Pour ceux qui s'intéressent aux arts de Papouasie-Nouvelle-Guinée et plus précisément au Sepik oriental, les oeuvres des Abelam sont largement connues au détriment de celles de leurs voisins : les Boiken.
Environ 40 000 individus peuplent un vaste territoire situé entre la mer de Bismarck et le fleuve Sepik, englobant une vaste bande de terre des monts du Prince Alexandre.
Parmi leur production, l'un des objets des plus insolites est probablement ce qu'on nomme talipun, une figure de vannerie tressée surmontant une grosse coquille d'un gastéropode marin (celle du turbo marmoratus).
Des visages avec des yeux protubérants, rehaussés de pigments et entourés de plumes de casoar sont généralement représentés.
Ces figures représenteraient des esprits ou des totems claniques tels le calao, le cacatoès noir, le faucon noir ou le kangourou arboricole.
Ces objets sont des monnaies et étaient utilisés lors de transactions importantes, notamment les compensations matrimoniales. Utilisés avec des anneaux de coquillage, ils étaient ordonnés selon une représentation du corps de la future mariée : bras, jambes, tête, torse... on a pu compter jusqu'à 20 talipun dans une bride-price.
Ils servaient aussi de monnaies dans le cadre de funérailles et de compensations pour les dommages de conflits inter-tribaux. Les coquilles provenaient des îles côtières et il fallait 2 à 3 jours de voyage à travers les montagnes pour qu'elles parviennent dans des hameaux Boiken où elles étaient travaillées.
Ceux qui en faisaient commerce les échangeaient contre des bilum (les filets réalisés par les femmes), du tabac, de la nourriture. Dans les années 70, on parle d'environ 6 bilum s'échangeant contre une seule coquille ; c'est dire la valeur de ces objets. De nos jours, il semble qu'ils ne soient plus fabriqués.
Photos : © Michael Hamson : Michel Hamson Oceanic Art
Source : Article de Ron May in Art of the Boiken, ouvrage édité par Michael Hamson, 2011.
somptueux comme le soleil
Rédigé par : lebreton | 26 juillet 2012 à 19:01