La fameuse et impérieuse sentence de Schiller : "L’homme ne joue que là où dans la pleine acception de ce mot, il est homme, et il n’est tout à fait homme que là où il joue" peut donner libre cours à des interprétations diverses voire contradictoires ; en tout cas classiques ou romantiques. Et si encore "la beauté est le chemin qui mène à la liberté", on sait que ces chemins sont tortueux car la beauté est "étrange"...
Alors jouons donc, mais cartes sur table, avec l'ivoire, l'écaille de tortue ou du simple carton... en prenant plutôt ce qui pourrait être des chemins de traverse qui nous mèneront cette fois-ci en Inde.
Car les ganjifas indiens, plus qu'un invitation au voyage, sont à eux seuls des mondes, des univers clos dans le cercle parfait de leur forme pourtant ouverts sur un imaginaire foisonnant.
Il y a des ganjifas moghols qui donnent à voir au travers de leurs huit couleurs de douze cartes, la cour, le roi et ses ministres, des musiciens et des danseurs... toutes les scènes classiques du répertoire des peintres de miniatures indiennes...
Il y a aussi et surtout les cartes inspirées des incarnations de Vishnou, les ganjifas des dix avatars ; ceux à douze couleurs suggérant les signes du zodiaque, ceux inspirés du Ramayana...
Un château de cartes à découvrir, que dis-je un palais des merveilles... au musée français de la carte à jouer d'Issy-les-Moulineaux jusqu'au 23 avril.
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Photo 1 : Ganjifa moghol de fantaisie. Nava-Graha Chhad - Mysore (Karnataka), 19ème siècle. © Coll. Deutsches Spielkartenmuseum Leinfelden-Echterdingen. Würrtemberg (ancienne collection Rudolf von Leyden).
Photo 2 : Roi de Matsya d'un jeu de ganjifas des avatars. Murshidabad, début 19ème siècle - Ivoire peint © Coll. Jeff Hopewell
Photo 3 : Pile de ganjifas
Photos de l'auteure, musée Français de la carte à jouer d'Issy-les-Moulineaux. Janvier 2017.