Qui n'est pas fasciné par les écritures mystérieuses ?
Il y a 10 ans, j'avais écrit une note sur les Pustaha batak ainsi que sur Herman van der Tuuk Neubronner, un érudit qui a séjourné à Sumatra Nord, entre 1851 et 1857, et qui rapporta un certain nombre de ces précieux documents aux Pays-Bas.
Parmi ceux-ci, celui d'Amsterdam : le Grand Pustaha.
Je l'ai redécouvert récemment en visionnant une des présentations données lors du Tribal Art Fair Amsterdam 2020 : The magical drawings in the Batak book of Charms par Dr. Uli Kozok et FJ van Nispen :
En 1862, Van der Tuuk a fait don de sa collection de manuscrits batak au musée ethnographique de la société zoologique Natura Artis Magistra. Comme nous le remarquons ci-dessous, dans une gravure de 1866, le Grand Pustaha est placé au milieu de la pièce et entouré de cornes médicinales batak et de bâtons de datu.
Surmonté d'une représentation de Naga Padoha, le maître du monde souterrain, l'ouvrage possède 56 pages réalisées en écorce battue. Une fois dépliées, elles forment une bande de 17 mètres de long !
Pour compliquer l'analyse de l'écriture des pustahas, il faut savoir que chacun des cinq ou six groupes ethniques Batak (Angkola-Mandailing, Toba, Simalungun, Dairi/Pakpak, Karo) a développé son propre système d'écriture, dérivé de l'écriture indienne Brahmi. Par exemple, le système d'écriture Toba Batak qui fut le plus rapidement étudié, est composé de 19 graphèmes qui correspondent aux 19 consonnes de la langue Batak en combinaison avec la voyelle inhérente /a/... j'avoue que la suite m'a échappé...
Pour en savoir plus, on pourra lire avec intérêt l'ouvrage largement illustréThe Power of Writing: The Manuscript Culture of the Toba Batak from North Sumatra publié à l'occasion de l'exposition qui s'est tenue au MARKK de Hambourg en 2010.
Celui-ci est mis à disposition en ligne : Télécharger "The power of writing..."
Ce manuscrit contient, entre autres, le texte de l’oracle du citron donnant des instructions sur la façon de prédire (selon la façon dont deux extrémités tranchées d’un citron tombent dans un bol d’eau) si un futur amoureux convient ou non, ou pour prédire les résultats d'une guerre.
À défaut de savoir déchiffrer cette écriture, on pourra retrouver les illustrations, à nos yeux surréelles, du Grand Pustaha qui a été, lui aussi, numérisé :
Photo 1 : Page du Grand Pustaha, © Wereldmuseum Amsterdam.
Photo 2 : Dessin de l'intérieur du museum ethnographique de Natura Artis Magistra, Amsterdam, 1866, © T.D.R.
Photo 3 : Dessin tiré du texte sur l'oracle du citron dans le Pustaha ADD.4726 © British Library.
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