Ci-dessous quelques extraits du communiqué de presse concernant la vente
Trésors. Collection Frum chez Sotheby’s à Paris le 16 septembre prochain :
La collection d’art Océanien réunie par Murray Frum "illustre la très riche variété stylistique des arts océaniens – depuis des parures des îles Salomon collectées en 1862 jusqu’à la monumentale statuaire de Nouvelle-Irlande. Elle se distingue en particulier par ses trésors de Polynésie"...
"La première moitié du XXe siècle fut un âge d’or pour les collectionneurs britanniques amateurs d’art océanien, avec l’apparition sur le marché d’une multitude d’objets collectés durant le siècle précédent par les missionnaires, les voyageurs et les officiers coloniaux. Les noms des plus célèbres d’entre eux sont superbement mis à l’honneur dans la Collection Frum, avec neuf œuvres provenant de la collection de James Hooper (1897-1971) – acquis lors des célèbres ventes aux enchères de sa collection, en 1979 et 1980 – d’autres ayant appartenu aux collectionneurs Harry Beasley (1881-1939) et Kenneth Webster (1906-1967), ou encore à l’artiste et collectionneur Jacob Epstein (1880-1959).
Les missions de collecte des musées allemands et d’Europe Centrale à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle se reflètent également dans la collection Frum, avec d’importantes œuvres mélanésiennes qui firent un temps partie des collections du Linden Museum de Stuttgart, du Museum für Völkerkunde, de Vienna, et du Néprajzi Múzeum de Budapest."
"Le Dr. Murray Frum (1931-2013), homme d’affaires canadien d’origine polonaise installé à Toronto, acquit sa première œuvre d’art africain en France, en 1957, lors de son voyage de noces. Depuis lors et pendant plus de cinquante ans, il constitua au cours de ses voyages en Europe et aux Etats-Unis, une extraordinaire collection d’art africain, océanien, précolombien mais aussi de la Renaissance et d’art décoratif.
Collectionneur passionné et exigeant, il se distingue aussi comme un grand philanthrope, faisant don d’une partie de sa collection d’art africain à The Art Gallery of Ontario, affirmant par ce choix d’un musée des beaux-arts, la place des arts premiers dans l’histoire universelle de l’art".
... "Parmi les trésors de Polynésie figure en particulier la hampe d’un « dieu-bâton » (atua rakau) de l’île de Rarotonga, Îles Cook... Provenant de la Collection de James Hooper, elle constitue la partie supérieure d’un bâton dont la tige centrale était enveloppée d’une étoffe en tapa. Si leur signification demeure énigmatique, ils ont été associés à l’incarnation du dieu créateur Tangaroa, à la représentation généalogique du lignage royale, et à la matérialisation des principes masculins et féminins.
Le missionnaire John Williams, de la London Missionary Society, affirme avoir détruit la majorité de ces objets sacrés alors jugées idolâtres, lors de son séjour sur l’île de Rarotonga, entre 1827 et 1828. Aujourd’hui parmi la vingtaine de ces objets sacrés qui ont survécu, seuls trois, dont celui-ci, demeurent en mains privées."
"Provenant également de Polynésie, un exceptionnel ensemble d’art Maori, de Nouvelle-Zélande. L’œuvre majeure en est une statue en pied. Daté de la fin du XVIIIe siècle ou du début du XIXe siècle, elle s’inscrit dans le très étroit corpus des statues anthropomorphes indépendantes de toute structure architecturale. Parmi les six statues en ronde- bosse parvenues jusqu’à nous, celle de la collection Frum est la seule demeurée en mains privées (les autres sont conservées au Hunterian Museum de Glasgow, au Sainsbury Centre de Norwich et au musée Te Papa Tongarewa de Wellington, en Nouvelle-Zélande). Si un récit daté de 1855 évoque une « idole commémorative », les références à ces sculptures – selon toute vraisemblance des ancêtres déifiés - dans la littérature spécialisée, sont très rares.
L’ensemble de sculptures de Nouvelle-Irlande de la Collection Frum évoque magistralement le « pouvoir de séduction et de fascination » que posséda cet art aux yeux d’André Breton et des Surréalistes. Il est dominé par une monumentale statue uli incarnant, avec son – rare - personnage auxiliaire ventral, la puissance idéalisée d’un chef de clan (à la fois fort et agressif, et capable de nourrir son clan). Selon l’ethnologue allemand Augustin Krämer, qui séjourna en Nouvelle- Irlande de 1909 à 1907 afin d’étudier la signification et l’usage des statues uli, ces imposantes figures ancestrales de chefs claniques étaient précieusement conservées de génération en génération et sorties lors d’importantes cérémonies. Leur usage cessa vers 1914. Collectée en 1882 lors de l’Expédition Austro-Hongroise, ce uli entra dans les collections du Linden Museum de Stuttgart, avant d’entrer dans celles de deux célèbres collectionneurs d’art de Nouvelle-Irlande : Ernst Heinrich, puis le peintre et sculpteur d’avant-garde, Serge Brignoni".
Parmi ces trésors d'Océanie, il y aura encore une statue
Imunu du Golfe de Papouasie. "La silhouette de ces statues épouse le mouvement tourmenté des racines de mangrove, « trouvées » par un sculpteur à la suite d’un rêve. Cette statue, manifestation onirique d’un être-esprit, fut collectée par l’anthropologue Paul Wirz (1892-1955) durant son voyage de recherches, en 1929-1931, dans le Golfe de Papouasie. Sa présentation en 2001 à la galerie Krugier, à New York, lors de l’exposition «
Traces : Primitive and Modern Expressions », rendit hommage à la saisissante modernité de son expression."
Photo 1 : extraite de la vidéo sur Murray Frum.
Photos 2, 3, 4 de l'auteure lors de la Preview Sotheby's.