Il ne reste plus que quelques jours pour découvrir la magnifique exposition du
Musée de l'Homme :
Préhistomania.
Dès l'entrée, nous plongeons dans la beauté et le mystère des relevés opérés dans des grottes du monde entier.
Ce sont d'abord les peintures de San, dans le sud de l'Afrique, qui nous donnent à contempler des personnages longilignes, souvent occupés à des actions dont nous peinons à comprendre le sens. Telle est, ci-après, cette scène énigmatique intitulée Cérémonie de la pluie avec éclair.
La figuration humaine a la primauté en ce début de parcours. Du Tassili N'Ajjer du sud de l'Algérie, nous retrouvons les relevés d'Henri Lothe, connus par leurs personnages aux têtes rondes et parmi eux,
le célèbre grand dieu aux orantes.
Ou encore dans l'Ennedi, des personnages richement vêtus et parés, comme des dames sortant d'une salle de bal, qui ornent les relevés de Gérard Bailloud, réalisés plus tard, dans les années 1956-57.
Mais les études sur l'art rupestre sont loin de se limiter à l'Afrique et nous retrouvons de magnifiques relevés provenant de Papouasie occidentale dans un enchevêtrement de mains et de pieds mais aussi de formes anthropozoomorphes qui stimulent notre imaginaire.
La partie suivante de l'exposition met en scènes les réalisations des relevés sur les sites en suivant les missions de Frobenius, de l'Abbé Breuil, ou encore de Lhote et Bailloud.
Puis on s'achemine vers la reconstitution des premières expositions qui mêlent historique et art moderne et qui ont propulsé la vision artistique de ces relevés vers le grand public. C'est d'abord le tandem Paul Rivet - Georges Henri Rivière qui ont mené une active politique d'expositions temporaires au Musée d’ethnographie pendant ce qu'on a appelé "
le moment du Trocadéro".
En 1933, ils font découvrir les relevés d'art préhistorique. Puis en 1937, c'est Alfred Barr, directeur du MoMA, qui choisit de les présenter accompagnés d’oeuvres modernes.
L'art rupestre dialogue alors avec l'art des avant-gardistes !
On pourra en juger avec le rapprochement du relevé du Gisant avec masques à cornes (Zimbabwe 1929) avec Canaïma, oeuvre de Wilfredo Lam (1947).
L'exposition, très riche visuellement, expose de nombreux documents soulevant des questionnements scientifiques et historiques. On trouvera des informations complémentaires dans
le dossier de presse.
Photo 1 : Grands éléphants, autres animaux et hommes peints sur plusieurs couches, relevé de Joachim Lutz, 1929, Ruchera, Malopos, Zimbabwe © Institut Frobenius. FBA-D4-01619.
Photo 2 : Procession, peinture rouge, relevé d'Elisabeth Mannsfeld, 1929, Chikupo, Chinamora, Zimbabwe © Institut Frobenius. FBA-D1 02324.
Photo 3 : Cérémonie de la pluie avec éclair, relevé de Joachim Lutz, 1929, Rusawi, Mashonaland, Zimbabwe © Institut Frobenius. FBA-D3-01639.
Photo 4 : Le Grand dieu aux orantes, rlevé d'henri Lhote, 1957, Séfar, Tassili N'Ajjer, Algérie © Musée de l'Homme.
Photo 5 : Sans titre, relevé de Gérard Gailloud, Gaora Hallagana VII, Ennedi, Tchad © Musée de l'Homme 995.5.84.
Photo 6 : Silhouettes de mains et de pieds, relevé d'Albert Hahn, 1937, Abba, Papouasie occidentale © Institut Frobenius. FBA-D4-03237b
Photo 7 : Gisant avec masques à cornes, relevé d’Agnes Schulz, 1929, Zimbabwe.
Photo 8 : Canaïma (tête), 1947, Wifredo lam © Collection privée.