Une passionnante exposition vient d'ouvrir à l’Atelier Martine Aublet (
Musée du Quai Branly-Jacques Chirac) et ce jusqu'au 13 octobre prochain. Elle rend compte de populations méconnues car occultées par "l'épopée" de Christophe Colomb que sont les Taïnos, dans les Grandes Antilles, et les Kalinagos, dans les Petites Antilles, deux sociétés autochtones qui peuplaient les Caraïbes.
Son commissaire
André Delpuech, avait déjà eu la gentillesse de nous présenter au sein de
l'association Détours des Mondes ces sociétés amérindiennes de la mer des Caraïbes qui furent en première ligne à subir la conquête européenne.
Elle veut aussi commémorer la première exposition
« L’art des sculpteurs taïnos » présentée au Petit Palais il y a 30 ans, à l’initiative de Jacques Chirac, alors maire de Paris, et avec le collectionneur et marchand d’art Jacques Kerchache comme commissaire.
Parmi les objets étonnants des Taïnos, on connaît ces pierres à trois pointes ou trigonolithes sur lesquels nous n'avons que quelques interprétations essentiellement liées à la fertilité. De fait, très peu de témoignages nous sont parvenus et on cherche toujours l'original du manuscrit de
Ramon Pané, un "pauvre ermite de l'ordre de Saint Jérôme" castillan qui a participé au deuxième voyage de Christophe Colomb, et a débarqué sur l'île d'Hispaniola au tout début de l'année 1494.
Il existe bien une version italienne du texte de Pané, publiée en 1571 à Venise, donc près d'un siècle plus tard et qui a donné lieu à de multiples spéculations.
Parmi les rites encore mystérieux, il y a bien sûr les jeux de balle chez les Taïnos qui nous laissent pour témoignages ces imposants jougs ou colliers et pierre, mais aussi le rituel de la cohoba durant lequel les hauts dignitaires (les caciques) et les chamans participaient. Après un jeûne prolongé et des vomissemnets volontaires (d'où la présence de ces spatules vomitives ouvragées), ils inhalaient une poudre à partir d'une plante aux propriétés hallucinatoires. Grâce à elle, ils obtenaient la marche à suivre sur les récoltes, la guerre ou encore des conseils thérapeutiques.
Photo 1 : Vitrine Taïno, photo de l'autrice, juin 2024.
Photo 2 : Vitrine Kalinago, photo de l'autrice, juin 2024.
Photo 3 : Trigonolithe Taïno (Zemi), île de la Dominique © MQB 71.1893.60.1
Photo 4 : Détail Vitrine Taïno, photo de l'autrice, juin 2024.