Le blog est bien silencieux ces temps-ci... J'ai déserté ces pages depuis un moment. Un passage à blanc, non pas à vide dans le réservoir d'idées toujours plein, mais plutôt dans l'envie d'écrire ici.
Il faut dire que j'écris beaucoup ces temps-ci mais sur le "vrai" papier, là où l'on entend la plume courir.
Je me suis laissée entraînée dans les mers du Sud de la fin du XVIIIème siècle et j'ai plongé dans une littérature trop abondante des Lumières où je me suis laissée submergée. Voilà ce qui arrive lorsqu'on veut tutoyer l'Histoire en entrant par une petite porte, en l'occurence celle de l'histoire des premières collections occidentales d’objets du Pacifique à la suite des voyages de Cook... Mettre notamment ses pas à la suite de ceux d'Adrienne L. Kaeppler et de ses formidables travaux d'inventaires, poursuivis encore de nos jours par d'autres conservateurs et chercheurs tout aussi passionnés. C'est assez grisant mais il faut tenir fermement le cap afin de ne pas se laisser détourner par les sirènes des chemins de traverses.
"Artificial Curiosities" ou Paradis artificiels ?
Mais avec la sueur, se dégagent heureusement des figures plus précises, plus approfondies que celles rencontrées une première fois. Par exemple, Joseph Banks,
évoqué en 2014 ;
Tupaia dont notre connaissance est assez limitée, longtemps faussée par le journal de Cook lui-même qui a toujours minimisé son rôle durant le premier voyage alors qu’on le sait primordial dans les premiers contacts avec les Maori. (Un ouvrage passionnant et bien documenté lui a été consacré il y a peu :
Tupaia, Captain Cook’s polynésien navigator de Joan Druett paru en 2011 et récemment traduit en français).
Johann Reinhold Forster, un « sale » caractère, mais indubitablement un sacré bonhomme, à la fois naturaliste, anthropologue, théologien, philologue oriental, linguiste, géographe, géologue... et son fils Georg qu'il entraîna dans le second voyage, un homme jeune et brillant de l'étoffe de « citoyen du Monde », un Jacobin qui demandera à Paris en 1793 le rattachement de Mayence à la jeune république française, mais qui mourra dans l’oubli et la pauvreté à l'âge de 39 ans.
La galerie de portraits qui compte pour la connaissance des collections, est composée d'artistes, de savants, de chirurgiens, de marins, de charpentiers de marine... qui écrivirent ou dessinèrent, mais plus sûrement collectèrent et jouèrent tous un rôle dans la dispersion des « curiosités artificielles ».
Il y a encore les protagonistes collectionneurs et/ou marchands...la liste est longue, Ashton Lever et la vente du Leverian Museum en 1806, le marchand George Humphrey, William Bullock et la vente du Bullock Museum en 1819... les héritiers, des équipages internationaux, des ventes aux enchères éparpillant les objets qui s'égrènent à la fin du XVIIIème et début du XIXème siècle...
Il n'est donc pas étonnant pour moi de faire un long voyage (bien souvent virtuel, parfois réel) en Europe : Oxford, Cambridge bien sûr mais aussi Göttingen, Berne, Vienne, Herrnhut, Saint-Petersbourg, Stockholm, Dublin, Edimbourg, Glasgow... et d'égarer mon clavier dans ce bien sérieux détours !
Photo 1 : Photo de l'auteure, Massif de la Tadrart, Algérie, mars 2002.
Photo 2 : Photo de l'auteure, Pitt Rivers Museum, Oxford, octobre 2016.
Photo 3 : Dessin de l'intérieur du Leverian Museum par Sarah Stone, 1786 © State Library of New South Wales.
Photo 4 : Photo de l'auteure, Dunes de l'Arakao, février 2005.