Les collections Océanie du musée de Berlin que l'association Détours des Mondes propose à ses membres de visiter dans les jours qui viennent, sont principalement issues de grandes expéditions commanditées par le musée ethnographique.
Elles comptent 65 000 objets dont les collectes ont été généralement bien documentées.
La plus célèbre expédition est sans nul doute la Kaiserin-Augusta-River Expedition de 1912-1913 qui remonta le fleuve Sepik.
Y participèrent le chimiste et anthropologue Adolf Roesicke, le géographe Walter Behrmann et le juriste et ethnologue Richard Thurnwald.
Richard Thurnwald est probablement le plus connu des trois... encore que ...
Marion Melk-Koch s'est penché sur sur la vie et l'œuvre de Thurnwald et en a réalisé un ouvrage conséquent en 1989 : Aufder Suche nach dermenschlichen Gesellschaft : Richard Thurnwald.
Un peu plus tard, c'est au tour de Bernard Juillerat de s'intéresser aux études de Thurnwald.
Il écrira dans un compte-rendu sur l'ouvrage de Melk-Koch :
« Du Bas- Sépik où il arrive en janvier 1913, il se rend bientôt sur le Töpferfluß, la « rivière des potiers » (Keram) et le Dörferfluß, la « rivière des villages » (Yuat), suivant de près le cartographe de l'expédition, Walter Berhmann. C'est l'occasion de son premier contact, et le plus long (5 semaines), avec une communauté de langue banaro sur la Keram, séjour qui est sans doute à l'origine de son étude bien connue de cette société. Thurnwald s'engagea ensuite avec une remarquable persévérance dans un énorme travail exploratoire de la région du Haut-Sépik, mené à bien à partir du bas fleuve en deux expéditions successives dont la seconde le conduisit presque jusqu'aux sources du Sépik. Il entreprit par ailleurs trois traversées à pied des chaînes du Prince Alexandre et Torricelli, entre le Sépik et la côte nord, et fut le premier Européen à visiter les maisons cérémonielles peintes des Abelam et à traverser le pays arapesh où Margaret Mead et Réo Fortune séjourneront près de vingt ans plus tard. »
Sur le site-base de données Upper Sepik Central New-Guinea Project (une mine d'informations !), on peut visualiser les différentes recherches de Thurnwald dans la région du Haut -Sepik :
(directement sur la page du site, cliquer sur PLAY en haut à droite sur la carte reproduite ci-dessous).
Bernard Juillérat écrira encore,en 1993 La révocation des Tambaran. Les Banaro et Richard Thurnwald revisités suite à son voyage de 1989 où il partit chez les Banaro sur les pas de Thurnwald.
Des trois membres de l'expédition mentionnés plus haut, le géographe Walter Behrmann rapporta de nombreuses cartes du Sepik. Quant à Adolf Roesicke, il mourut peu après la Seconde guerre mondiale et n’a jamais publié ses notes de terrain.
Markus Schindlbeck, conservateur du département Océanie du musée de Berlin, a précisément écrit l'année dernière Unterwegs in der Südsee: Adolf Roesicke und seine Fahrten auf dem Sepik in Neuguinea à partir de ce journal de terrain.
Espérons qu'avec la venue à Paris le mois prochain de l’exposition Sepik, nous puissions disposer de plus de documentation en langue française sur cette région fascinante de Nouvelle-Guinée qui hante les imaginaires des Océanistes.
Photos 1 et 2 de l'auteure, Berlin 2010.
Photo 3 in Unterwegs in der Südsee: Adolf Roesicke und seine Fahrten auf dem Sepik in Neuguinea © Markus Schindlbeck
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