Lors du Parcours des Mondes, l'on pouvait entre autres, admirer un superbe bouclier Mengen de Nouvelle-Bretagne dans la Galerie Michel Thieme.
Peu avare d'explications, Michel Thieme s'est lancé dans l'histoire passionnante de cet objet. Celui-ci appartenait à l'écrivain et artiste néerlandais Jan Wolkers après avoir atterri chez M. L. J Lemaire, l'un des premiers marchands d'art ethnographique d'Amsterdam (ci-dessous dans sa galerie)
... mais l'histoire commence avec l'expédition de Hambourg 1908-1910 ; la fameuse "Südsee-Expedition"...
Mars 1909 : Le vaisseau Peiho mouille dans une baie proche de Cap Beechey. Impossible de débarquer car la barre est trop importante. Les Dr Otto Reche, Müller-Wismar et Fülleborn, accompagnés de l'artiste Hans Vogel parviennent à accoster un peu plus loin à l'embouchure d'une rivière. Là, il découvrent un village important mais les habitants l'ont déserté. Ceux-ci réfugiés sur l'autre rive semblent menaçants.
Ils décident d'envoyer des jeunes hommes de l'équipage, sans armes, avec des présents pleins les bras. Ils traversent la rivière et jettent leurs cadeaux sur la berge. Les villageois posent à leur tour des objets en guise d'échange. Parmi eux, lances, massues, masques de danse et boucliers.... et ce bouclier faisait partie de l'échange !
Les Mengen qui vivent de part et d'autre de Jacqueminot Bay, proches des Sulka, ont des oeuvres bien connues des collections occidentales et sont notamment présentes dans les musées allemands.
Les boucliers Mengen ont pour caractéristique notable le fait d'être entourés en partie centrale et vers les extrémités de fibres de couleur rouge. Croisements de fibres bien visibles à l'arrière du bouclier et qui divisent celui-ci en différentes parties recouvertes de motifs.
La ligne centrale est précisément un axe horizontal de symétrie pour des figures qui ressemblent à des visages caricaturaux où les yeux et le nez se distinguent franchement, et où les motifs sont traités en couleurs blanche, noire et ocre.
Que dessinent ces figures ? On peut y voir des représentations d'oiseaux.
Mais ce qui frappe avant tout est la couleur et le brillant de ces boucliers, toujours repeints avant utilisation (pour la guerre ou des cérémonies rituelles ?).
Le brillant était probablement décisif pour que la magie opère et que la présence ancestrale se manifeste comme protectrice du guerrier.
Vision impressionnante pour l'adversaire mais aussi réconfortante pour le combattant puisque les motifs chatoyants figurant à l'arrière du bouclier apparaissaient comme garants de sa sécurité.
Photo 1 : de l'auteure au Parcours des Mondes.
Photo 2 : © Galerie Lemaire
Photos 3 et 4 : Courtoisy Michel Thieme
Photo 5 : © Collection Barbier-Mueller
Photos 6 et 7 : © Linden Museum Stuttgart
Sources documentaires : © Michel Thieme
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