Lorsqu'on observe la planche du précédent article intitulée "Les idoles familiales des Pomaré", on ne peut être que frappé par leurs aspects.
Cette "non-forme" a le mérite de soulever la sempiternelle question des fétiches, des idoles, des icônes comme "incarnations" du divin. Comment des objets qui n'ont pas les traits de le transcendance (impossible par définition), qui n'ont aucune intention de représentation, peuvent-ils acquérir une agentivité pour rendre compte de la Présence ?
Comment, dans le cas des idoles tahitiennes, des objets "informes", des morceaux de bois généralement "emballés" pouvaient-ils acquérir du mana, du pouvoir, devenir des objets sacrés capables de "présentifier" le divin ?
Cette question a animé bien des discussions au sein des historiens de l'art et des anthropologues... Parmi eux, citons Alfred Gell (avec notamment L’art et ses agents, une théorie anthropologique), et Adrienne Kaeppler, "Containers of Divinity", un article de 2007 in Journal of Polynesian Society 116-1 ; s'appuyant entre autres sur les travaux de Babadzan (1993) Les dépouilles des dieux. Il y a eu bien sûr d'autres contributeurs sur ce sujet complexe et autour de différents objets polynésiens.
Dans le cas des to'o et des cérémonies Pa’iatua, il semble que cette présence du divin s'acquérait au cours du rituel qui accompagnait le processus de l'enveloppement par du sennit et des plumes rouges, la divinité "se distribuant" alors vers les humains au travers du mana, cette substance vitale qui permet de régénérer l’ensemble des corps présents (corps des dieux, corps des hommes).
Photo : Fare Atua LMS 120 avec To’o OC1981.Q.1551© The British Museum
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