Masse et puissance sont les premiers termes auxquels je pense pour évoquer cette tête en bois, pas si grande (53cm) ni si pesante ! Si un effet de force et d'énergie était recherché par le sculpteur, nous pouvons affirmer qu'il a ici réussi !
Sotheby's Paris, avril 2015 : c'est la présentation de quelques pièces des prochaines ventes de New York en mai et Paris en Juin.
Arts africains et arts océaniens côtoient l'art moderne. Parmi eux cette tête retient mon attention. Un peu "affreuse" mais pas réellement effrayante, elle dégage une force tranquille quoique surnaturelle. De l'ocre rouge rehausse de larges lèvres qui laissent apparaître un sourire énigmatique et carnassier.
Placée à côté d'une effigie Malagan, l'oeuvre lui fait presque concurrence en imposant sa puissance. De fait, ce type de tête devait elle aussi entrer dans des sous-traditions de Malagan. Provenant de l'île de Tabar, il semble qu'elle intervenait plus particulièrement dans des cérémonies destinées à faire tomber la pluie.
Michael Gun apporte des précisions dans le catalogue de l'exposition Nouvelle-Irlande (MQB 2007) à partir d'écrits d'Edward Salle qui a recueilli des informations en 2001 dans le village de Tatau sur l'île de Tabar :
"Kovabat est le nom de la tête en bois si elle est placée sur un amoncellement de matériaux issus de la brousse. Le mot n'est que le nom de l'invocation à la pluie ; quand ils l'utilisent dans un contexte rituel Malagan, le concept n'est qu'une image. Ils entonnent les mêmes chants quand ils veulent faire tomber la pluie, et ils portent alors le crâne, les cheveux et d'autres parties du corps d'un homme mort."
Parce que ce type de têtes en bois est rare dans les collections, la notice du catalogue de la prochaine vente Sotheby's s'attache à recenser des têtes comparables : au Field Museum de Chicago, à l'Auckland Institute and Museum, dans la collection Alain Schoffel (voir photo ci-dessus) et à la Fondation Beyeler (voir photo juste précédente).
Bien que ces têtes aient été les seuls éléments de cérémonies Malagan qui fussent conservées et repeintes pour être réutilisées, on a peu de documentation sur celles-ci. Une rare photographie d'Augustin Kramer de la Deutsche Marine Expedition et datant de 1908 la présente in situ.
Photos 1 et 2 de l'auteure courtoisy Sotheby's Paris.
Photo 3 : © collection Alain Schoffel
Photo 4 : © Fondation Beyeler.
Photo 5 : Figure Marada Malagan complète © Augustin Kramer, 1908.
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