Dans le cadre de la quinzaine de la photographie à Saint-Germain-des-Prés du 6 au 22 novembre, on peut signaler entre autres deux expositions :
La Galerie Bernard Dulon au 10 rue Jacques Callot , Paris 6, expose Walker Evans :
"En 1935, le MoMA de New York commande à Walker Evans, qui n’a alors que 38 ans, une série de photographies de 450 des 603 masques, sculptures et objets d’art africain présentés dans leur exposition : “African Negro Art” (*). Cet événement, la première exposition financée par un musée d’art et non ethnographique, marque l’apothéose de l’intérêt que manifeste l’Occident pour les arts dits “nègre”. Documenter cette exposition permet au MoMA d’étendre sa portée au delà des 60 000 visiteurs qui passeront les portes du musée pour la découvrir. En fixant objectivement cet art sculptural dit “premier”, Walker Evans sait qu’il contribue à immortaliser une culture disparue ou en voie d’extinction. Cet esprit marquera le reste de son œuvre. Le photographe consacre des mois à cette commande, passant des heures au musée après la fermeture, et délaissant d’autres projets pour pouvoir la terminer. Il emploie un fond blanc neutre et une lumière diffuse qui balaye l’objet pendant la prise de vue afin d’éviter les ombres. Son style objectif, qu’il troque parfois pour un cadrage resserré, se soumet aux exigences de son sujet. Le photographe cherche à mettre en valeur la qualité sculpturale des objets, dont l’influence sur l’art moderne sera majeure.et Aesop au 20 rue Bonaparte, 75006 expose Romaric Tisserand - ULTRAMAR
Les tirages argentiques proposés dans cette exposition ont été réalisés en 1935 dans le studio de Walker Evans, à Bethune Street, à New York.
* Dix-sept portfolios de 477 tirages seront réalisés. Le Metropolitan Museum of Art à New York réunira en 2000 ces images dans une exposition qui sera présentée sept ans plus tard au Musée du Louvre.
Photo 1 : Walker Evans, Figure ancestrale, Gabon, 1935, Tirage argentique d'époque 23,5 x 15,2 cm ©DRSans image, il n’y a pas d’événement. "Découverts en 2001 enfouis sous les pavés d’une ruelle du Castelo de São Jorge à Lisbonne par l’artiste Romaric Tisserand, les négatifs anonymes composant l’installation photographique ULTRAMAR (Empire Travel Club) racontent le quotidien d’un jeune appelé portugais en Angola. Six rouleaux noirs et blancs de trente-six poses évoquent à travers une galerie de portraits la vision fraternelle d’une nation où chaque visage, chaque détail, chaque regard convoque l’histoire d’un continent. ULTRAMAR (Empire Travel Club) est une œuvre protéiforme qui décline de ces négatifs sortis de l’ombre une série d’expositions explorant la question de l’archive contemporaine, de la vérité photographique et de notre rapport à l’imaginaire.
Sans événement, il n’y a plus d’histoire.
Sans histoire, il n’y a pas de futur.
Pour Aesop, Romaric Tisserand imagine un dispositif d’exposition à emporter où chacun pourra découper, au mètre, une partie de la frise présentée. L’archive se disperse, passe du mur à la main, s’échange ou se donne et parcourt ainsi le monde."
Photo 2 : Walker Evans, Figure avec tambour, Congo Belge, 1935, tirage argentique d'époque, 25,3 x 20,1 cm ©DR
Photo 3 : Romaric Tisserand, installation Ultramar pour Aesop, 2015 ©Romaric Tisserand
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