Dans le cadre de notre prochain et premier atelier à la Galerie Fernandez Leventhal, Autour des masques horizontaux ; je présenterai trois masques caractéristiques des arts de la Moyenne Benue : un masque Chamba Daka, un masque Kantana/Kulere et un masque Mumuye.
Les traditions animistes étaient en effet restées vivantes assez longtemps dans des régions difficiles d'accès où étaient établis ces populations.
Parmi ces traditions, des cérémonies mettant en scène des danseurs portant de lourds costumes de fibres et dont la tête était recouverte d'un masque horizontal, constituaient, déclinées sous des formes différentes, un trait culturel commun à différents peuples.
Chez les Chamba Daka, groupe linguistique vivant dans la partie occidentale du territoire Chamba, le masque Nam Gbalang se compose d'un casque prolongé par de puissantes mâchoires telles celles d'un hippopotame ou d'un crocodile ; alors que l'arrière du masque présente de longues cornes situées dans le plan des mâchoires.
Plus à l'Est, cette tête hémisphérique devient plus arrondie et se rapproche de la forme d'un crâne humain.
Entre le buffle et l'humain, le vivant et le mort ; ces masques incarnaient la puissance de la brousse mais se référaient également aux ancêtres.
Sur le plateau de Jos, les mascarades des Kantana ne faisaient pas intervenir ces imposants masques-heaumes, mais de plus légers cimiers en forme de tête d'animal stylisé.
Ces masques Mangam se référaient à des buffles nains, des antilopes sing-sing ou encore des cobes des roseaux et donnaient lieux à différentes variantes dans l'évocation des esprits de la brousse ; tout en intégrant quelques fois des éléments proprement humains telle cette petite tête humaine qui orne se masques Rindre.
Nous rencontrons encore des masques horizontaux parmi les Mumuye. Ils apparaissent soit sous la forme mâle de masques de bovidés portés en cimiers ; soit encore sous la forme femelle de masques singes portés comme des heaumes. On est loin des aspects stylisés des masques précédents.
Que ce soit les mascarades Chamba ou Mumuye mais aussi plus loin celles des Jukun, elles apparaissent à nos yeux comme les jeux autour d'une ambiguïté qui met en scène la fusion de l'humain et l'animal, les oppositions nettes ou factices entre les genres, oscillant dans des représentations de la dangerosité des forces sauvages et de la sérénité du souffle des Ancêtres.
Photo 1 : Musée du Quai Branly - 73.1996.1.15
Photo 2 : The British Museum.
Photo 3 : Musée du Quai Branly - 73.1997.4.46
Photo 4 : Collection J. & B. Kitnick, photo de l'auteure au musée du Quai Branly, nov. 2012. Expo. Arts de la Bénoué.
Photo 5 : Photo de l'auteure au musée du Quai Branly, nov. 2012. Expo. Arts de la Bénoué
Merci pour ce billet très intéressant!
Rédigé par : Animaux | 09 avril 2013 à 01:58