Il s'attaque, entre autres, à l'idée des "Grandes découvertes" façonnée par le narratif des succès et non pas des échecs, et où la France n'a eu aucun rôle à jouer. L'exemple qu'il choisit est un voyage méconnu, celui de deux capitaines dieppois, Jean et Raoul Parmentier, partis le 3 avril 1529 pour les îles des épices. Deux navires ont été affrétés pour l'occasion, Le Sacre et La Pensée par le riche armateur Jean Angot.
Jean Parmentier n'est pas seulement doué de compétences maritimes, c'est un poète subtil et complexe qui a remporté de nombreux prix de poésie.
Mais le 19ème siècle, qui a retrouvé le manuscrit d'origine, l'a oublié comme poète de la Renaissance et, au contraire, en a trop fait en érigeant le récit de ce voyage comme la preuve d’une glorieuse contribution française aux "grandes découvertes". Car ce fut bel et bien un échec. Les capitaines et nombreux membres d'équipage moururent et les survivants ne ramenèrent que peu de poivre en France. Leurs rencontres avec les sociétés de l'océan Indien montrent aussi que ce dernier était un creuset de civilisations,"un monde plein", qui n'attendait pas d'être "découvert" et que l'époque affichait une plus grande mobilité qu'on n'aurait pu le penser !
Ceci n'est qu'un aspect de ce livre passionnant qui, comme les précédents ouvrages de Romain Bertrand, met à mal nos certitudes.
Photo 1 : Miniature accompagnant le poème de Jean Parmentier : "Au parfaict port de salut et de joie" in Chants royaux du Puy de l’Immaculée Conception de Rouen
Photo 2 : Carte de Sumatra in Le discours de la navigation de Jean et Raoul Parmentier de Dieppe. Voyage à Sumatra en 1529. Description de l'isle de Sainct-Dominigo Publié par M.Ch. Schefer, 1883.
Photo 3 : Carte du voyage in Le Sacre et La Pensée de J M Barrault.
Commentaires