Vente Documentation, Asie, Archéologie et Curiosités le 7 juin 2021 à 11H à Rennes, Vente Amériques, Indonésie, Océanie et Afrique le 7 juin 2021 à 14h à Rennes.
Dans les expéditions lointaines, combien de participants ne sont pas passés à la postérité et sont restés méconnus, dans l'ombre d'un chef, d'un capitaine... Mais, parfois, et malheureusement ce n'est pas si souvent, on découvre après coup leur importance. Il en est ainsi par exemple des informateurs autochtones, des guides, mais aussi des femmes accompagnatrices de leur époux diplômé ou dont on a proclamé quelque autorité pour faire partie du voyage, et qui, elles, participent "au mieux" comme assistantes bénévoles.
C'est ainsi qu'à l'occasion du très riche colloque CTHS intitulé Collecter, collectionner, conserver et qui s'est tenu en ligne du 4 au 7 mai dernier, nous avons pu assister, parmi les nombreuses présentations, à celle de Véronique Dorbe-Larcade intitulée Willowdean Chatterson Handy sur le terrain : le Bernice P. Bishop Museum d’Hawaii et la préservation de la culture polynésienne (1919-1925).
Le Pitt Rivers Museum avait réalisé il y a deux ans une exposition intitulée Intrepid Women dont j'ai déjà eu l'occasion de parler dans ce blog.
Les femmes pionnières en anthropologie à Oxford, sont de nouveau sous le feu de l'actualité, avec la sortie d'un nouvel ouvrage : Undreamed Shores : The Hidden Heroines of British Anthropology de l'anthropologue Frances Larson. Cette dernière s'est attaché à la vie de cinq femmes : Katherine Routledge, Maria Czaplicka, Winifred Blackman, Beatrice Blackwood et Barbara Freire-Marreco qui ont pour point commun de s'être inscrites à Oxford pour suivre les cours du premier master en anthropologie. C'était dans les premières décennies du XXe siècle.
Toutes les cinq ont pratiqué des terrains très différents. L'anthropologie était alors interprétée comme une "ethnographie de sauvetage". Les femmes avaient été autorisées à assister à des conférences et à passer des examens avant 1920, mais elles ne pouvaient pas officiellement obtenir leur diplôme. Quant à leur avenir après ce cursus, les choses n'allaient pas de soi, il n'y avait pas de poste pour une femme.
Ainsi, après avoir terminé le cursus en 1908, Barbara Freire-Marreco a reçu une bourse de recherche à Oxford en 1909 et s'est rendue au Nouveau-Mexique pour vivre et étudier une communauté amérindienne Pueblo.
Maria Czaplicka était polonaise et est venu étudié à Oxford mais elle devait impérativement trouver un emploi après avoir terminé son cursus. Le professeur Robert Marett, et la directrice du Somerville College, Emily Penrose, ont réussi à réunir de l'argent pour qu'elle puisse travailler sur son livre, Aboriginal Siberia : A Study in Social Anthropology . Elle a donc monté une expédition pour le centre de la Sibérie en 1914. Son équipe était composée de deux femmes, une ornithologue et une artiste ; et un Américain, Henry Hall. Ce fut un succès malgré des conditions extrêmes. De retour à Oxford, elle a commencé à travailler comme conférencière au Pitt Rivers Museum.
Katherine Routledge est peut-être, avec Béatrice Blackwood, la plus connue des cinq. Mariée à un propriétaire terrien en Afrique orientale britannique, elle s'est intéressée au peuple Kikuyu. Tous les deux, ils ont rédigé un ouvrage : With a Prehistoric People: The Akikuyu of British East Africa. Mais elle ne s'est pas arrêté là ; elle a eu les moyens de faire construire un bateau, et se rendre avec son mari sur l'île de Pâques et plus tard à Mangareva. Elle est notamment célèbre pour son livre Le mystère de l'île de Pâques, à la suite de quoi, elle a donné des conférences.
Le sort ne fut pas le même pour Winifred Blackman devenue assistante au Pitt Rivers Museum, cataloguant les artefacts. Elle travaillait pour subvenir au besoin de sa famille. Quelques années plus tard, elle a cependant réussi à rejoindre son frère, archéologue en Égypte, et elle a vécu avec les populations locales. À la suite de quoi, elle a publié The Fellahin of Upper Egypt ainsi que de nombreux articles, mais a toujours eu du mal à trouver des fonds pour ses voyages de recherche.
Contrairement à ses prédécesseures, Beatrice Blackwood a pu obtenir un diplôme et a travaillé comme assistante de recherche à l'université d'Oxford. En 1924, elle a passé trois ans sur le terrain au Canada, et aux États-Unis dans les mêmes communautés que Freire-Marreco. Puis, elle fut la première femme anthropologue à se rendre en 1929 dans les îles de Buka et de Bougainville. En 1935, Blackwood devint assistante en ethnologie au Pitt Rivers Museum et en 1936, elle entreprit son troisième terrain dans l'intérieur de la Nouvelle-Guinée.
Son travail de terrain s'est inspiré de la méthodologie de recherche en anthropologie prônée alors par Bronislaw Malinowski, une observation participante à long terme. Son ouvrage Both Sides of the Buka Passage, basé sur son travail aux Îles Salomon, témoigne de cette approche. Elle a ensuite occupé le poste de conservatrice adjointe au Pitt Rivers Museum jusqu'à sa retraite. Elle fut la seule sur les cinq femmes dont parle Frances Larson, à avoir pu se forger une véritable carrière universitaire ; les autres n'ont jamais reçu la reconnaissance académique, ni un emploi universitaire à l'instar de leurs homologues masculins.
Certaines ont payé un prix fort pour leur volonté de se hisser dans un milieu d'hommes : Maria Czaplicka s'est suicidée après que sa demande de bourse ait été rejetée ; Katherine Routledge et Winifred Blackman ont passé les dernières années de leur vie dans des hôpitaux psychiatriques. Barbara Freire-Marreco a refusé un poste universitaire en Amérique pour soutenir la carrière de son mari, d'abord en Angleterre, puis en Espagne.
Les galeries rouvrent leur porte et la huitième édition de Paris Tribal, un salon à ciel ouvert créé il y a 8 ans à l'initiative de marchands de Saint-Germain-des-Prés, a décidé de se tenir du 17 au 22 juin 2021. À cette occasion 25 galeries participeront. Parmi elles, signalons les galeries membres de notre association Détours des Mondes :
• Voyageurs & Curieux A l’occasion des 20 ans de la galerie, Voyageurs et Curieux présente une exposition anniversaire accompagnée d’un catalogue sur les Sculptures de Mélanésie dans son nouvel espace d’exposition : 20 rue Mazarine, 75006 Paris, du 17 juin au 17 juillet 2021.
• Galerie Flak La Galerie Flak présente une collection de dix boucliers de guerre Phantom ornés de superhéros. Ces boucliers proviennent des Hautes-Terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Man Who Cannot Die, Phantom shields of the New Guinea Highlands, le tout nouvel ouvrage de référence sur le sujet publié par Chris Boylan & Jessica Phillips sera présenté au public français dans le cadre de cet événement.8 rue des Beaux-Arts, 75006 Paris - du 17 au 22 juin 2021.
• Galerie Meyer Anthony JP Meyer présente une double exposition Signes, Volutes et Graphismes, où des objets d’art Océaniens et Eskimo qui ont la particularité d’être ornés de signes, volutes et graphismes "dialogueront" avec les dessins étranges et singuliers de l’artiste Serge DUBUC. 17 rue des Beaux-Arts, 75006 Paris - du 17 au 22 juin 2021.
• Punchinello La Galerie Punchinello est située dans le cœur historique du quartier du Marais, entre le Musée Carnavalet et le Musée Picasso. Depuis 1985, la Galerie se consacre aux Arts anciens d’Asie et d’Océanie. 16 rue du Parc Royal, 75003 Paris.
• Kanaga Spécialiste en arts africains et océaniens depuis 1987, Stéphane Mangin est installé dans la galerie de la famille Vérité à Montparnasse depuis 1996. 141 boulevard Raspail, 75006 Paris.
Parmi les dessins de Piron, réalisés lors de l'expédition de d'Entrecasteaux, celui représentant des récipients s'est retrouvé sous le feu de recherches actuelles. C'est ce que Stéphanie Leclerc-Caffarel, responsable des collections Océanie au musée du Quai Branly-Jacques Chirac, a expliqué, il y a peu, lors du dernier PAA Meeting. Lors de la recherche des objets mentionnés dans l'Atlas de La Billardière, on remarque dans la planche ci-dessus le dessin d'un contenant souple reproduit à droite. Identifié comme un sac à eau de Tasmanie (D'Entrecasteaux est en Tasmanie du 21 avril au 28 mai 1792 et du 21 janvier au 21 Février 1793), réalisé à partir d'une certaine sorte d'algue, cet objet existe-t-il encore dans une collection publique ? Nous savons qu'un certain nombre des artefacts collectés par La Billardière avait pu se retrouver au muséum d'histoire naturelle à la fin du 18ème siècle. Un indice induit la recherche vers la collection de Vivant Denon : la planche 2 de son Monuments des arts du dessin chez les peuples tant anciens que modernes nous dévoile un sac très semblable (numéro 8 ci-dessous).
La revue Gradhiva fut créée en 1986 par Michel Leiris et Jean Jamin, présentée alors comme un lieu de débats sur l'histoire et les développements de l'anthropologie.
Depuis 2005, la revue est publiée par le musée du quai Branly - Jacques Chirac et se consacre à l'étude scientifique des arts au sens le plus large du terme. Cette dernière est accessible en ligne du n°1 de 2005 à aujourd'hui n°32 de 2021 sur le site de OpenEdition Journal.
Mais depuis peu, une bonne nouvelle, on peut retrouver en accès libre les 34 premiers numéros de 1986 à 2003 sur le site Persée.
Jacques-Julien Houtou de La Billardière est un naturaliste français dont sa biographie est parfaitement résumée dans l’article de A. Chevalier : Un grand voyageur naturaliste normand. À la suite de mon précédent article, il nous intéresse plus particulièrement de par sa présence sur La Recherche auprès d’Antoine Bruny d’Entrecasteaux.
L’expédition d’Entrecasteaux renoue avec les grands voyages maritimes scientifiques. Pour résumer, ce sont plus de 200 marins et 12 savants qui sont du voyage à bord de La Recherche et de L’Espérance, ce dernier vaisseau étant commandé par Jean-Michel Huon de Kermadec. Les navires atteignent la Nouvelle-Hollande (Australie) et en font le tour en 1792. La flotte repart plein Nord, car des uniformes français portés par des insulaires semblent avoir été aperçus dans l’archipel Bismarck. Première étape, les îles Salomon, passant sans le savoir très près de la zone du naufrage de La Pérouse. En 1793, d’Entrecasteaux refait un tour de l’Australie sans toutefois repérer la moindre trace de La Pérouse porté disparu depuis janvier 1788. Puis, l’expédition poursuit sa route vers l’Est. Les équipages sont épuisés, divisés sur la stratégie du commandant et souvent menacés par les autochtones lorsqu’ils souhaitent aborder une île. D’Entrecasteaux, atteint de scorbut, meurt en mer en juillet 1793, après la mort en mai de Huon de Kermadec. Élisabeth-Paul-Édouard de Rossel commande L’Espérance et Alexandre d’Hesmivy d’Auribeau, La Recherche. Ils décident de naviguer en direction de Surabaya. Mais la France est en guerre avec la Hollande et ils sont retenus prisonniers. Les deux hommes, royalistes de conviction, décident de se mettre sous la protection de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, les Hollandais saisissent donc les deux navires…
Jesper Kurt-Nielsen, conservateur au musée national du Danemark, a écrit l'année dernière un livre (malheureusement pour la plupart d'entre nous, en danois !) sur un personnage peu connu : Agner Møller, médecin militaire, affecté à Java avec sa femme et ses deux enfants, afin de travailler pour le gouvernement colonial néerlandais.
Mais son comportement provocateur et plus que marginal déplait particulièrement aux officiers en place et il est envoyé sur l'île de Nias en 1923.
Ces quelques notes sont issues d'une passionnante présentation qui vient de se tenir en ligne dans le cadre de la Tribal Art Fair d'Amsterdam et qui nous a permis de découvrir notamment une importante collection de photographies prises par le photographe chinois, Ho Teng Lin, qui a accompagné Møller dans ses pérégrinations.
Particulièrement intéressé par l'ethnographie et la linguistique, Agner a beaucoup voyagé dans l'île de Nias, puis il a commencé à collecter des artefacts à la demande de Thomas Thomsen, alors directeur du Musée national danois.
Une légende a longtemps circulé qu'il avait ramené une maison niassienne entière au Danemark, car souhaitant acquérir des éléments de l'intérieur d'une maison traditionnelle, il fut obligé de l'acheter à son propriétaire dans son intégralité. Mais celle-ci n'est jamais venue au Danemark en petits morceaux...
Møller a essentiellement collecté des objets de la vie courante. Près de 750 objets sont ainsi conservés au musée national. Une entorse à cette règle est illustrée par cet autel collecté vide en 1927 ; les figures d'ancêtres ont été remplacées par des similaires.