27 août : La Collection D'Edwin & Cherie Silver - Vente Sotheby's 13 Novembre 2017
Photo : Masque du Détroit de Torrès. Coll. part., photo de l'auteure, exposition Picasso Primitif, mars 2017.
« juillet 2017 | Accueil | septembre 2017 »
Photo : Masque du Détroit de Torrès. Coll. part., photo de l'auteure, exposition Picasso Primitif, mars 2017.
Rédigé à 07:29 dans *Sommaires MediaTribal | Lien permanent | Commentaires (0)
01 août : L'actualité de DDM-MediaTribal - Juillet 2017
02 août : Un héros de notre temps
04 août : 1er voyage : 1768-1771 (10)
07 août : 2ème voyage : 1772-1775 (11)
10 août : 3ème voyage : 1776-1780 (12)
14 août : Bibliographie - James Cook 9-10-11-12
18 août : Muthos
20 août : Tupaia, artiste du chef deuilleur (13)
22 août : Les premiers dessins du costume de chef deuilleur - Tahiti fin XVIIIème (14)
24 août : In Memoriam - Tupaia (1725-1770) (15)
28 août : Les Taonga de Tupaia (16)
30 août : Bibliographie -13-14-15-16
Photo : Détail d'un masque d'initiation masculine ejumba. MQB 71.1892.231. Photo de l'auteure, exposition L'Afrique des Routes, musée du quai Branly janvier 2017.
Rédigé à 07:17 dans *SOMMAIRES MENSUELS | Lien permanent | Commentaires (0)
Di Piazza A., 2011, « Complément d’enquête sur la carte de Tupaia : des différents usages d’un même documents au XVIIIe siècle et XIXe siècles » in Outre-mers tome 98. En ligne
• Di Piazza A. & Pearthree E., 2007, « A new reading of Tupaia’s chart » in The Journal of the Polynesian Society, vol 116 n03.
• Druett, Joan, 2015, Tupaia. Le pilote polynésien du Capitaine Cook. Ura-Editions Tahiti.
• Joppien, Rüdiger & Smith, Bernard, Art of Captain Cook’s Voyages : Volume I : The Voyage of the Endeavour 1768–1771, London; New Haven: Yale University Press, 1985.
• Lincoln M., 1998, Science and Exploration in the Pacific, The Boydell Press.
• Salmond A., 2011, L’île de Vénus. Les Européens découvrent Tahiti, Au vent des îles.
• Tapsell P., 2012 , « Footprints in the sand » in Murphy H. & Hetherington M. (eds.), Discovering Cook Collections. En ligne
Sources concernant les notes :
Rédigé à 07:51 dans *James Cook | Lien permanent | Commentaires (0)
Les nombreux dessins que Parkinson réalisa le long des côtes maori nous sont très précieux, nous renseignant sur les vêtements et les parures car on ne sait pas ce que Tupaia a précisément reçu sous forme de présents. Ainsi dans le portrait de l'homme maori (cf. note précédente), remarque-t- on l’élégant peigne en os de baleine à la base du chignon. Ces heru étaient portés par les hommes. Des exemplaires plus petits, en bois, ont également été réalisés. Un pendant en néphrite orne une oreille et un hei tiki, pare le cou du personnage. Ces pendentifs de cou sont parmi les ornements maori les plus célèbres ; ce qu’ils représentent demeure encore une énigme.
Il y a encore ces longs manteaux maori tissés en fibres de lin. Ce sont aussi des manteaux décorés de plumes et de peau de chien, portés exclusivement par des personnes de haut rang et offerts comme cadeaux de prestige. N’en faisons pas mystère : Tupaïa mourra à Batavia sur le chemin vers l’Angleterre. Son serviteur Taiata décèdera quelques jours avant lui...
« Reçu ce jour la désagréable nouvelle de la mort de Taiata", note Banks le 9 novembre. "Sa disparition a affecté tellement Tupaia qu’il y a peu d’espoir qu’il lui survive longtemps ».
Il n’y a personne à qui confier leurs objets : la flûte de Taiata, les appuie-nuques, le tabouret de Tupaia et peut-être son pectoral. Ce dernier est-il celui qu’on peut admirer au Pitt Rivers Museum sous le numéro d’inventaire 1887.1.392 ? Un de ces objets qui porte la mention Dr Lee’s Trustees et par conséquent donné par Banks au Christchurch College ...
De même la flûte de Taiata correspond-elle à l’objet PRM 1903.130.20 et l’appuie-nuque PRM 1887.1.382, est-il celui de Tupaia ? Ces deux objets proviennent des îles de la Société, portent la mention « Dr Lee’s Trustees » et ont été donnés par Joseph Banks au Christchurch College... Ce sont beaucoup d’indices qui plaident en faveur d’une telle attribution !
Il n’y avait personne à même de réclamer les biens de Tupaia et encore moins les précieux taonga remis en Nouvelle - Zélande.
Si on ne sait ce que sont devenus tous ces objets, il semble évident que Cook et Banks se les ont appropriés et on va les retrouver dans les donations faites pour beaucoup à Cambridge, au British Museum ou encore dans la collection personnelle de Cook.
On sait qu’il y a eu au moins deux manteaux (kuri purepure et kaitaka kuri ) ornés des précieux liserés appelés taniko, réalisés avec des bandes de peaux de chiens, et un hei tiki rapportés du premier voyage.
Les deux manteaux (PRM 1886.21.19 et PRM1886.21.20) ont été donnés par Joseph Banks au Christchurch College, et le hei tiki (cf. photo ci- contre ci-dessous) fut offert par Cook au roi George III et se trouve dans la collection royale HM Queen Elisabeth II à Londres.
S’agit-il des objets de Tupaia ?
Un autre objet pour le moins spectaculaire se trouve de nos jours dans les collections ethnographiques de l’université de Tübingen, en Allemagne. Il s’agit d’un poupou, c’est-à-dire d’un panneau architectural d’une maison maori. Or en octobre 1769, Banks, Parkinson, Spöring et Tupaia visitèrent une maison presque achevée dans l’île de Pourewa. Il est noté que Banks rapporta un poupou, mais étant donné le motif de cette sculpture, une représentation d’ancêtre, on peut se demander s’il ne s’agit pas plutôt, là encore, d’un cadeau de prestige à l’attention de Tupaia. Banks en fit faire un dessin par John F. Miller à son retour en Angleterre, puis on perdit pour plus de deux siècles la trace de l’oeuvre. Grâce à des recherches plus approfondies et l’existence de ce dessin, on retrouva l’objet en 1996 à Tübingen !
(A. Salmond rapporte l’hypothèse de Volker Harms (Un. de Tübingen) selon laquelle le géologue germano-autrichien F. Von Hochstetter qui visita la Nouvelle-Zélande en 1858-59 a dû acheter le panneau en Angleterre à un collectionneur. À sa mort, sa fille Emma a dû faire don de cette oeuvre à l’université de Tübingen, là où son père avait étudié dans sa jeunesse).
Mais poursuivons le voyage.
Après la Nouvelle-Zélande, cap sur l’Australie.
Les rencontres ne se passent pas de la même manière. Les indigènes sont craintifs, fuient les étrangers et Tupaia ne semble pas pouvoir réussir à communiquer avec eux. Il tente néanmoins de jouer son rôle d’intermédiaire. Les jours passent et Tupaia est de plus en plus mal.
Sa mort à Batavia demeure assez mystérieuse tant sur les causes que sur la date du décès. Sur ce point les journaux de Banks et Cook divergent. Ce dernier n’annonce le décès que le 26 décembre 1770, jour du départ de l’Endeavour de Batavia : « Le chirurgien, 3 matelots, le valet de M. Green (l’astronome) et Tupaia et son valet, victimes ici d’un climat malsain »...
(On sait que Cook mettait un point d’honneur à ce qu’aucun de ses hommes ne soit mort du scorbut !
Est-ce la raison de ce retard dans l'annonce du décès si effectivement Tupaia est bien mort en novembre comme Banks le prétend ?).
Et c’est sans compter sur les 28 autres hommes qui périront entre Batavia et l’Angleterre ; et parmi eux Sydney Parkinson, le 27 janvier 1771 suivi le 29 par le décès de Charles Green, l’astronome.
Parkinson lui aussi, avait réuni une petite collection d’artefacts pour sa cousine Jane Gomeldon, une femme de lettres, aventurière passionnée par les mers du Sud...
Que sont devenus ces objets ?
Si les voyages de Cook sont la source d’une abondante littérature, on revoit encore de nos jours les zones d’ombre de ces expéditions.
Ainsi de récents éclaircissements sur la personne de Tupaia bousculent-ils l’opinion laissée par l’épitaphe écrite par Cook : « ...He was a Shrewd, Sensible, Ingenious Man, but proud and obstinate which often made his situation on board both disagreeable to himself and those about him, and tended much to promote the deceases which put a period to his life ». Cette dernière phrase « C’était un homme intelligent, perspicace, ingénieux, mais également fier et obstiné ...» résume malheureusement le jugement que le capitaine portait sur Tupaia, ne reconnaissant à aucun moment qu’il ait pu être au moins son égal ! Mais c’est sans compter sur les différents éclairages que prennent des faits du passé à la lumière du présent.
Dans un article daté de 2011, on peut lire sous la plume de Paul Tapsell (Professeur à l’université d’Otago en Nouvelle-Zélande) : "For Maori, Tupaea may have trodden lightly on our beaches, but his footprints continue to pattern our memories through oral history. Eight generations later, we still respect the influence he had on our identity by naming our children after him" ...
Sources : Voir Bibliographie à venir.
Photo 1 : Dessin d’une pirogue de guerre maori par Sydney Parkinson © The British Library Add.MS 23920.f.46 10.
Photo 2 : Dessin d’un maori vêtu d’un long manteau et armé par Sydney Parkinson © The British Library.
Photo 3 : Pectoral, îles de la Société PRM 1887.1.392 et détail.
Photo 4 : Appuie-nuque, îles de la Société PRM 1887.1.382
Photo 5 : Flûte, îles de la Société PRM 1903.130.20
Photo 6 : Hei Tiki © The British Museum, photo de l’auteure, Londres 2008.
Photo 7 : Poupou maori © Institut d’Ethnologie, Université de Tübingen A608.
Rédigé à 10:36 dans *James Cook | Lien permanent | Commentaires (0)
Une étonnante et puissante Statue Ijo à sept têtes !
Preview à Paris de quelques objets de la vente de New York du 13 novembre prochain : La collection d'Edwin et Cherie Silver de Los Angeles comprenant des oeuvres de d'art africain, pré-colombien, océanique et américain classique.
Du 10 au 16 septembre , à la Galerie Aveline, 94, rue du Faubourg Saint-Honoré.
Photo © Sotheby's.
Rédigé à 07:31 dans Ventes Sotheby's | Lien permanent | Commentaires (0)
Tupaia, né vers 1725 dans l'île de Raiatea, reçut une « bonne » éducation, à la fois par une connaissance des généalogies et celle des méthodes de navigation. Il était ainsi devenu un spécialiste de l’histoire et de la géographie.
Lorsque Raiatea avait été envahie par des guerriers de Bora Bora, il s’était enfui à Tahiti, où il était devenu le principal prêtre de Purea (Oborea). Les Européens n’étaient pas de véritables étrangers à ses yeux car il avait déjà rencontré des membres du HMS Dolphin sous le commandement du capitaine Samuel Wallis ancré dans la baie de Matavai en 1767. Mais les anciens à bord de l’Endeavour ne l’avaient pas reconnu lorsque le navire de Cook avait mouillé dans cette même baie pour observer le transit de Vénus qui devait avoir lieu le 3 juin 1769. C’est Banks qui convainquit Cook de permettre à Tupaia et son serviteur Taiata, de venir à bord pour l'accompagner en Angleterre ; et lorsque Endeavour appareilla le 13 juillet, Tupaia guida Cook à travers les îles voisines. Il semble que le Capitaine et l’équipage de manière générale, montrèrent des signes de supériorité par rapport à Tupaia, et jamais il ne fut interrogé sur ses méthodes de navigation.
Une occasion unique et manquée !
La carte de 74 îles qu’il dessina pour convaincre Cook de ses compétences maritimes est complexe. Elle témoigne d’un concept inédit mêlant une appréciation occidentale des distances, de l’orientation et les propres manières de penser du Polynésien, toujours en lien avec la profondeur historique des évènements. Ainsi peut-on noter son commentaire à côté du dessin d’un navire : « Au temps des ancêtres de Tupaia, un navire ami est arrivé ».
Mais pas de longitude, pas de latitude, de représentation à la bonne proportion des terres, bref une carte qui s’étend sur 2500 miles d’Est en Ouest... et que Cook négligea !
S’il ne s’intéressa pas à la carte de Tupaia c’est que « depuis que nous avons quitté Raiatea, Tupia désirait fortement que nous fissions voile à l'Ouest, et nous dit que si nous continuons dans cette direction, nous trouverions de très nombreuses îles, qu'il disait avoir visitées pour la plupart... mais j'étais résolu de courir au Sud et d'aller à la recherche du continent » écrit-il.
Ce n’est donc pas grâce à cette carte incroyable que Tupaia est entré dans la légende... mais bien plutôt lorsque l’Endeavour aborda la Nouvelle-Zélande : plus qu’un bon navigateur, Tupaia se révéla sous son vrai jour, c’est-à-dire celui d’un homme de haute naissance, un arioi qui allait fasciner les Maori car il parlait la langue tapu des prêtres. Il fut traité en tant que tel, recevant des présents à la hauteur de sa condition.
Il s’agissait de taonga, ces trésors qu’on se transmettait de génération en génération car ils sont imprégnés du mana de leurs propriétaires successifs. Ainsi reçut-il probablement de précieuses capes ou manteaux tissés, des ornements en pounamou...
Tupaia avait dû embarquer sur l’Endeavour afin de chercher des armes pour combattre les envahisseurs de son île et peut-être aussi par curiosité ; mais devant cet accueil princier, a-t-il hésité à rester en Nouvelle-Zélande ? Le destin allait en décider autrement.
Contrairement aux Tahitiens, les Maori ne semblaient pas réellement effrayés par les étrangers et leurs armes. Ils défiaient systématiquement les marins par des haka, ces danses d’intimidation impressionnantes.
Sans Tupaia, il est probable que l’équipage aurait été massacré par ces fiers guerriers.
Photos 1 et 2 : Carte de Tupaia © The British Library Add.Ms 215193 (c) et détail.
Photo 3 : Dessin de la tête d’un chef maori par Sydney Parkinson © The British Library Add.MS 23920. f.55
Rédigé à 20:32 dans *James Cook | Lien permanent | Commentaires (0)
Il est vrai que le dessin de Parkinson ne se borne pas au portrait du chef deuilleur mais dépeint toute une scène dans laquelle le corps d’un défunt recouvert de tapa est exposé sur une plateforme munie d’un toit et entourée d’une barrière. Celle-ci délimite un endroit devenu tapu (sacré). Certains défunts de haut rang bénéficiaient d’un traitement spécial, comme ce doit être le cas ici, où le corps doit être éviscéré et oint d’huiles parfumées afin de pouvoir être exposé plusieurs jours.
Dans l’illustration que John James Barralet réalisa pour le récit officiel de l’expédition commandé à Hawkesworth, Account of the voyages..for making discoveries in the Southern Hemisphere paru en 1773 à partir du dessin de Parkinson, la perspective a été modifiée. L’homme probablement terrifié par le chef deuilleur et son paeho, cette crosse munie de dents de requin, s’était réfugié sur le cocotier.
Ci-dessus on le reconnait, perché sur l’arbre à pain. On distingue dans la main gauche du deuilleur, un objet brillant (dessiné aussi par Tupaia) ; il s’agit d’une paire de castagnettes en coquilles d’huitres appelées tete utilisée pour exiger le respect dû au défunt.
Dans ces temps anciens, le système social de Tahiti était très hiérarchisé. À sa tête les ari’i étaient les grands aristocrates ; puis venaient les propriétaires fonciers, les habitants libres et les esclaves. Dans un tel système compétitif au niveau des chefs, les démonstrations de prestige étaient courantes et les funérailles constituaient l’un des moments privilégiés pour afficher sa magnificence. Ainsi le costume de deuilleur principal, porté par un proche parent du défunt se devait-il être de toute splendeur. Et il l’était !
Le masque, parea, composé de deux morceaux de nacre et surmonté d’une coiffe de plumes d’oiseaux des tropiques est véritablement imposant. Le pectoral de bois, pa’utu, en forme de croissant est orné de coquilles de perles et de plumes de pigeon à chaque extrémité. Un tablier ahu parau, est réalisé à partir de lamelles rectangulaires de nacre, cousues en rangées parallèles. On dénombre aussi un certain nombre de vêtements dont un tablier recouvert de petites noix de coco et un manteau de plumes noires.
Les dessins de Tupaia constituent un témoignage unique puisque pour la première fois, on dispose de représentations indigènes sur les éléments de vie des Polynésiens du XVIIIème siècle, mais c’est encore d’une autre façon que ce savant ma’ohi (autochtone) nous intéresse pour l’histoire des collections.
à suivre...
Photo 1 : Dessin du costume de chef de deuil par Herman Spöring © The British Library Add.MS 23921.f.32
Photo 2 : Dessin d’un tupapow dans l’île d’Otaheite (représentation d’un chef de deuil) par Sydney Parkinson © The British Library Add.MS 23921.f.31(a)
Photo 3 : Gravure en couleur de John James Barralet d’après le dessin de Sydney Parkinson in J. Hawkesworth Account of the voyages..for making discoveries in the Southern H emisphere vol. II, 1773.
Rédigé à 09:15 dans *James Cook | Lien permanent | Commentaires (0)
La majorité des personnages des trois expéditions qui vont jouer un rôle dans l’histoire des collections d’artefacts des voyages de Cook est en place.
(Voir les 12 premiers articles ; nous suivons toujours la trace d'Adrienne Kaeppler à qui nous devons de longues et patientes recherches dans les musées occidentaux sur ce sujet.)
Une figure émerge, longtemps occultée, et dont le rôle par rapport à ces collections n’est pas aussi anodin qu’on a longtemps bien voulu le penser. Il s’agit de Tupaia, un personnage hors du commun, grand prêtre tahitien à la fois navigateur et traducteur, mais aussi fin connaisseur de différentes cultures locales polynésiennes. C’est Joseph Banks qui l’amena à bord de l’Endeavour lorsque le navire mouillait dans la baie de Matavaï à Tahiti au printemps 1769. Cependant, notre connaissance de Tupaia est assez limitée, longtemps faussée par le journal de Cook lui-même qui a toujours minimisé son rôle durant tout le voyage alors qu’on le sait primordial dans les premiers contacts avec les Maori de Nouvelle-Zélande. Mais un ouvrage passionnant et bien documenté vient de lui être finalement consacré : Tupaia, Captain Cook’s polynesian navigator de Joan Druett paru en 2011 et récemment traduit en français. (Difficile néanmoins de faire la part entre réalité et fiction dans cet ouvrage tant les témoignages sur Tupaia sont peu nombreux).
Elle tire enfin de l'oubli (pour nous Occidentaux) cet homme à l’intelligence exceptionnelle mais qui s’est avéré être aussi un véritable politique retors qu’elle n’hésite pas à qualifier de « Machiavel de Tahiti » !
Pour reconnaître Tupaia... aucun portrait n’existe ! Avec une recherche internet, on est invariablement ramené à ce dessin iconique qui constitue une illustration de premiers échanges entre un Européen et un indigène. Il s’agit en l’occurrence de Joseph Banks qui tend une étoffe et un Maori souhaitant troquer sa langouste. Il y a beaucoup d’expression dans les deux protagonistes... mais incroyablement, ce n’est qu’en 1998 qu’on a identifié Tupaia comme l’auteur de ce dessin et de quelques autres ; le dessinateur ayant été longtemps nommé « l’artiste du chef deuilleur ».
Ces oeuvres sont maintenant conservées à la British Library et parmi elles, le fameux dessin qui a donné le qualificatif à l’artiste, sur lequel on peut contempler un personnage presque surnaturel accompagné d’une danseuse.
Cette dernière, remarquable par ses contorsions de la bouche et de la main, a été probablement dessinée en août 1769 et peut être rapprochée de celles de Sydney Parkinson lorsque les deux hommes ont assisté à des cérémonies à Ra’iatea.
Quant à l’imposant personnage, c’est probablement au cours du rite Heva Tupapa’u qui s’est tenu en juin de la même année que Tupaia l’a dessiné.
Celui-ci est d'une très bonne précision et constitue un témoignage important puisque ces costumes (appelés heva) étaient si sacrés qu’aucun n’a pu être acheté, troqué ni n'a été offert lors de ce premier voyage (ce qui ne sera pas le cas par la suite).
Quelles étaient donc leur fonction ?
1. Dessin Joseph Banks faisant du troc avec un Maori par T upaia © The British Library Add. MS 15508, f. 11.
2. Dessin d’une danseuse et du costume de chef de deuil par Tupaia (resp. août 1769 et juin 1769) © The British Library Add.MS 15508.f.9(a,b)
3. Dessin d’une danseuse par Sydney Parkinson, août 1769 © The British Library
Rédigé à 13:28 dans *James Cook | Lien permanent | Commentaires (0)
Pour de nombreuses civilisations, au commencement était le Chaos. Puis, le Ciel et la Terre s'unirent et donnèrent vie... et ce, après bien souvent des histoires mouvementées (pour le dire sous forme d'euphémisme).
Parmi les êtres engendrés, la figure du monstre n'a cessé de fasciner, parce que mêlant les règnes ou les genres.
La Théogonie d'Hésiode, qui décrit la succession de générations divines, dépeint (entre autres) la figure d'Echnida qui engendrera une nombreuse et dangereuse progéniture...
"Callirhoë, au fond d'une caverne, produisit un autre enfant monstrueux, invincible et nullement semblable aux hommes ou aux dieux, la divine Échidna au coeur intrépide, moitié Nymphe aux yeux noirs et aux belles joues, moitié serpent énorme et terrible, marqué de taches diverses et nourri de chairs sanglantes dans les entrailles de la Terre sacrée. Ce monstre habite un antre profond dans le creux d'un rocher, loin des hommes et des Immortels : c'est là que les dieux lui assignèrent une glorieuse demeure. Renfermée dans Arime, la fatale Echidna vivait sous la terre, toujours affranchie de la vieillesse et du trépas. Typhon, ce vent fougueux et redoutable, s'unit, dit-on, avec cette Nymphe aux yeux noirs, qui, devenue enceinte, enfanta une race courageuse...
..d'abord Orthos, ce chien de Géryon, ensuite l'indomptable Cerbère, qu'on ne nomme qu'avec effroi, ce gardien de Pluton, ce dévorant Cerbère à la voix d'airain, aux cinquante têtes, ce monstre impudent et terrible, enfin la fatale hydre de Lerne, que nourrit Junon aux bras d'albâtre, pour assouvir son implacable haine contre Hercule ; mais ce fils de Jupiter, armé du glaive destructeur et secondé du vaillant Iolaüs, immola cette hydre, d'après les conseils de la belliqueuse Minerve.
Échidna fit naître aussi la Chimère qui, exhalant des feux inextinguibles, monstre terrible, énorme, rapide, infatigable, portait trois têtes, la première d'un lion farouche, la seconde d'une chèvre, la troisième d'un dragon vigoureux ; lion par le haut de son corps, dragon par derrière, chèvre par le milieu, elle vomissait avec un bruit affreux les tourbillons d'une dévorante flamme. La Chimère succomba sous Pégase et sous le brave Bellérophon. Échidna, s'accouplant avec Orthos, engendra la Sphinx, si fatale aux enfants de Cadmus, et le lion de Némée, que Junon, auguste épouse de Jupiter, nourrit et plaça sur les hauteurs de Némée pour la perte des humains. Ce lion, qui régnait sur le Trétos, sur Némée et sur l'Apésas, ravageait des tribus des hommes ; mais il périt, dompté par le puissant Hercule."
La sculptrice sénégalaise, Seyni Awa Camara, ne créé peut-être pas des monstres lorsqu'elle fait surgir de la terre ses personnages aux multiples enfants. L'interprétation simple (ou simpliste) tendrait à croire que c'est la progéniture qu'elle n'a pu avoir ou encore la mémoire
de ses frères et soeurs morts à la naissance puisque sa mère a eu à plusieurs reprises des triplés. Ce n'est pas sans faire penser à la réalisation d'Ibeji dans la culture Yoruba.
J'aime à penser qu'il y a dans ces oeuvres un mélange de ces interprétations. La réalité est toujours plus complexe et les mythes peinent à expliquer pourquoi les choses sont ce qu'elles sont.
Rédigé à 14:53 dans *Arts Africains contemporains | Lien permanent | Commentaires (0)
On ajoutera aux bibliographies précédentes (Biblio 1-2-3 et Biblio 4-5 et Biblio 6-7-8)
Endeavouring Banks, 2016, Neil Chambers (Ed.), P. Holberton Publishing, University of Washington Press.
Source supplémentaire concernant les notes :
Rédigé à 06:41 dans *James Cook | Lien permanent | Commentaires (0)
La troisième expédition part le 12 juillet 1776. Sa mission est de trouver le passage du Nord-Ouest mais officiellement il s’agit de ramener Maï à Tahiti. John Webber est le peintre du bord, il est là afin de suppléer par ses dessins « à l’inévitable imperfections des relations écrites »… et on lui doit effectivement une mine de renseignements.
William Bligh est maître d’équipage (c’est lui qui se retrouvera à la tête de la célèbre Bounty (la mutinerie se déroulera en avril 1789)) ; les chirurgiens ont double casquette, ainsi David Samwell est-il aussi écrivain et son journal fournira de précieux détails sur cette 3ème expédition. Il écrira notamment A Narrative of the Death of Captain James Cook ; puis plus tard on découvrira de sa main des textes d’anthropologie non publiés à l’époque : Some Account of a Voyage to the South Seas 1776-1777-1778.
William Anderson est aussi naturaliste et linguiste ; il a ramené de nombreux spécimens de la flore actuellement conservés au British Museum.
Enfin, William Wade Ellis est aussi un excellent aquarelliste. Ses dessins se trouvent principalement au Natural History Museum de Londres et à la Bibliothèque Alexander Turnbull de Wellington. Ils font partie probablement du matériel le moins connu des voyages de Cook, des dessins restés dans l’ombre de ceux de Webber. Outre les paysages, il semble qu’il ait produit de remarquables dessins zoologiques.
Pour ce dernier voyage, Cook reprend le commandement de la Resolution et Clerke celui de la Discovery, un navire du même type. On sait que Cook ne mènera pas l’expédition à son terme puisqu’il sera assassiné le 14 février 1779.
Une fois Maï ramené à Tahiti, les navires mettent cap vers le Nord et atteignent Hawaï où ils débarquent pour la première fois le 18 janvier 1778.
Puis, ils se mettent en quête du fameux passage et naviguent un bon moment le long du continent américain. Le détroit de Béring se révèle infranchissable même en plein mois d’août et la flotte revient à Hawaï en janvier 1779.
La suite, on la connait… Les navires poursuivront leur route vers l’Angleterre. Mais celle-ci sera encore semée d’embûches : Clerke qui a pris le commandement de la Resolution meurt au Kamtchatka en août 1779 et Gore qui commandait la Discovery depuis la mort de Cook le remplace. C’est James King (qui a poursuivi le journal de Cook) qui assure la relève sur ce dernier navire.
La flotte parviendra en Angleterre au début du mois d’octobre 1780.
Les dessins de Webber restent une source inépuisable d’informations sur ce dernier voyage, à la fois ethnographiques mais aussi comme compléments cartographiques.
Mais John Webber n’est pas qu’un artiste, il collectionne également. Une fois en Angleterre, il part peindre des paysages en Europe et de retour d’Italie, il fait don de sa collection au musée de Berne. Il s’agit de 117 objets qui constituent un tout, contrairement à la collection de David Samwell qui vend ses 800 objets, lesquels se retrouveront éparpillés dans les collections européennes publiques et privées.
On le constate donc, beaucoup de « collecteurs » occasionnels sont à bord de ces navires, des marins dont on n’a pas suivi la trace de leurs acquisitions, mais aussi des officiers, des savants, des peintres, d’origines les plus diverses dont nous connaissons souvent mieux les dons, les héritages… Les Forster étaient allemands, Spärrman et Solander étaient suédois, Webber était suisse, Gore américain, Anderson russe.. et Banks et Cook donateurs pour de nombreuses personnalités anglaises ; beaucoup de contrées ont été visitées, certaines pour la première fois par des Européens…
Cela donne un peu partout éparpillés dans le monde ces objets ethnographiques témoins de ces grandes expéditions.
Voilà les traces qu’il nous faut suivre.
Pour débuter cette galerie de portraits et d’objets collectés, un personnage bien particulier attire l’attention car il a été longtemps occulté par l’ombre de Cook, et il s’agit pourtant d’une personnalité reconnue encore de nos jours par les Maori : Tupaia, le « pilote polynésien » de Cook lors du 1er voyage.
à suivre
Photo 1 : A View of Karakakooa [today’s Kealakekua], Owhyee d'après John Webber.
Photo 2 : Red trail tropic bird par William Wade Ellis, 1777.
Photo 3 : A young woman of Otaheite, bringing a present par John Webber © National Maritime Museum, Greenwich, London.
Rédigé à 13:36 dans *James Cook | Lien permanent | Commentaires (0)
Promu capitaine de frégate, James Cook est très vite chargé de mener une seconde expédition dont les buts ne différeront guère de ceux de la première. Il doit de nouveau rechercher la fameuse Terra Australis mais en naviguant encore plus au Sud… il n’était pas allé assez loin !
Le Capitaine a beaucoup réfléchi à ce second voyage : il veut impérativement partir avec deux bateaux, ce sera l’Adventure commandé par Tobias Furneaux (qui avait été deuxième lieutenant à bord du Dolphin de Wallis) et la Resolution dont il prendra les commandes.
Ce sont des navires bien plus spacieux que l’Endeavour qui permettent d’embarquer matériel et approvisionnement (27 tonnes de biscuits de mer, 14 tonnes de boeuf salé, 13 tonnes de porc salé, 13 tonnes de petits pois, 8 tonnes de chou dans du vinaigre, 47000 litres d’eau potable… une impressionnante liste de courses !).
À bord, on retrouve l’infatigable Charles Clerke devenu premier lieutenant de la Resolution et des personnages importants pour l’histoire des collections : Johann Reinhold Forster et son fils Georg Forster, botanistes. Ils seront aidés par Anders Sparrman, un botaniste suédois embarqué au Cap. William Hodges est le peintre officiel.
La grande nouveauté à bord, c’est le chronomètre qui permettra un calcul plus précis de la longitude tel qu'on ne l'avait jamais encore réalisé. C’est John Harrison un horloger de génie qui réussit à mettre au point ces premiers chronomètres de marine. Il fut longtemps malmené par les membres du Conseil de Longitude qui ne supportaient pas qu’un horloger autodidacte réussisse là où d’autres savants avaient échoué et surtout vienne ravir le prix de 20 000 livres pour qui réussirait à fabriquer un instrument permettant de déterminer la longitude à une demi degré près. À l’époque, à cause de l’humidité et du mouvement du bateau, les horloges de bord étaient bien loin d’arriver à une telle précision, plutôt quelques minutes de retard ou d’avance par jour, là où il aurait fallu ne pas dépasser une imprécision de quelques secondes ! James Cook avait ainsi un allié précieux pour descendre très au Sud, franchir le cercle polaire Antarctique…
Ils partent ainsi de Plymouth le 13 juillet 1772 et franchissent effectivement ce cercle pour la première fois, le 16 janvier 1773. Les deux navires se perdent dans le brouillard le 8 février mais ils se retrouveront dans le Queen Charlotte Sound, le 8 avril, ce large détroit de Nouvelle-Zélande parcouru de baies profondes qui avait été repéré lors du premier voyage, et dont il était convenu qu’il constituait un excellent mouillage de ralliement.
Puis, pendant l’hiver austral de 1773, les navires vont relâcher plus au Nord, dans îles de la Société, pour redescendre vers la Nouvelle-Zélande en septembre 1773. Mais ils se perdront à nouveau et se manqueront de peu en décembre de la même année.
Entre temps, en août, un curieux personnage, le tahitien Mai, avait rejoint l’Adventure et de son côté, Cook avait établi précisément le 25 novembre le record de latitude Sud : 70°10’, caressant ainsi les icebergs !
Une mésaventure tragique va conduire Furneaux à rejoindre directement l’Angleterre : en effet, un groupe de ses marins est "sauvagement" tué près du Queen Charlotte Sound. Il n’attendra pas Cook et rentre en Angleterre avec Maï le 14 juillet 1774.
La Resolution continue, elle, ses explorations : on la retrouve en mars 1774 à l’île de Pâques, puis elle navigue vers les Marquises, Tahiti, Fidji, les Nouvelles Hébrides et la Nouvelle Calédonie. La voilà de nouveau à Queen Charlotte Sound en octobre 1774 prête pour mettre une dernière fois cap vers le Sud dans ce nouvel été austral. Dernières tentatives pour démontrer définitivement que la Terra Australis ne peut pas exister. Un mythe s’effondre !
Le 29 juillet 1775, James Cook est de retour et sa renommée n’est plus à faire. Néanmoins, un autre voyage se prépare très vite !
à suivre...
Photo 1 : Affiche de George Harrison et une copie du chronomètre H4, modèle embarqué par Cook lors de la seconde expédition.
Photo 2 : The Ice Islands, Seen the 9th of January 1773, d’après le dessin de William Hodges.
Photo 3 : Mai, gravure de James Cladwall, 1777, d’après le dessin de William Hodges © National Portrait Gallery
Rédigé à 15:16 dans *James Cook | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé à 12:02 dans *Galeries - Marché de l'art | Lien permanent | Commentaires (0)
Afin de planter le décor de ces notes sur les objets rapportés par les voyages de Cook, il nous faut faire un point concernant ces derniers. (Une brève note avait été écrite sur le sujet en 2009) .
Retour sur la première expédition.
En cette année 1768, les recommandations de la Royal Society qui décida de la première expédition vers les Mers du Sud étaient bien sérieuses ; elles donnaient des précisions quant à la nature des informations à récolter (observations précises de la faune, de la flore, des habitants), et prodiguaient maints conseils sur l’attitude respectueuse à adopter avec les indigènes.
Quant aux instructions données par l’Amirauté, elles étaient aussi très claires et détaillées : d’une part, une obligation d’observations scientifiques (celle du transit de Vénus pour le premier voyage, test du chronomètre marine de John Harrison pour le second voyage, et pour les trois voyages recherches de différentes méthodes de lutte contre le scorbut) ; d’autre part, une contribution à la résolution de grandes énigmes géographiques telles : « La fameuse Terra Australis Incognita existe-t-elle ? » ou encore « Qu’en est-il du passage du Nord-Ouest entre l’océan Pacifique et l’océan Atlantique ? » C’est bien-sûr sans compter sur les visées politiques des expéditions : Localiser et prendre possession des territoires toutes les fois que c’est possible !
Ainsi James Cook va-t-il se retrouver à la tête de la première expédition ; le départ est prévu à l'été 1768 et durera trois ans. 94 hommes (des cuisiniers, des charpentiers…), dont 11 civils et 12 soldats vont prendre la mer le 25 août à bord de l’Endeavour, une solide embarcation de seulement 43 mètres de long.
Parmi les hommes d’équipage, il y a des « Anciens », ceux qui connaissent le Grand Sud car ils étaient à bord du Dolphin, le navire que commandait Wallis qui était passé à Tahiti en 1767. Il s’agit entre autres de John Gore, un Américain qui est deuxième lieutenant de l’Endeavour et qui sait parler le tahitien et Charles Clerke qui participera aux trois voyages.
Parmi les civils, les botanistes sont Joseph Banks assisté de Daniel Solander et de son secrétaire Herman Spöring ; les dessinateurs de bord, Alexander Buchan et Sydney Parkinson.
Le 5 avril 1769, Cook arrive dans la baie de Matavaï à Tahiti mais on compte déjà la récente dépouille de l’artiste Buchan, terrassé par une crise d’épilepsie. Seuls, les dessins de Parkinson seront les témoins illustrés de ce premier voyage.
L’ observation du transit de Vénus a bien lieu comme prévu mais il faut reconnaître que c’est un échec car, malgré de bonnes conditions météorologiques, la planète ressemble dans les instruments à une informe goutte noire à l’approche des bords du disque solaire et les mesures sont de ce fait rendues très imprécises.
Cook ouvre la lettre concernant la deuxième partie de sa mission, espérant probablement rencontrer plus de succès et la mener à bien : des « instructions secrètes » qui lui ordonnent de rechercher l’hypothétique Terra Australis qui doit faire contrepoids aux continents de l'hémisphère nord… Là encore il échouera (mais pour cause, puisque cette terre n’existe pas !).
Avant de quitter Tahiti, il embarque un jeune Tahitien, Tupaia, un « prêtre-navigateur » de Ra’iatea, incroyable connaisseur de la géographie du Pacifique mais plus encore que cela...
Cook atteint la Nouvelle-Zélande le 6 octobre 1769 et cartographie l'intégralité de ses côtes, et c’est ainsi qu’entre octobre 1769 et avril 1770, il montre qu’elle ne peut faire partie du grand continent recherché.
Il met cap à l’Ouest afin de parvenir au Sud-est de l’Australie puis remonte là aussi ses côtes. Il débarque ainsi pour la première fois à ce qu’il nomme Botany Bay le 29 avril 1770. Un endroit qui deviendra célèbre puisque c’est la région où la première colonie pénitentiaire britannique s’installera en 1787 débutant la période de colonisation de l’Australie par les Britanniques.
Sur le chemin du retour, des dangers vont l’attendre.
C’est tout d’abord la Grande Barrière de corail qu’il heurte le 10 juin 1770 et les réparations vont l’attarder en Australie jusqu’à l’automne. Le navire atteint enfin Batavia (Djakarta) au mois d’octobre mais reste immobilisé quelques mois pour réparations et approvisionnement.
Jusque là Cook avait été draconien sur la nourriture, obligeant ses hommes à manger du chou conservé dans du vinaigre qu’il avait embarqué à profusion. Personne n’était mort du scorbut, un exploit à l’époque !… C’est ce qui est écrit dans le Journal de bord de Cook mais la réalité est certainement autre. Il est vrai qu’en cette fin du XVIIIème siècle, Batavia est un port très malsain et cette escale va se révéler meurtrière. Parkinson meurt à cause de la dysenterie le 26 janvier 1771.
Il y aura près de trente morts sur place ou sur le trajet jusqu’à Cape Town en Afrique du Sud (mars-avril 1771).
Parkinson laisse un énorme travail de dessinateur : Le British Museum possède 18 volumes de ses dessins de plantes, 3 volumes sur la faune, et une multitude de dessins sur les paysages australiens, tahitiens ou encore néo-zélandais ainsi que de très beaux portraits… Plus étonnant, le Florilegium ne sera publié qu’en 1975 et rendra publique la richesse incroyable de ses études botaniques !
Quant à Tupaia, il meurt en novembre ou décembre 1770… la date est imprécise, les causes de sa mort également. On parle de paludisme mais de nombreux commentateurs évoque le scorbut.
Le retour de l’Endeavour en Angleterre en juillet 1771 est naturellement salué à l’aune de l’exploit accompli, et en 1773 John Hawkesworth va publier comme prévu le récit du voyage. Il s’agira d'une somme importante réunie en trois volumes Account of the Voyages in the Southern Hemisphere, mais cet ouvrage sera pourtant unanimement rejeté par les critiques, et Cook lui-même soulignera son inexactitude, et son goût mal venu pour un sensationnalisme que l’auteur avait cru bon donner à ce récit.
à suivre...
Photo 1 : Carte des routes de Cook © Encyclopaedia Britannica.
Photo 2 : M. Banks shows the Indians the planet Venus on the sun, © T.D.R
Photo 3 : Détail d’une carte établie par James Cook sur Botany Bay. © British Library Add.Ms.31360f.32
Rédigé à 09:28 dans *James Cook | Lien permanent | Commentaires (0)
C'est ce titre emprunté au roman de Lermontov qui me vient à l'esprit lorsqu'on évoque ce Russe, indubitablement lié pour nous à l'anthropologie du Pacifique Sud : Nicolaï Miklouho-Maclay.
J'ai toujours imaginé, au travers de ses photographies, comme un idéaliste romantique, beau et ténébreux... ce qu'il n'était pas vraiment, semble-t-il...
Avril 1888, lors d'une visite en Russie avec son épouse Margaret et leurs deux enfants, il travaillait sur la publication de ses manuscrits et c'est là qu'il trouva la mort des suites d'une tumeur. Il avait 41 ans.
Outre son apport en anthropologie et biologie, il est connu pour s'être fortement impliqué dans les questions de la traite des travailleurs et des esclaves et avoir activement oeuvrer pour son abolition.
Un rare film daté de 1947 (en russe) retrace sa vie. Débutant en 1888, il revient sur la vie de Mikouklo-Maclay et, à défaut de comprendre, on trouvera de l'intérêt dans les images reconstituées de "terrain".
Ses dessins et photographies sont également une mine d'informations. Parmi eux, on remarque l'étrange sculpture qui m'avait interpelée lors de la "preview" parisienne de la vente Sotheby's New York de mai 2013...
J'avais écrit à l'époque un article sur cette magnifique et étrange sculpture et ce à partir de la notice fournie par le catalogue de la vente.
À relire donc Une imposante statue d'ancêtre de la Baie de l'Astrolabe
Photo : © А.Пазетти, (Pazetti), 1880, Saint Petersbourg.
Dessins in Mikouklo-Maclay Diaries.
Rédigé à 09:04 dans *Ethnologues, Anthropologues..., OCEANIE | Lien permanent | Commentaires (0)
DDM-MediaTribal est un blog consacré à la documentation autour des arts premiers : des catalogues de ventes aux enchères en pdf et des bibliographies sur des thématiques précises et qui font l'objet de nos conférences constituent les principales ressources qu'on peut y trouver.
Notre revue bi-mensuelle ainsi que des documents concernant la vie de l'association se trouvent sur l'Espace Membres Cent Détours. Celui est réservé à nos adhérents.
Au sommaire ce mois-ci :
* L'Actualité de Bernard Martel,
* Mémoire Argentique : "Le dix mai" par Chantal Harbonnier-Pasquet,
* Portflolio : "« Mystic » d’Angèle Etoundi Essamba" par Bernard Martel
* Un petit Détour vers... "Les objets polynésiens des voyages de Cook (9) : "Portraits et Paysages" par Martine B.-Pinard,
* Avant Première : "Île de Pâques - L’énigme des moai élucidée par la tradition orale" par Jean-Hervé Daude,
* Avant Première :"Aventuriers des mers à Marseille".
Rédigé à 08:21 dans **ASSOCIATION DETOURS DES MONDES | Lien permanent | Commentaires (0)