La note d'intention de l'exposition est claire et dictée par le directeur du musée : « Nous voulons savoir beaucoup mieux quelle est l’origine des objets et si l’on peut établir qu’ils ont été obtenus par un vol, par de la violence, par de la manipulation » en résonance avec une loi promulguée en 2022 en Belgique visant à la restitutions des biens spoliés entre 1885 et 1960.
Une recherche de provenance légitime, mais dont la systématisation actuelle et son utilisation s'effectuent dans un contexte unique de contrition saturant de nombreux débats sociaux et politiques :
En exposant ces oeuvres, les originaux ou leurs copies (pourquoi pas), et en les donnant à contempler sans les noyer dans un discours de repentance sans fin, on met en avant la créativité et le génie de certains artistes (dont il faut naturellement rechercher les noms et les ateliers), et on les érige en ambassadeurs de cultures africaines plus ou moins connues.
Il n'est nul besoin de se vautrer dans une culpabilité stérile dont le curseur, à géométrie variable, est fixé selon l'intensité de la repentance coloniale qu'émet l’opinion publique du moment.
Le souhait d’un retour d’œuvres africaines vers l’Afrique est naturellement légitime bien qu’il pose des questions de fond et de forme.
Suivons en ce sens une idée évoquée par Julien Volper : « Plutôt qu’une politique de restitution qui suit simplement la mode du moment, la Belgique ne devrait-elle pas créer une antenne de l’AfricaMusem, un « Tervuren-Kinshasa » sur le modèle du Louvre-Abou Dhabi, en formant un personnel congolais (gardiens, conservateurs, restaurateurs,…) rémunéré aux mêmes salaires que ceux qui prévalent chez nous? Cela garantirait un transfert aller-retour régulier et sécurisé des collections, une visibilité des œuvres dans les deux pays et un partenariat de long terme ».
Les musées d'ethnographie vont mal à notre époque concernée par le contexte "anthropocène" et les processus "décoloniaux". Certes, il faut tout repenser, de l’accrochage ordinaire aux expositions afin de constituer de véritables musées de restitution des connaissances et de débats publics.
Certains musées réussissent mieux que d'autres. Pour ces derniers, leurs expositions temporaires semblent se borner à ne questionner que les faces "terribles" de notre société et paradoxalement elles ne donnent à voir qu'un grand vide parsemé de quelques œuvres perdues au milieu de panneaux de textes qui, eux, nous gavent de prêt-à-penser.
Entre autres, un petit bol d'air à méditer : Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux !
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