L'association Détours des Mondes propose le jeudi 23 mars(reportée le 20 avril) une conférence de Paul Safianikoff qui nous entretiendra de l’art et la culture Warega et Wabembe, des ex-provinces du Kivu et du Maniema, à travers leurs remarquables objets axés sur le symbolisme.
Autour de l'ouvrage de son père Alexandre, intitulé Les Warega et les Wabembe ; une étude qui avait été confiée au MRAC-Tervuren il y a déjà plus de quarante ans.
Julien Volper, conservateur en charge des collections ethnographiques du musée, a relancé l’idée d’une publication de cette étude, disponible maintenant en ligne
La revue Afrique : Archéologie & Arts, publiée annuellement par l'équipe Ethnologie préhistorique de l’UMR 7041 du CNRS, est toujours disponible en ligne et téléchargeable. Je l'avais signalée jusqu'en 2019, omettant d'annoncer les numéros parus depuis. Dans cette note vous trouverez donc les nouveaux liens vers cette revue riche d'articles sur les recherches récentes concernant les cultures anciennes du continent africain.
L'association Détours des Mondes a reçu il y a 15 jours Martine Marin, Présidente de l'association des Amis de Nicolas Baudin pour une passionnante conférence sur ce voyage méconnu. Elle nous communique ici gracieusement le dernier numéro de :
En outre, des représentants de la Société des Amis du musée, de la bibliothèque et de l'histoire de l'école Polytechnique (SABIX) étaient présents à cette conférence, venant d'éditer leur dernier bulletin (n°69) consacré à l'expédition Baudin. Une version en ligne est disponible : Des polytechniciens au cœur d'une expédition australe.
Photo 1 : Routes des navires de l'expédition Baudin et portrait du Capitaine. Image courtesy State Library of South Australia, B 5793. Photo 2 : Couverture du bulletin n°69 de la SABIX.
"Les tentacules de la grande pieuvre Tumu-ra'i-fenua se détachèrent du ciel et tombèrent dans le Sud, et la grande pieuvre devint une terre, qui est Tubu'ai".
À lire au sujet de la pêche à l'encre de pieuvre : la légende de ’Orava de Tubuai et en découvrir les dessins dans l'album :
3000 notes écrites sur ce blog, des petites ou longues, des "sans intérêt" aux "banales" et aux plus réfléchies... Voilà un bon bout de chemin mené ensemble depuis décembre 2005 ! Il ne reste qu'à poursuivre !
Serge Tcherkezoff, en co-edition avec E.Conte et G.Molle, vient de publier : A la croisée des vagues. Océaniens et Occidentaux: anthropologie historique de la violence (16e-19e siècles). Actuellement, cet ouvrage est téléchargeable sur le site Pacific Encounters. Au programme un riche sommaire :
Photo : Massacre de MM. De Langle, Lamanon et de dix autres individus des deux équipages, gravure par Nicolas-Marie Ozanne dans la publication officielle de 1797, La Pérouse [M.M. éd.], 1797: Atlas: Planche 66 sur le site.
Le nouveau rapport publié par la base de données Artkhade 2022 est paru et disponible en ligne.
Artkhade publie également un nouveau document de 87 pages détaillant les faits et chiffres marquants qui ont animé le marché de l'art tribal sur la période 2010-2022. Celui-ci étudie en outre les impacts de différentes évolutions : "émergence d’une nouvelle génération de collectionneurs, mutation de leurs goûts et de leurs habitudes d’achat — le fameux cross-collecting, la déferlante numérique, le prestige des ventes de collections, et, bien entendu, l’impact de la crise sanitaire sur l’ensemble des usages et des pratiques".
Pour ceux qui, comme moi ont raté le week-end de L'ethnologie va vous surprendre, retrouvez les vidéos des conférences :
SAMEDI 9 AVRIL
11h30 - « Celui qui voit » au Koutammakou (Togo, Bénin) Par Dominique Sewane
15h30 - Le virus et le djinn Par Tobie Nathan
Les têtes chercheuses :
13h30 - Voyager dans l'invisible. Techniques chamaniques de l'imagination Par Charles Stépanoff, anthropologue (Amérique du Nord, Canada)
14h - Revenants et fantômes (du vaudou au spiritisme) Par Philippe Charlier, directeur du département de la recherche et de l'enseignement, musée du quai Branly – Jacques Chirac
14h30 - Le visible et l'invisible dans la divination des Sèmè du Burkina Faso Par Anne Fournier, chercheuse ethnologue à l'Institut de recherche pour le développement (IRD)
15h - Les visiteurs du soir. Incubes numériques et jeux d’invocation au Japon Par Agnès Giard, chercheuse rattachée au Sophiapol (EA 3932) - Université Paris Nanterre, chercheuse postdoctorale à la Freie Universität Berlin - projet européen EMTECH
18h - Visible de l’Invisible Par Nyaba Léon Ouedraogo, photographe, lauréat 2013 du Prix pour la Photographie du musée
18h30 - Photographier l’invisible :le vodun Tchamba Par Nicola Lo Calzo, directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études (section des sciences religieuses) et membre du GSRL
19h - Y a-t-il une recette pour fabriquer des fantômes ? Par Joseph Béhé, dessinateur et professeur de bande dessinée à la Haute école des arts du Rhin, Strasbourg
DIMANCHE 10 AVRIL:
11h30 - Rendre présents les esprits et les dieux : « doublures » d'invisible en Grèce et en Amazonie Par Philippe Descola
15h30 - Danser les chemins de l'invisible dans le vaudou haïtien. Conférence chorégraphiée par Erol Josué
Les têtes chercheuses :
13h30 - Une anthropologie de l’invisible Par Gregory Delaplace, anthropologue - LESC, CNRS
14h - La possession dans le Candomblé, Brésil Par Giovanna Capponi, chercheuse post- doctorante, University of Roehampton (Londres), musée du quai Branly – Jacques Chirac
14h30 - Formes de possession d’esprit dans la religion birmane Par Bénédicte Brac de la Perrière, anthropologue, CNRS
15h - Yurei ga: les peintures hantées du Japon Par Julien Rousseau, responsable de l'unité patrimoniale Asie, musée du quai Branly – Jacques Chirac
Photo de l'auteure, exposition Persona, 2016 au musée du Quai Branly.
L’année dernière a vu la mise en ligne en libre accès de Culture et histoire dans le Pacifique (éd. Jukka Siikala), un volume édité à l’origine par la Société finlandaise d’anthropologie en 1990.
La version de 2021 comprend une nouvelle préface (de Tuomas Tammisto & Heikki Wilenius).
La Fondation Dapper propose son premier livre d’art numérique sur les arts anciens d’Afrique, consacré aux masques. Il s'agit d'un petit ouvrage très didactique qui constitue une bonne introduction aux grands types de masques et à leurs fonctions. Cet e-book est disponible gratuitement.
Vents d'Océanie nous convie à une rencontre avec Lisa Renard qui a consacré sa thèse à l’art de tisser des liens chez les Māori.
"Cette thèse analyse les relations que les Māori de Nouvelle-Zélande Aotearoa entretiennent avec leurs ancêtres par l’intermédiaire d’entités hautement valorisées qu’ils nomment taonga. Les taonga s’apparentent à des trésors ancestraux tangibles et intangibles transmis de génération en génération. Pour appréhender cette vaste catégorie et considérer « l’agentivité » relationnelle des entités qui la composent, j’ai choisi de m’intéresser à deux taonga que les femmes engendrent et mobilisent, avec le concours des hommes et des ancêtres : les manteaux māori (kākahu) et l’art du tissage au doigt māori (whatu) qui en permet la création. Sur le terrain, suivre ces deux taonga m’a amenée à travailler auprès de celles et de ceux qui les conçoivent, les utilisent et les font circuler parce qu’ils ou elles ont la responsabilité d’agir en qualité d’intermédiaires entre les vivants et les ancêtres : les expertes-tisseuses (tohunga-whatu), les experts-tatoueurs (tohunga ta moko), les gardien·ne·s de trésors ancestraux (kaitiaki), les aînés (kaumātua) et les représentant·e·s de collectifs (reo kōrero). Détentrices des savoirs et des savoir-faire qui sont souvent qualifiés de traditionnels, ces personnes conçoivent et vivent dans un univers où la relation aux ancêtres est primordiale, notamment parce qu’elle permet aux vivants de faire face aux aléas de l’existence. Afin de traduire et comprendre cette ontologie, je développe plusieurs approches conceptuelles telles que : les processus créatifs non linéaires nécessaires à l’engendrement des taonga, l’enveloppement des personnes, les circulations des personnes et des taonga, la continuité transgénérationnelle, l’ancestralité, l’espace sociocosmique et le tissage relationnel".
Légende de la photo sur le site Te Ara : "Deux ailes complètes de faucon attachées avec du lin ornent la tête de Poahu (à gauche) dans ce dessin de George French Angas datant d'environ 1847. Son compagnon E Koti porte des plumes de faucon dans ses cheveux, qui sont également ornés d'ocre rouge et d'huile de requin. Les deux jeunes hommes viennent de Poverty Bay (côte est) et sont alors en visite à Mōkau, au pays des rois. Ils portent des korowai, identifiables par la lourde hukahuka (frange) noire au bord du cou et attachée en travers de leur cape. La cape de Poahu est portée par-dessus une chemise bleue, indiquant l'utilisation croissante de vêtements européens. Les côtés avant de la cape de son compagnon E Koti sont bordés de larges bandes de rayures horizontales colorées. Le pendentif d'oreille d'E Koti est une médaille de la mission jésuite, reflétant l'influence croissante des missionnaires. À droite, les enfants du chef Kāwhia Te Pakaru. Les deux filles portent des kaitaka avec des bordures tāniko richement brodées, tandis que le garçon debout à l'arrière porte un kākahu ou une cape de pluie en feuilles de lin non traitées, dont Angas a noté qu'elle était "généralement portée par temps humide, et par les indigènes lorsqu'ils travaillaient dans leurs plantations"".
Alexandre Safiannikoff nous fait part d'une très riche étude :
LES WAREGA ET LES WABEMBE Une extraordinaire culture sociale et une étonnante civilisation sans écriture en Afrique centrale
"Cette étude, sous forme de manuscrit, a été déposée et confiée au MRAC il y a déjà plus de quarante ans par mon père, Alexandre Safiannikoff. Elle permit à des chercheurs mais aussi à des collectionneurs, marchands d’art africain et responsables de salles de ventes de se documenter et de mieux comprendre la culture de ces ethnies Warega et Wabembe, à travers leurs remarquables objets axés sur le symbolisme, reflet de leur philosophie".
En collaboration avec le Musée royal de l’Afrique centrale – Tervuren et le concours photographique entre autres de :
Nicolas Py est parti de la constatation suivante "L’aire culturelle traditionnellement dénommée "Micronésie" apparaît comme le parent pauvre de la recherche océanienne en France".
De fait, et peut-être comme conséquence pour le grand public, je ne me souviens pas d'exposition dédiée spécifiquement à cette région de l'Océanie en France et ailleurs, si ce n'est l'exposition du Linden-Museum de Stuttgart en 2010 (cf. photo ci-dessus).
Après avoir analysé cette situation, N. Py est parti sur les traces du travail de Roger Boulay qui a répertorié l’ensemble des collections publiques océaniennes connues entre 2017 et 2019. (cf. l’annuaire en ligne).
Ses conclusions sont passionnantes et le tableau recensant les objets micronésiens présents au sein des collections publiques est riche d'enseignements.
Beaucoup d'entre vous doivent connaître la base de données, MuseoArtPremier lancée entre 2005 et 2006 en ligne (collections extra-européennes conservées par les musées français, database Afrique Amérique Asie Océanie).
Il existe également l’annuaire Kimuntu (annuaire des collections extra-européennes françaises et des professionnels associés) développé entre 2008 et 2014 par Emilie Salaberry-Duhoux, directrice du MAAM (Musées, Archives et Artothèque d'Angoulême).
Citons encore l’annuaire des collections océaniennes en France mené à partir de 2004 par Roger Boulay pour le ministère de la Culture qui avait établi un historique précis et une estimation des collections dans 116 musées. Il faisait suite à des premiers travaux qu'il avait engagés à l’initiative de Jean-Marie Tjibaou dès 1979, et qui ont été repris ensuite dans le cadre de l’Inventaire du Patrimoine Kanak Dispersé (IPKD) entre 2011 et 2015 sous la double direction de Roger Boulay et d’Emmanuel Kasarherou.
Un nouveau site, pensé comme une cartographie a vu le jour: Le monde en musée.
Celui-ci a été mis en œuvre à l’INHA dans le cadre du projet "Vestiges, indices, paradigmes : lieux et temps des objets d’Afrique (XIVe-XIXe siècle)" et mis en place par Claire Bosc-Tiessé en 2017.
Cette nouvelle cartographie s'est naturellement aidée des bases de données existantes, mais a regroupé, de plus, des informations bibliographiques multiples, et analysé les inventaires quand cela a été possible. Elle s'est aussi appuyée sur des initiatives antérieures, celle d'Étienne Féau sur les collections du sud-ouest de la France, celle menée sous la direction de Laurick Zerbini dans la région Rhônes-Alpes, celle de Josette Rivallain, sur le catalogage des collections ethnographiques d'un certain nombre de muséums d’histoire naturelle.
Pour encore compléter toutes ces études, Hélène Guiot a participé à la relecture et l’abondement des fiches sur les collections océaniennes en juin-juillet 2021.
Un superbe projet et outil pour qui s'intéresse à l'histoire des collections !
"UNE CARTOGRAPHIE DES COLLECTIONS D'OBJETS D'AFRIQUE ET D'OCÉANIE: QU'EST-CE QUE CELA VEUT DIRE ?
Cette cartographie s’ouvre sur une carte, redessinée, car une carte est toujours une projection déformée. Ici, nous avons fait tourner le globe terrestre et ce n’est plus l’Europe qui apparaît au centre mais un espace reformulé entre l’Afrique et l’Océanie. C’est aussi l’entre-deux de la collection qui recrée un monde bien à elle et c’est ce monde que cette cartographie balise. Elle se veut un outil pour faire mieux connaître les collections d'objets d'Afrique et d'Océanie en France et favoriser le développement des recherches sur ces objets et les sociétés dont ils sont issus comme sur les collections et les modes d’acquisition dans les relations entre la France, l’Afrique et l’Océanie. A cette fin, elle rassemble les informations préliminaires, résume les recherches quand elles ont déjà été menées et présente celles qui ont été développées à cette occasion par le groupe de recherche de l'INHA à partir, notamment, des inventaires envoyés par les musées quand cela a été possible.
Cette cartographie présente des fonds d’objets et non pas des objets à la pièce : elle décrit rapidement le musée et la place qu’y occupent les collections d’objets africains ou océaniens. Elle détaille – autant que possible – l’histoire de la collection depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui, mentionne ses objets phares ou particulièrement méconnus, et évoque ses spécificités. Elle cite aussi les archives directement afférentes aux collections quand elles sont connues, tout particulièrement les inventaires anciens et les carnets de voyage des acquéreurs. Au-delà des rubriques sur la provenance et la bibliographie, cette cartographie permet une recherche plein texte pour rassembler les informations sur les origines géographiques des objets, les typologies d'objets présents dans les collections, les noms des collectionneurs et des marchands, etc. Il faut noter qu’il est souvent délicat de donner un nombre précis de pièces, d’autant que les inventaires les regroupent parfois par lot.
Cette cartographie vous permettra de repérer des lieux à visiter, des collections à découvrir et à investiguer. Ce n’est toutefois pas un guide de visite. Il faut effectivement noter que ces objets ne sont pas toujours exposés, et en tout cas, pas tous. Les sites web des musées vous offriront alors les renseignements nécessaires et vous permettront de les contacter pour plus d’informations. Nous avons considéré les institutions propriétaires mais certains musées bénéficient de dépôts de longue durée. Le musée de la Compagnie des Indes à Port-Louis, par exemple, ne possède pas d'objets africains mais en expose dans son parcours permanent et il nous a semblé intéressant de l'inclure au titre de musée où voir des objets africains dans le Morbihan.
...
En septembre 2021, cette cartographie comprend 246 musées : 108 institutions comptent des collections provenant de ces deux continents, 116 des objets africains uniquement et 21 des objets océaniens seulement. Pour le dire autrement, 224 musées possèdent des objets africains, 218 en réalité si on soustrait de ce nombre les musées disparus, et 129 des objets océaniens. Cette liste a vocation à s’allonger avec la poursuite des recherches et votre aide. Effectivement, la consultation des musées continue et beaucoup d’autres musées comprennent sans doute ne serait-ce que quelques objets d’Afrique, d’Océanie peut-être plus rarement. La mise au jour de nouveaux fonds est donc tout-à-fait probable comme en témoignent l’exposition du musée Saint-Remi de Reims à l'été 2021, avec notamment la rédécouverte d'une salière africaine en ivoire du 16e siècle, conservée dans les musées de la ville depuis le 18e siècle. D'autres collections sont aussi apparues qui étaient à tout le moins méconnues : celle du musée des Ursulines de Mâcon ou celle du département des arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France. L’histoire des musées se poursuit aussi : la collection privée des époux Cligman, comprenant quelques objets d’Afrique et d’Océanie, a fourni le fonds du musée d’Art moderne qui a ouvert très récemment dans l’abbaye de Fontevraud, pour ne donner que cet exemple".
J'ai souvent eu l'occasion d'évoquer dans ce blog certaines figures qui ont joué un rôle dans les collectes de Nouvelle-Guinée allemande entre 1880 et 1915, et ce sont aussi ces mêmes personnages que l'on retrouve en toile de fond de mon dernier roman Un crâne dans ma tête.
L'un des spécialistes sur le sujet est sans conteste Rainer F. Buschmann, professeur d'histoire à la California State University. Son ouvrage de 2009,Anthropology's global histories: the ethnographic frontier in German New Guinea, 1870-1935est passionnant sur ce sujet.
Le galeriste Michael Hamson publie tous les mois des articles sur son site dans la rubrique Provenance : Historical Figures in Oceanic Art et nous retrouvons des papiers rédigés précisément par Rainer F. Buschman :
Magali Mélandri et Hélène Guiot Introduction. Pour un inventaire des collections océaniennes en France : regard rétrospectif en 2021
Elise Patole-Edoumba Un regard patrimonial sur les collections polynésiennes du muséum d’Histoire naturelle de La Rochelle
Théano Jaillet Cannes, de Ginoux de la Coche à 2020. Poursuivre une collection océanienne figée dans le temps ?
Sylviane Bonvin Pochstein, Magali Dufau et Lành Granier Repenser les collections océaniennes du muséeum de Toulouse : entre histoire et nouvelle éthique
Claude Stéfani La collection Lesson du musée Hèbre de Rochefort : essai d'une reconstitution historique
Margot Duband La collection kanak de Marius Archambault. Les objets, témoins d’une mission scientifique en Nouvelle-Calédonie
Marie Adamski La mission Rey Lescure (1929-1933). Une collecte méconnue du musée d’Ethnographie du Trocadéro
Soizic Le Cornec La collection Auguste et Louise Le Rat au musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d’Alençon
Marie Hoffmann La collection disparue du musée Berthoud de Douai : classification et exposition des artéfacts océaniens à la fin du xixe siècle
Margaux Chataigner Trajectoires néo-calédoniennes et moulinoises : la collection d’armes kanak du musée Anne de Beaujeu
Lisa Renard Deux manteaux māori à bordures géométriques (kaitaka) de Nouvelle-Zélande Aotearoa du xixe siècle au musée du Quai Branly – Jacques Chirac
Stéphanie Leclerc-Caffarel et Frédérique Servain-Riviale Un contenant en algue de Tasmanie de l'expédition d'Entrecasteaux (1791-94) identifié au musée du Quai Branly – Jacques Chirac
La revue Gradhiva fut créée en 1986 par Michel Leiris et Jean Jamin, présentée alors comme un lieu de débats sur l'histoire et les développements de l'anthropologie.
Depuis 2005, la revue est publiée par le musée du quai Branly - Jacques Chirac et se consacre à l'étude scientifique des arts au sens le plus large du terme. Cette dernière est accessible en ligne du n°1 de 2005 à aujourd'hui n°32 de 2021 sur le site de OpenEdition Journal.
Mais depuis peu, une bonne nouvelle, on peut retrouver en accès libre les 34 premiers numéros de 1986 à 2003 sur le site Persée.
Jacques-Julien Houtou de La Billardière est un naturaliste français dont sa biographie est parfaitement résumée dans l’article de A. Chevalier : Un grand voyageur naturaliste normand. À la suite de mon précédent article, il nous intéresse plus particulièrement de par sa présence sur La Recherche auprès d’Antoine Bruny d’Entrecasteaux.
L’expédition d’Entrecasteaux renoue avec les grands voyages maritimes scientifiques. Pour résumer, ce sont plus de 200 marins et 12 savants qui sont du voyage à bord de La Recherche et de L’Espérance, ce dernier vaisseau étant commandé par Jean-Michel Huon de Kermadec. Les navires atteignent la Nouvelle-Hollande (Australie) et en font le tour en 1792. La flotte repart plein Nord, car des uniformes français portés par des insulaires semblent avoir été aperçus dans l’archipel Bismarck. Première étape, les îles Salomon, passant sans le savoir très près de la zone du naufrage de La Pérouse. En 1793, d’Entrecasteaux refait un tour de l’Australie sans toutefois repérer la moindre trace de La Pérouse porté disparu depuis janvier 1788. Puis, l’expédition poursuit sa route vers l’Est. Les équipages sont épuisés, divisés sur la stratégie du commandant et souvent menacés par les autochtones lorsqu’ils souhaitent aborder une île. D’Entrecasteaux, atteint de scorbut, meurt en mer en juillet 1793, après la mort en mai de Huon de Kermadec. Élisabeth-Paul-Édouard de Rossel commande L’Espérance et Alexandre d’Hesmivy d’Auribeau, La Recherche. Ils décident de naviguer en direction de Surabaya. Mais la France est en guerre avec la Hollande et ils sont retenus prisonniers. Les deux hommes, royalistes de conviction, décident de se mettre sous la protection de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, les Hollandais saisissent donc les deux navires…
Dans la suite de la collection Les Carnets de Bérose, éditée électroniquement par le IIAC-Lahic et le département du Pilotage de la recherche et de la politique scientifique de la Direction générale des patrimoines, signalons le treizième volume : La culture en débat, l’anthropologie en question sous la direction de Guillaume Rozenberg.
"Qu’est-il arrivé à la culture ? Naguère emblématique de l’anthropologie, la notion connaît aujourd’hui une désaffection spectaculaire. Les anthropologues, qui, pour beaucoup, en faisaient autrefois un étendard disciplinaire, n’en usent désormais, quand ils en usent, qu’avec parcimonie, voire réticence et embarras. Et le problème de la conceptualisation de la culture, jadis pierre de touche des divergences entre écoles de pensée, n’est plus jugé digne d’intérêt théorique. Cette déchéance fait suite à une période, inaugurée dans les années 1970, qui a vu l’anthropologie trembler dans ses fondations mêmes sous le feu nourri des critiques post-moderne et postcoloniale. La notion de culture a été une des victimes les plus gravement touchées par cette déflagration, sans compter les coups de boutoir subséquents du « tournant ontologique » qui l’ont encore un peu plus ébranlée. Mais a-t-elle vraiment dit son dernier mot ? Cependant que, partout, elle fait florès dans les discours des populations qu’étudient les anthropologues, quelques praticiens de la discipline en défendent, contre vents et marées, la nécessité et les bénéfices. Ce Carnet de Bérose propose la traduction d’un ensemble de contributions marquantes à la controverse sur la « culture » pour permettre de mieux appréhender et comprendre ce moment-clé dans l’histoire récente de la discipline. Après une présentation introductive puis un texte d’ouverture de Clifford Geertz qui offre une définition classique de la culture, il est découpé en quatre débats qui mettent chacun en regard les réflexions d’auteurs aux positions contraires. Les uns – Tim Ingold, Paul Richards, Lila Abu-Lughod, Orin Starn, Michel-Rolph Trouillot, Martin Holbraad – en appellent d’une façon ou d’une autre à se défaire de la notion de culture ; tandis que les autres – Wendy James, Roland Littlewood, Christoph Brumann, Marshall Sahlins, Michael Carrithers – continuent de croire à ses vertus. À travers ces quatre débats, c’est l’anthropologie elle-même qui se trouve en question."
Les collections du Metropolitan concernant les arts Asmat sont principalement le fruit des collectes de Michael C. Rockefeller en 1961... On ne peut rater lors de sa visite au Metropolitan, la forêt de hauts mâts bis, sculptés à l’occasion d’une fête honorant les personnes mortes depuis peu, les grandes pirogues ou encore les impressionnants jipae, ces masques-costumes de fibres de rotin, d'écorce et de feuilles de sagou.
À l'occasion du 150ème anniversaire du Metropolitan Museum, se tient l'exposition Making The Met, 1870–2020. Dans ce cadre, Maia Nuku, conservatrice associée du département Afrique, Océanie, Amériques a souhaité mettre en lumière la collection d'oeuvres Asmat du musée ainsi que l'histoire et les archives qui y sont associées dans une riche vidéo :
Beaucoup de matière à penser dans ce nouveau numéro des Carnets de Bérose : La culture en débat, l’anthropologie en question sous la direction de Guillaume Rozenberg. Une collection éditée électroniquement par le IIAC-Lahic et le département du Pilotage de la recherche et de la politique scientifique de la Direction générale des patrimoines.
"Qu’est-il arrivé à la culture ? Naguère emblématique de l’anthropologie, la notion connaît aujourd’hui une désaffection spectaculaire. Les anthropologues, qui, pour beaucoup, en faisaient autrefois un étendard disciplinaire, n’en usent désormais, quand ils en usent, qu’avec parcimonie, voire réticence et embarras. Et le problème de la conceptualisation de la culture, jadis pierre de touche des divergences entre écoles de pensée, n’est plus jugé digne d’intérêt théorique. Cette déchéance fait suite à une période, inaugurée dans les années 1970, qui a vu l’anthropologie trembler dans ses fondations mêmes sous le feu nourri des critiques post-moderne et postcoloniale. La notion de culture a été une des victimes les plus gravement touchées par cette déflagration, sans compter les coups de boutoir subséquents du « tournant ontologique » qui l’ont encore un peu plus ébranlée. Mais a-t-elle vraiment dit son dernier mot ? Cependant que, partout, elle fait florès dans les discours des populations qu’étudient les anthropologues, quelques praticiens de la discipline en défendent, contre vents et marées, la nécessité et les bénéfices. Ce Carnet de Bérose propose la traduction d’un ensemble de contributions marquantes à la controverse sur la « culture » pour permettre de mieux appréhender et comprendre ce moment-clé dans l’histoire récente de la discipline. Après une présentation introductive puis un texte d’ouverture de Clifford Geertz qui offre une définition classique de la culture, il est découpé en quatre débats qui mettent chacun en regard les réflexions d’auteurs aux positions contraires. Les uns – Tim Ingold, Paul Richards, Lila Abu-Lughod, Orin Starn, Michel-Rolph Trouillot, Martin Holbraad – en appellent d’une façon ou d’une autre à se défaire de la notion de culture ; tandis que les autres – Wendy James, Roland Littlewood, Christoph Brumann, Marshall Sahlins, Michael Carrithers – continuent de croire à ses vertus. À travers ces quatre débats, c’est l’anthropologie elle-même qui se trouve en question".
Voilà un moment déjà que je songeai à séparer les articles concernant les arts d'Océanie de ce blog principal. Mais le manque de temps et le caractère bien secondaire de la tâche m'avaient toujours fait reculer.
Aujourd'hui, c'est chose faite. Je garde bien entendu tous les liens avec le Blog racine Détours des Mondes car c'est à partir de lui que sont référencés les articles, celui-ci existant depuis 15 ans.
J'invite donc les passionnés des cultures et des arts classiques du Pacifique à me rejoindre à cette nouvelle adresse : https://detoursdoceanie.fr/
Bien entendu Détours des Mondes se poursuit de la même manière ! En ce qui concerne l'Océanie il renverra automatiquement à l'autre blog avec un lien "Lire la suite" adéquat.
Pour changer d'air....
Partir d'Hawaï en canoë pour l'inconnu, avec un peu de chance débarquer sur une petite île à des milliers de kilomètres au milieu de l'océan Pacifique.
Devoir traverser une étendue d'eau qui couvre plus de 160 millions de kilomètres carrés.
Pendant des milliers d'années, les navigateurs polynésiens ont géré des voyages comme celui-ci sans aides modernes à la navigation.
Le galeriste Bernard de Grunne réalise souvent des catalogues bien documentés à l'occasion d'expositions qu'il organise lors de foires.
Le petit dernier est paru pour TEFAF Maastricht et s'intéresse aux Kifwebe.
Il est consultable en ligne :
Toujours sur l'art Eskimo et pour en apprendre davantage, un site très documenté et richement illustré à découvrir, réalisé par Richard Margolis, chercheur indépendant, spécialisé dans l'art eskimo et l'art indigène de Sibérie :
"Ce site présente une sélection d'œuvres d'art Eskimo de toutes les régions de l'Arctique, couvrant la période allant du début du premier millénaire à certains objets du milieu du XXe siècle, et produits sur divers supports, notamment l'ivoire, l'os, les bois de cervidés et le bois. Sont également couverts les travaux sur papier des autochtones de l'Arctique canadien et le Groenland du début et du milieu du XIXe siècle (ce qui représente environ 100 ans avant ce que l'on considère généralement comme les débuts de l'art graphique Eskimo).
L'idée est qu'une enquête bien illustrée et documentée intéresserait les anthropologues et archéologues de l'Arctique, les autochtones des zones d'où proviennent les objets, et toute personne qui pourrait chercher des informations sur l'art des premiers Eskimos".... lire la suite de l'introduction de R. Margolis
Dans la suite de la collection Les Carnets de Bérose, éditée électroniquement par le IIAC-Lahic et le département du Pilotage de la recherche et de la politique scientifique de la Direction générale des patrimoines, signalons le douzième volume : Ethnologie en situation missionnaire sous la direction d’André Mary et Gaetano Ciarcia.
"Une profonde ambivalence caractérise de longue date les relations entre ethnologues et missionnaires : les « campagnes anti-mission » de Malinowski dénonçant ces hommes de Dieu qui privent les païens de « leurs raisons de vivre » en détruisant leurs objets de culte ont pour envers les louanges intéressées de Paul Rivet leur accordant une plus grande familiarité avec la parole et la vie matérielle indigènes. Malgré la professionnalisation du travail de terrain, l’usage instrumental des « documents » du missionnaire ethnographe a perduré et donné lieu à des formes de collaboration fondées sur la division du travail entre ceux qui recueillent les faits et ceux qui les interprètent. La reconnaissance du « point de vue de l’indigène » par les ethnologues a entériné les vertus de l’étude intensive et compréhensive de la singularité de « l’âme d’un peuple », engagée par les missionnaires apprentis linguistes. De fait, l’écart de statut entre les uns et les autres ne s’impose pas avant les années 1950.
Martin Gusinde, Lars Vig, Efraim Andersson, Paul Vial, Francis Aupiais, Verrier Elwin, Maurice Leenhardt : les cas de figure réunis dans ce Carnet de Bérose évoquent des individualités fortes, catholiques comme protestantes, envoyées en Asie et en Afrique, en Patagonie ou en Océanie, évoluant principalement dans des champs de mission et des territoires alors sous domination impériale française. Ils sont auteurs d’une œuvre ethnologique reconnue au tournant crucial des années 1910-1930. À bonne distance de l’emprise coloniale et des réserves émises par leurs supérieurs vis-à-vis de leur investissement scientifique, leur pratique ethnographique les place en situation de rencontre d’une humanité différente qui interpelle leurs convictions et suscite leur compassion. L’entreprise de conversion chrétienne des personnes met en péril la production initiatique des « vrais hommes » ; le sens de la Mission « étrangère » en terre tribale est ébranlé. Pour ces hommes fidèles à leur vocation spirituelle, la connaissance ethnologique est appelée à « consacrer » une religiosité perdue dont il s’agit de retrouver, chez l’Autre, l’authenticité première".