Revenons quelques instants sur le masque Luluwa présenté dans le précédent article.
L'attribution du masque au style des Luluwa est opérée grâce à la présence de motifs de scarifications propres à toutes les sculptures Luluwa et la présence de deux tresses (bien qu'il n'en reste que des traces sur une sorte de tonsure) ; l'une, saillante au-dessus du front, l'autre au-dessus du crâne.
Il reste, semble-t-il, des traces de substances au niveau de la seconde crête. Or on sait que chez les Luluwa, plusieurs statuettes contenaient des substances "magiques" comme celle du Brooklyn Museum (photo ci-dessus) où la cavité est fermée par une sorte de clou en cuivre sur le haut du front.
Aussi, pense-t-on que ce masque n'était pas simplement un masque de danse mais un objet sacré.
De plus, les yeux ainsi baissés, le visage dégage une attitude sereine que l'on peut rapprocher de celle de nombreuses sculptures Luba. Or chez les Luba, il n'existe par de représentation de figures masculines les yeux mi-clos.
Toutes sont féminines car en pays Luba, les femmes avaient des fonctions importantes dans le domaine sacré : elles étaient prêtresses, conseillères politiques, intermédiaires entre les hommes et les esprits des Ancêtres. Elles étaient les médiums des esprits protecteurs de la royauté : les bavidye.
Enfin, chez les Luluwa, les rares exemples de personnages aux yeux mi-clos sont des représentations féminines.
De là à suggérer que le masque de la collection Muensterberger représente un visage féminin... c'est d'autant plus probable que ces marques de scarifications correspondaient, chez les Luluwa, à un idéal de beauté féminine et de perfection.
Source : Catalogue Sotheby's de la vente Muensterberger, 2012.
Photo 1 et 4 : © Sotheby's.
Photo 2 : © The Brooklyn Museum.
Photo 3 : de l'auteure au Metropolitan Museum, figure féminine Luba
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