Une rétrospective des films de Charles Belmont du 8 au 12 avril à La Clef Paris 5e, avec en ouverture de ce panorama : « Océanie », un film d'une heure et demie.
Après Les Médiateurs du Pacifique, j’ai eu envie de retourner en Nouvelle-Calédonie filmer les Océaniens, réunis autour d’un thème commun à tous les peuples du Pacifique, « Parole d’hier, d’aujourd’hui, de demain ». Deux mille danseurs, chanteurs, musiciens, comédiens accostèrent de tout le Pacifique, certains quittaient leur île pour la première fois. Parole dansée, parole chantée, théâtre en langue ancienne, mythes fondateurs et vision du futur… d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Vanuatu, des Fidji, de Guam, d’Hawaï… J’ai proposé à Ariane Mnouchkine de rencontrer cette parole d’un continent exceptionnellement rassemblé.
Ce que mon film tente de mettre en jeu, c’est la rencontre entre deux démarches artistiques, celle d’un cinéaste occidental passionné de danse ayant, à l’occasion de son précédent film « Les Médiateurs du Pacifique », partagé les moments forts d’une communauté mélanésienne, et celle d’artistes océaniens travaillant dans d’autres domaines d’expression.
Faire ce film, ce fut avec ma propre sensibilité créer à la fois un rythme, un mouvement, des images à la juste distance corporelle de gens qui expriment leur réalité au moyen de la danse, de la musique, du théâtre, à partir de leur propre histoire.
En faisant ce film, j’ai essayé de trouver un langage qui nous soit commun (artistes/cinéastes) et de faire en sorte que chacun se reconnaisse : Qu’avons nous à voir avec ces gens géographiquement les plus éloignés de nous, et qu’ont-ils à voir entre eux, éparpillés dans l’immense Pacifique ? le dialogue que j’ai instauré dans le film entre Ariane Mnouchkine et Marie-Claude Tjibaou est emblématique de cet échange.
Je souhaite que la forme artistique de ce film -que le talent de mes collaborateurs Etienne de Grammont à l’image, Marielle Issartel au montage, et Michel Portal pour la musique originale ont portée avec moi- fasse circuler les sensations et les émotions entre les Océaniens et nous, et qu’un jour prochain ces peuples nous deviennent plus proches encore, balayant la vision folklorique et mièvre de cocotiers et de vahinés.
Charles Belmont.
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