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01 Mars : L'actualité de DDM-MediaTribal - Février 2016
02 Mars : Singa et Lasara, de drôles de bêtes !
08 Mars : Unica dans l'art africain
10 Mars : Paris Tribal 2016
12 Mars : Au bazar des images
14 Mars : Hasard objectif
23 Mars : La pierre, le pouvoir et la mort (2) - Sumatra et Nias
29 Mars : À en perdre la tête
30 Mars : Des coquillages et des hommes
Photo : Détail de masque Goroka, PNG © MQB 72.2012.0.14, photo de l'auteure dans l'exposition Persona, musée du Quai Branly 2016.
L'association Détours des Mondes propose le mardi 5 avril une première conférence qui nous entraînera sur la piste des coquillages à travers les civilisations d'Afrique, d'Océanie. Celle-ci sera réalisée par Mariette Naboulet qui nous parlera d'outils, de parures, de magie, de pouvoir, de monnaie, de voyages et d'échanges....
Une seconde partie sera réalisée par Carmen Bernand sur la Mésoamérique et le Pérou lors de notre prochain cycle de conférences à l'automne 2016.
Photo in Kula, myth and magic in the Trobriand Islands, de Jutta MALNIC, 1998 National Library of Australia.
Les arts d'Océanie sont fous ! On comprend qu'ils aient séduit les Surréalistes : que ce soit dans les formes ou les matériaux, l'objet n'est jamais ce que l'on pense saisir au premier regard.
Il faut dire que la composition des parures et des coiffes a de quoi dérouter : des dents de chien peuvent côtoyer de la porcelaine, des plumes jouer avec des coquillages, l'écaille de tortue avoisiner les fibres et les perles...
À l'occasion du prochain Paris Tribal, Jean-Edouard Carlier nous propose le catalogue de sa prochaine exposition en téléchargement :
La National Library of Australia met à disposition sous forme numérique sa collection de cartes soit plus de 600.000 cartes du début de la cartographie à des cartes actuelles de la zone pacifique et notamment de l'Australie.
Toutes les cartes en ligne sont disponibles gratuitement en téléchargement, en haute résolution.
Un trésor !
Photo : Map showing the distribution of the Aboriginal tribes of Australia / by Norman B. Tindale - Adelaide : Govt. Photolithographer, 1940
En complément des bibliographies sur Sumba (2015) et des Batak (2014), on pourra consulter :
Sumatra :
Messages de pierre, statues et sculptures de l’Indonésie primitive dans les collections du musée Barbier-Mueller, Genève, Milan, musée Barbier-Mueller, Skira, 1993.
Barbier-Mueller J.-P., 2015, Les Kalasan Batak, Fondation culturelle Barbier-Mueller.
Sibeth, Achim, 1991, Les Batak: Un peuple de l’île de Sumatra. Ed. Olizane
Sibeth, A., 2008, Batak Sculpture, Editions Didier Millet Pty Ltd
Nias :
Barbier J.-P., 1976, « Un monument en pierre de l’île de Nias » in Bulletin annuel du musée d’ Ethnographie de la ville de Genève, 19.
Barbier J.-P., 1978, Symbolique et motifs du Sud de Nias, Collection barbier-Mueller, Genève.
Feldman J., 1988, « The seat of the ancestors in the homeland of the Nias People » in Islands and Ancestors, catalogue de l’exposition du Metropolitan Museum of Art.
Modigliani E., 1890, Un viaggio a Nias, Milan, Treves.
Schnitger F. M., 1964, Forgotten kingdoms in Sumatra, Leiden : E. J. Brill.
Schröder E., 1917, Nias. Ethnographische, geographische en historische aanteekeningen en studiën, Leiden. E. J. Brill.
Sibeth A. & Carpenter Bruce W., 2013, Nias Sculpture, Red & White Publishing.
Suzuki P., 1959, The religious system and culture of Nias, Indonesia, S-Gravenhage : Uitg. Excelsior
Viaro Mario Alain, 1984, « Nias : Habitat et Mégalithique » in Archipel vol 27.
Viaro, M. A. & Ziegler, Arlette, 1998, « L’île de Nias » in Arts des mers du sud. Paris : Adam Biro.
Viaro, M. A. 2000, « Nias : une île de pierres et de fêtes » in Sculptures. Paris : RMN
Viaro, M. A. , 2001, « Ceremonial Sabres of Nias Headhunters in Indonesia » in Arts et cultures vol. 3
Viaro M. A. & Ziegler A. , 2009, « Nias… une aventure de trente ans » in Arts & Cultures.
Ziegler A. & Viaro M. A., 2002, « L'Indonésie au (musée du) quai Branly : arts premiers » in Connaissance des arts, vol. 590
Wirz, Paul , 1929, Nias, die Insel der Götzen : Bilder aus dem westlichen Insulinde. Zürich. O. Füssli
Conférence DDM - mars 2016
n.b : Toutes les bibliographies de ces conférences datent de l'année de la conférence et ne se veulent pas exhaustives ... à compléter par de nouvelles publications !
Photo 1 : Sarcophage Batak, Pagar Batu, photo de l'auteure 2014.
Photo 2 : Deux statues de Nias, photo de l'auteure, 2016 au musée du Quai Branly.
L'association Détours des Mondes propose le mardi 29 mars une conférence sur les sculptures monumentales en pays Batak et dans l'île de Nias.
En effet, en début de cette session 2015/2016, j’ai abordé les traditions funéraires autour des grandes tombes de pierre qui peuplent le paysage de Sumba en Indonésie. L’année dernière, j’avais traité l’art des Batak, mais en m’attachant principalement à l’architecture et aux objets que possédaient les Datu.
Afin de compléter ce qui concerne la sculpture de pierre en Indonésie, et avec elle, la matérialisation spatiale de l’ordre social, il sera intéressant de revenir sur la culture Batak et plus particulièrement les réalisations des Toba Batak que j’ai pu découvrir à l'été 2014 et d’adjoindre quelques éléments sur la statuaire des Kalasan Batak qui a fait l’objet d’une récente publication.
Enfin, les extraordinaires réalisations de l’île de Nias complèteront notre tour d’horizon, et nous découvrirons avec elles un système de grades complexe dans les sociétés traditionnelles qui conduisait à l'érection de sculptures lithiques et qui peut nous évoquer ce que nous connaissons de pratiques autrefois existantes au Vanuatu.
Bien sûr, la réunion dans ces deux volets de conférences, de monuments et sculptures de pierre à Nias, Sumatra et Sumba (à l’instar de l’ouvrage de Jean-Paul Barbier : Messages de pierre ), n'augure en rien l'existence d'une civilisation commune, tailleurs de pierre et artistes, dans cette partie du monde !
Photo 1 : Village de Bawaomataluo, Nias avant 1915 © Tropenmuseum – TM 10000952.
Photo 2 : © Tropenmuseum - TM-10000966 - Nord de Nias.
Hasard des rencontres...
"Enfin ! seul ! On n’entend plus que le roulement de quelques fiacres attardés et éreintés. Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos.
Enfin ! la tyrannie de la face humaine a disparu, et je ne souffrirai plus que par moi-même." Baudelaire, À une heure du matin
Voir le site du photographe Didier Robcis : E.FIGI
Photo : © Didier Robcis.
Pas la peine de se casser la tête... ce gigantesque Cadavre exquis présenté actuellement au Grand Palais, Carambolages, est une belle invitation à déguster des images.
On peut toujours lui reprocher des rapprochements gratuits, incongrus, faciles... là n'est pas l'important, d'autant moins que les rapprochements ne concernent pas nécessairement l'oeuvre voisine mais bien plutôt le spectateur qui la reçoit après ou avant telle ou telle.
Comme dans les dégustations de vins, ces regards que nous posons successivement sur les oeuvres émoustillent les sens mais excitent aussi l'imagination. Ils bousculent bien sûr (et c'est probablement la volonté de Jean-Hubert Martin) les trop grandes certitudes de notre "classique" histoire de l'art !
J'ai parlé de bazar, cela n'est nullement péjoratif. Imaginez un écheveau d'allées où les senteurs varient, les odeurs raffinées de quelque épice rare côtoyant celles putrides de la viande parfois décomposée mais que nous aimons, car elle nous rappelle la terre.
Bien sûr, si je cite le goût, le toucher, l'odorat ; je n'oublie pas que de nos sens évoqués, la vue est ici l'essentiel et le regard convoqué. Il nous faut lire ou relire l'intelligent ouvrage de Georges Didi-Huberman, Devant l'image :
..."Nous sommes devant l'image comme devant l'exubérance inintelligible d'un évènement visuel. Nous sommes devant l'image comme devant l'obstacle et sa creusée sans fin. Nous sommes devant l'image comme devant un trésor de simplicité, une couleur par exemple, et nous sommes là-devant - selon la belle formule d'Henri Michaux - comme face à ce qui se dérobe.
Toute la difficulté consistant à n'avoir peur ni de savoir,
ni de ne pas savoir."G. D.-H.
Photos de l'auteure, Grand Palais, mars 2016.
L'association Détours des Mondes propose le mardi 15 mars une conférence sur des objets a priori "uniques" dans les arts traditionnels africains. Celle-ci sera réalisée par Georges Harter :
"Pour ne pas simplifier le panorama, chaque culture a produit plusieurs types d’objets : masques, sculptures, sceptres, sièges,…
Tous ces objets sont en général très normés. Leurs créateurs observent des canons bien établis, la coutume sourcilleuse s’impose à tous, les rites commandent, sauf….
Sauf qu’il existe parfois des « unica ». Et pour notre bonheur, comme il existe quantité de normes, on finit bien par trouver un « unicum » parmi les œuvres de telle ou telle culture.
Restent quelques questions : vérifier l’unicité (ce qui n’est pas rien), spéculer sur l’authenticité (ce qui froisse certains), expliquer pourquoi et comment…
Ce premier volet aborde les œuvres d’une zone nécessairement (et arbitrairement) délimitée. On évoquera les œuvres trouvées dans les déserts, et puis Nok, les Tellem, l’empire du Mali, les rarissimes poupées Bagirmi, un mystère Gbaya, les harpes de l’Oubangui, les masques Senufo, les serrures Bamana, les maillets Baule, un masque supposé de même provenance, et deux objets dont l’origine peut être discutée".
Photo : Masque Gbaya © MQB 71.1904.17.19
Au Sénégal, le petit monde de la photographie est en deuil. Le portraitiste Oumar Ly est décédé, à 73 ans, lundi 29 février;
"Originaire de Podor, commune située en bordure du fleuve Sénégal, à la frontière avec la Mauritanie, Oumar Ly a débuté la photo en 1963. Il a ensuite passé son temps à photographier les habitants de sa ville dans son studio comme ceux de la brousse.
Les portraits d'Oumar Ly sont des témoignages uniques sur une région, celle de Podor, où il a vécu quasiment toute sa vie, mais aussi sur une époque. Quarante années d'histoire qui ont débuté en 1963 lorsqu'il ouvre le Thiofy studio. Dans la veine du Malien Malick Sidibé, il immortalise les populations de sa ville et de la vallée du fleuve Sénégal, dans leur diversité et dans leur modernité. Aux côtés des nobles en boubous, il photographie les jeunes yéyé, les filles à la mode, et les sapeurs de province.
Ce fils de marabout-commerçant découvre la photographie en regardant les colons français utiliser leurs appareils. Il économise et s'achète un Kodak d'occasion. Mais il devra patienter quelques années avant d'ouvrir son propre studio. Le destin lui donne alors un coup de pouce. Le Sénégal, devenu indépendant, veut fournir des papiers aux populations. L'administration l'embauche et l'envoie sillonner la brousse pour tirer le portrait des citoyens. Il peaufine sa technique et attire bientôt de nombreux clients dans son studio.
En quarante ans, Oumar Ly a réalisé plus de 5 000 clichés. Une mine d'information unique sur une région et sur ses mutations. Il voit son talent reconnu tardivement, en mai 2009, lorsqu'une première exposition de son travail est organisée à Dakar".
Source RFI
Consultez le portfolio d'Oumar Ly sur son site.
Photo © Copyright Oumar Ly.
La chaire de Création artistique du Collège de France accueille chaque année depuis 2005 des créateurs dans tous les domaines : architecture, arts plastiques, musique, théâtre...
Alain Mabanckou est le premier écrivain à occuper cette chaire.
Il prononcera sa leçon inaugurale, Lettres noires : des ténèbres à la lumière, le 17 mars 2016.
Cette leçon sera suivie, à partir du 29 mars, d’une série de cours et de séminaires ouverts à tous.
Repérage aujourd'hui au musée du Quai Branly des oeuvres Batak et de l'île de Nias pour ma prochaine conférence sur les monuments de pierre en Indonésie. Celle-ci fera suite à celle sur Sumba d'octobre dernier.
Ainsi que nous l'avions constaté sur les maisons et maints objets (notamment ceux des datu), le motif du singa, cet animal mythique, mélange de dragon, de serpent et de l'éléphant, est omniprésent dans l'art Batak.
Nous le retrouvons naturellement dans la sculpture de pierre, comme ici à l'avant du sarcophage de Ompu Raja Sojoloan Sidabutar à Tomok dont la tête surmonte un petit personnage (le premier occupant de cet ossuaire ?). À l'arrière, une représentation féminine tient un bol entre ces mains ; un autre est posé sur sa tête.
Un peu plus loin sur le plateau des collections, c'est un autre animal qui surprend, représenté dans la pierre. Dans l'espace réservé aux oeuvres de l'île de Nias, nous découvrons effectivement deux statues anthropomorphes assez différentes et quelque peu étranges mais aussi deux sièges de pierre monumentaux possèdant des têtes d'un animal que l'on ne sait identifier de prime abord.
Ces sièges, appelés osa osa, sont caractéristiques du centre de l'île. Ceux-ci étaient réalisés en commémoration de fêtes données pour l'obtention d'un nouveau grade.
En effet, il existait à Nias (de manières différentes selon les régions de l'île) des fêtes organisées par les hommes qui souhaitaient conquérir de la considération, du prestige, un rang, des titres. Ces fêtes constituaient des occasions de tuer des porcs, de fabriquer des ornements d’or et, pour les grades supérieurs, d'ériger des monuments de pierre et, il y a longtemps, de perpétrer des sacrifices humains.
Dans le Nord, lors de ces fêtes (et la rare photo de F. M. Schnitger de 1939 le montre), les hommes qui accédaient à un grade élevé étaient promenés en triomphe sur une sorte de palenquin de bois. C'est curieusement au centre de l'île que l'on trouve les plus beaux osa osa de pierre avec un ou plusieurs cous.
Mais quel est donc cet animal mystérieux dont la (ou les) tête(s) surgit(ssent) ?... Un être hybride, un mélange de calao, de cerf... un lasara !
Aussi mystérieuse que celle du singa Batak, la tête de lasara présente une large gueule aux lèvres charnues et à la langue pendante, des crocs et parfois un morceau de bec de calao ! Elle est surmontée de cornes peut-être celles d'un cerf. Toutes ces caractéristiques lui confèrent l'aspect d'une tête de dragon, une créature composite étrange mais toujours puissante protectrice des nobles niassais et de leurs ancêtres.
Photos 1, 3 et 4 : Musée du Quai Branly, photos de l'auteure, mars 2016.
Photo 2 : Tomok, Samosir, photos de l'auteure, août 2014.
Photo 5 : Chef Nord de Nias sur un osa osa de bois, photo © Schnitger, 1939.
Photo 6 : Osa osa de pierre, photo de l'auteure, Musée ethnographique de Medan, Sumatra, mars 2016.
Au large de la côte de Pirlangimpi au Nord de l'Australie, les îles Tiwi constituent un foyer d'art important depuis les années 1990. Du 2 au 30 avril prochain, Luc Berthier nous proposera une sélection d'oeuvres de Munupi, un centre d’art situé à Pirlangimpi représenté par les artistes suivants :
"Cornelia Tipuamantumirri (1929) est la doyenne. Son style très épuré, austère, est d’une autorité immédiatement discernable à l’œil. Rythme, scansions enchevêtrées ou diluées sont la marque de son chant initiatique.
Delores Tipuamantumirri (1959), fille de Cornelia, est un véritable phénomène. Chez elle, la fragilité et vigueur s’entremêlent dans ses larges surfaces. Lignes fluides, libres, espacements qui se resserrent, entrecoupés de liens délicats inondent la toile de ses ocres naturelles où le blanc est majoritaire. C’est une poésie vacillante qui prend son temps à dire et être lue.
Susan Wanji Wanji (1955), plus symbolique dans son approche, propose le motif central, objet de l’œuvre par excellence vers lequel convergent les danseurs, motifs vivants du sacré. D’une simple structure et monochromatique, elle crée le calme ou, à l’inverse, la riche combinaison des couleurs cérémonielles.
Parmi les jeunes encore, Carol Puruntatameri (1959), toute en effets optiques puis en touches fragiles, en est aussi une représentante pour le futur. Et Nina Puruntatameri, elle même travaille aussi sur les effets optiques.
Enfin, d’une grande épure, une œuvre de Christopher Burak sera la seule d’un homme exposée parmi toutes ces femmes résolument modernes. Elle fait étonnamment pensé à certains travaux entre le support surface et l’abstraction géométrique".Vernissage le 1er avril à partir de 18h.
Photo : © Delores Tipuamantumirri, Banapa- 2016, ocres naturelles sur lin-180 x 120cm. Courtoisy Galerie Luc Berthier.
