écho à l’exposition sur la vallée de la Benue, inaugurée en novembre prochain, au musée du Quai Branly.



Bref, une nouvelle édition du Parcours attendue avec impatience.

Photo 1 : Figure féminine, Yangoru, Abelam, Papouasie Nouvelle-Guinée.Bois et pigments. Ancienne collection John Friede. Photo : Carlos Garcia Ochoa © Arte y Ritual, Madrid.
Photo 2 : Proue de pirogue, îles de l’Amirauté, archipel Bismarck.Bois et pigments. Photo : Hughes Dubois © Voyageurs et Curieux, Paris.
Photo 3 : Affiche de l'exposition Walkabout-l'art ancien des Aborigènes d'Australie © Meyer-Oceanic Art.
Photo 4 : Statue, Nago, Bénin. H. : 44 cm. Photo : A. Speltdoorn © Philippe Laeremans Tribal Art, Bruxelles.
Photo 5 : Masque, Est du Groenland. Début du XXe siècle. Bois. H. : 23 cm – Ancienne collection Ib Geertsen, Danemark. Photo : F. Dehaen © Serge Schoffel, Bruxelles.

Vente Tristan Tzara de 1988

Tristan Tzara fut un grand collectionneur d'art primitif. On pense qu'il réunit une grande partie de sa collection probablement entre 1924 et 1930.
En 1926, eurent lieu deux importantes expositions d’art océanien auxquelles il a dû assister. L'une se tenait à la galerie surréaliste, au 16 de la rue Jacques Callot à Paris où étaient exposés des "Tableaux de Man Ray et objets des îles" et à Berlin, à la galerie Flechtheim.
En 1930, lors de la fameuse exposition de la Galerie Pigalle, il présenta 33 oeuvres.
Parmi ces oeuvres, on remarquera le masque Bete-Guro qui a été préempté lors de la vente de 1988 pour une somme de 1900000 FRF.
On trouve encore ce très beau masque Kwele, acheté 2000000 FRF. Mais la vente de 1988 présentait aussi un lot important d'objets d'art océanien.




Parmi eux, ce tambour en sablier du Détroit de Torrès, un bel objet récolté par Haddon lors de son expédition dans le Détroit, en 1888.



On peut encore citer ce masque du Sepik et ce Musumusu des Salomons, tous deux exposés à la Galerie Pigalle.






Des prix importants réalisés lors de cette vente :
Masque Guro-Bété : 1 900 000 FRF.
Masque Kwélé : 2 000 000 FRF.
Tambour du Détroit de Torres : 520 000 FRF.
Masque du Sepik : 420 000 FRF. Figure de proue des îles salomon : 240 000 FRF.

Photo 1 : Musée du Quai Branly.
Photos 2, 3, 4 et 5 : in catalogue de la vente Tzara, 24 novembre 1988.