Francis Edgar Williams (1893 – 1943) fut anthropologue du gouvernement dans le territoire australien de Papouasie, de 1922 jusqu’à sa mort. Il fut un photographe prolifique puisque sa collection est composée de près de 2000 photographies et négatifs sur plaque de verre. Elle est conservée dans les Archives nationales d’Australie, au Musée d’Australie-Méridionale et dans les Archives nationales de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il a écrit également de nombreux rapports et une partie de ces documents et des photographies est consultable sur le site National Archives of Australia.
Ses missions l'ont amené chez les Suau à l'Est du Golfe, chez les Orokaiva et Vailala et les Keraki à l'Ouest. Ses articles sont nombreux mais ses ouvrages également. Les plus célèbres sont : The natives of the Purari Delta, 1924 ; Orokaiva Magic, 1928 ; Orokaiva Society, 1930 ; The Vailala Madness, 1934 ; Depopulation of the Suau District, 1933 ; Papuans of the Trans-Fly, 1936 ; Drama Of Orokolo. The Social And Ceremonial Life Of The Elema, 1940.
Sauf omission, seuls le premier et dernier de cette liste sont mis en ligne intégralement.
Frank Hurley (1885-1962) est un photographe et cinéaste australien qui s'est notamment illustré lors d'expéditions en Antarctique et particulièrement lors de l'expédition de Shackelton en 1914-1916 puis, a acquis une solide réputation en tant que photographe de guerre en Europe.
En décembre 1920, il est à Sydney et aidé par les missions australiennes, il part pour la Papouasie. Pendant un an ce sont plus d'un millier de plaques de verre et de morceaux de films qu'il rapporte à Sydney. Il commence à travailler sur la première version d'un film qui racontera ses voyages en Papouasie, intitulé « Pearls and Savages ». Mécontent de ses premières prises, il parvient à réunir des fonds pour repartir, accompagné cette fois du zoologiste Allan Riverstone McCulloch, qui collectionnera des spécimens et des artefacts d’histoire naturelle pour l’Australian Museum.
Voilà un nouveau photographe du Golfe du début du XXè siècle : Ernest Sterne Usher (1887 - 1916),diplômé du Working Men's College de Melbourne en tant qu'ingénieur et géomètre. En 1914, il fait partie d'une équipe d'exploration pétrolière dans la région de Vailala-Purari, dans l'est du golfe de Papouasie. Il sillonne cette région probablement de janvier à août 1914 et puis reviendra à Noël 1915 pour une seconde mission.
Quatre tablettes de Rapa Nui ont été prêtées au musée du Quai Branly par la Congrégation des Sacrés Coeurs de Jésus et Marie de Rome et ce jusqu’en juin 2025 où elles sont exposées sur le plateau des collections.
Les quatre tablettes, couvertes de glyphes, sont parmi les plus célèbres du corpus : Mamari, L’échancrée, Aruku Kurenga et La Rame. J’ai déjà évoqué cette écriture pascuane dans quelques notes, Rongorongo, Tablettes de l’île de Pâques à Santiago du Chili, des articles qui datent de 2009 !
J’ai évoqué à plusieurs reprises Alfred Cort Haddon, notamment pour son expédition à Bornéo et la célèbre expédition du Détroit de Torrès de 1898 au cours de laquelle était notamment présent Charles Gabriel Seligman engagé comme médecin et qui a largement documenté ce voyage. (Pour un excellent portrait d’Alfred Cort Haddon, lire l’article de Philippe Bourgoin).
Mais je n’ai pas encore évoqué sa fille Kathleen qui a suivi des études de zoologie à Cambridge. Hélas, à la fin de son cursus en 1911, il ne fut pas question pour elle d’être éligible à un diplôme du Newnham College de Cambridge ! Elle ne l’obtiendra qu’en 1948… Elle dût alors se contenter d’être démonstratrice universitaire en zoologie, en retrait des postes tenus par les hommes. Mais en 1914, elle a 26 ans et elle accompagne son père dans le Golfe de Papouasie, l’ayant probablement convaincu de son utilité dans une expédition scientifique !
Quittons un instant le Golfe de Papouasie, décor de mes derniers articles, car j'ai découvert il y a peu l'existence d'un artiste papou du tournant du XXè siècle, et ce grâce à l'article très détaillé de Sylvia Cockburn et Susan Abel du 28 janvier dernier : "Mutuaga Oitau – The Carved Man" paru sur le site du Met.
Il est en effet très rare dans les arts traditionnels océaniens de pouvoir disposer de l'identité de l'artiste. Une exception notable est Mutuaga, un sculpteur qui travaillait dans le village de Dagodagoisu dans la région Massim ; il fut actif entre 1880 et 1920 et s'est notamment imposé par le raffinement des scarifications qui ornent ses figures.
Celui-ci s'est lié d'amitié avec Charles Abel (1863-1930) alors pasteur de la London Missionary Society à la mission établie à Kwato, une poussière d'île près de Samarai island et dépendant de la province de Milne Bay.
William Patten (1861-1932) est un zoologiste du Darmouth College dans le New Hampshire qui s'est embarqué en mars 1912 avec sa femme pour le Golfe de Papouasie afin de collecter des spécimens zoologiques et des coquillages. C'est sur le bateau qui part de Port Moresby qu'ils vont faire la connaissance d'A.B. Lewis. Ensemble, Patten et Lewis vont photographier les maisons longues de l'île de Goaribari et des environs, et collecter des objets.
Albert Buell Lewis est célèbre comme ayant été le chef de l'expédition du Field Museum of Natural History, de Chicago et je l'ai déjà évoqué longuement dans cette note.
Mais je ne me suis pas arrêtée précisément sur la courte période de l'année 1912 qu'il a passée dans les régions du Golfe. Dans son ouvrage publié en 1931 par le Field Museum, Carved and Painted designs from New Guinea, on retrouve ses photos de terrain mais aussi celles de ces collectes. Impressionnant !
Gunnar Landtman (1878 – 1940) est un anthropologue finlandais qui a entrepris des travaux de terrain dans la région sud-ouest du Golfe de Papouasie-Nouvelle-Guinée de 1910 à 1912.
On doit à l'anthropologue David Lawrence, une imposante monographie sur le séjour de Landtman: À lire Gunnar Landtman in Papua 1910-1912, Australian National University Press, 2010. Cet ouvrage recense également les livres et articles de Landtman qui fut un écrivain prolifique entre 1912 et 1934, dont les plus connus sont The folk-tales of the Kíwai Papuans (1917) et The Kiwai Papuans of British New Guinea: a nature, born : instance of Rousseau, une véritable somme avec une introduction de A.C. Haddon, publié en 1927.
Frederick R. Barton (1865-1945) n'est pas très connu et je n'ai que peu de renseignements à son sujet. Il fut capitaine de l’armée britannique en Sierra Leone et à la Barbade ; puis il se rendit en Nouvelle-Guinée en 1899, devenant pendant un an seulement le secrétaire particulier du gouverneur (1899-1900). Car les promotions vont s'enchaîner rapidement : il sera magistrat résident de la division centrale du Golfe (1902-1904) et enfin administrateur de la Nouvelle-Guinée de 1904 à 1907 basé à Port Moresby. En avril 1907, il prend un congé et... démissionne en avril 1908 pour s'installer à Zanzibar.
À peine les missionnaires arrivés dans le Golfe de Papouasie, des collectionneurs-marchands ont eux aussi découvert ces régions. L'un des premiers d'entre eux fut probablement Theodore F. Bevan, un Anglais arrivé à 25 ans en Nouvelle Guinée et dont les collectes sont bien décrites par Barry Craig dans le conséquent article "Scenes hidden from other eyes" in The Artefact 2010 - Volume 33 et repris pour le site Oceanic Art.
Si son nom est resté, c'est d'une part grâce à son ouvrage paru en 1890 : Toil, Travel and Discovery in British New Guinea, mais surtout parce que ses premières collectes vont coïncider avec la tenue d'une grande exposition internationale à Adélaïde qui devait commémorer le jubilé de la reine Victoria et la fondation de la colonie en 1836.
Pour en revenir au début de ces derniers articles, j'étais "partie" pour écrire sur les Arts du Golfe de Papouasie, m'étant aperçue qu'en dehors de cette brève note datant de 2010, je n'avais rien écrit sur les objets surprenants des sociétés du Golfe. L'un des intérêts pour cette région de Papouasie-Nouvelle-Guinée réside dans l'abondance de clichés que nous possédons et qui sont arrivés très tôt, avec les missionnaires, qui découvraient la richesse et l'intérêt de cet outil.
Ainsi que Virginia-Lee Webb le suggère, on peut distinguer plusieurs périodes dans cette foisonnante documentation photographique : la période "missionnaire" (1874-1912), la période "ethnologique" (1910-1914) et la période 1914-1930 riche de nombreux acteurs tels les agents coloniaux, prospecteurs, négociants et toujours missionnaires et ethnologues.
Je suivrai donc la chronologie dans les notes qui vont suivre en tentant de fournir les liens bien précieux des premières publications, lorsqu'elles sont en ligne, dans lesquelles on peut retrouver ces photographies.
L'association Détours des Mondes propose le mardi 21 janvier 2025 une conférence intitulée Figures bipolaires en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle nous est proposée par Christian Coiffier, Attaché honoraire au MNHN :
"Tous les joueurs de cartes connaissent les figures bipolaires des rois, des reines et des valets visibles dans deux sens diamétralement opposés. Si les Papous ne jouaient pas autrefois aux cartes, il semblerait que leurs artistes se soient évertués à réaliser des œuvres bipolaires exprimant soit leurs diverses conceptions du cosmos soit la prévalence d’un certain dualisme dans leur organisation sociale. Nous présenterons ces diverses représentations en tentant quelques hypothèses explicatives". C.C.
Les conférences DDM sont accessibles gratuitement pour les membres et à toute personne intéressée (10€ par entrée)
Toutes informations dans le programme
Pour venir assister à la conférence (paris 6ème à 18h30), écrire à [email protected].
Le Missiemuseum de Steyl aux Pays-Bas a été créé suite aux collectes des missionnaires. C'est en 1875 qu' Arnold Janssen a fondé la Congrégation du Verbe Divin - Societas Verbi Divini (SVD) à Steyl qui, à partir de 1879 a envoyé des missionnaires de par le monde. Ces derniers ont rapporté des centaines de spécimens d'histoire naturelle mais aussi des artefacts. En 1931 fut ainsi inauguré le musée tel qu'il est resté de nos jours sous l'impulsion de frère Berchmans, particulièrement intéressé par la collection de papillons et d’insectes. Or parmi ces collections se trouvent cinq crânes de Papouasie Nouvelle Guinée...
Parmi les célèbres faussaires (poursuivant le précédent article), les amateurs d'art océanien ont certainement entendu parler de James Edward Little, un antiquaire né à Torquay en 1876. Il semble que ce soit un peu par hasard qu'il se soit lancé dans la réalisation de "faux" notamment dans l'art maori. Quoiqu'il en soit il a beaucoup vendu à des musées et des collectionneurs du monde entier tels que le capitaine A.W.F Fuller, H.G.Beasley et W.O.Oldman, mêlant objets authentiques et ses propres réalisations.
L'idée de "renouveau culturel" peut ouvrir la voie à tout un champ de fabrication d'objets pour les "touristes". Mais outre les réalisations par les artistes de locaux de "souvenirs", il a existé (et il existe toujours) au moins deux cas de "faux" célèbres en ce qui concerne les artefacts océaniens, c'est-à-dire d'objets faits pour délibérément tromper l'acheteur.
Voici un premier exemple concernant des objets du Sepik.
Lorsqu'on se trouve face à des réalisations comme celle reproduite ci-dessus, on reste sceptique. Les collectionneurs peuvent être tentés par l'achat de pièces sortant des canons stylistiques, telle cette étrange figure dite du Sepik.
Trop chargée, trop molle, à l'iconographie improbable penseront certains qui connaissent bien les arts du Sepik mis en avant depuis quelques dizaines d'années grâce aux expositions. Mais en 1965, "on" ne pensait pas vraiment ainsi... le "on" désignant ici Jean Guiart, responsable alors des collections Océanie, parti en mission dans le Pacifique pour le compte du musée des arts africains et océaniens...
J'ai toujours aimé ces petites têtes que produisait le peuple Gogodala sans jamais avoir écrit quelques précisions à leur sujet !
De fait, les Gogodala sont méconnus car peu nombreux, habitant une plaine marécageuse en bordure de la rivière Aramia dans la partie occidentale du Golfe de Papouasie qui se situe bien à l'ouest des régions célèbres pour leur art des planches votives. Périodiquement inondées, leurs terres ressemblent à "une mer avec des îles". La pirogue est donc le moyen privilégié de déplacement dans la région et, depuis fort longtemps, les canoës de course ont été un des principaux supports de l'expression artistique.
De nos jours, les festivals de canoës de Gogodala, sont devenus des évènements importants pour la région qui tentent aussi d'attirer des touristes par ces fêtes. Entre 40 et 60 hommes s'alignent dans une pirogue de couleur vive mesurant plus de 30 mètres pour pagayer debout.
Un musée d'histoire naturelle, ça commence en général comme ça... Des animaux empaillés en pagaille ! Le museum de La Rochelle n'échappe pas à la règle. Mais il recèle surtout une magnifique collection ethnographique et j'ai souvent eu l'occasion d'en parler.
La semaine dernière, l'opportunité d'y retourner était justifiée par la visite de l'exposition "Ceci n'est pas un masque" autour du Wanyugo des Senoufo.
Petite exposition mais une densité exceptionnelle d'enseignements évoqués par Marie Lorillard, ethnologue spécialiste des Sénoufo, qui nous a fait l'honneur de la visite et a su nous enchanter à proprement parler par sa passion si communicative. Il n'y a rien à ajouter au dossier pédagogique qui en dit long... à télécharger, tant bien même ce qui est secret reste secret.
Je n'oublie naturellement pas la collection permanente avec les pièces iconiques des collections océaniennes : le moai kava-kava bicéphale et la statue de Mangareva,
les masques de Papouasie Nouvelle-Guinée, Nouvelle-Bretagne, Nouvelle-Irlande et Vanuatu.
... et naturellement, encore bien des choses à découvrir... Notamment l'exposition Vanuatu, pouvoirs des femmes où je suis passée rapidement par manque de temps. Le dossier pédagogique est lui aussi très intéressant : À télécharger.
Photos de l'autrice, Museum d'Histoire Naturelle de La Rochelle, novembre 2024.
Ne dit-on pas que la beauté se niche souvent là où on ne l'attend pas ! Pour être honnête, je pouvais l'anticiper car cela faisait des années que je souhaitais venir à Issoudun sans en trouver l'occasion. Le manque est réparé par la visite de cet incroyable musée que constitue celui de l'Hospice Saint-Roch, recelant des collections extra-européennes tout en faisant montre de choix judicieux dans les expositions d'art moderne qui sont actuellement proposées.
Le fonds des collections océaniennes provient du don en 2000 de la Congrégation des missionnaires du Sacré-Coeur. Il s'agit d'un millier d'objets collectés pendant ses missions en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La congrégation fondée à Issoudun en 1854 par le Père Jules Chevalier a envoyé des missionnaires pour la première fois en 1882 à Matupi, une île au nord de la Nouvelle- Bretagne (un lieu déjà évoquée). En 1884, c'est un second groupe venu d'Issoudun qui s'installa dans l'île de Thursday dans le Détroit de Torrès, puis un troisième en 1885 dans le Golfe de Papouasie en territoire Elema. En 1888, certains s'installèrent dans l'archipel des Kiribati, puis en 1922 sur l'île de Samarai en région Massim.
Issoudun c'est aussi une importante salle permanente dédiée à la collection de Cécile Reims et Fred Deux. À l'occasion du centenaire de la naissance de Fred Deux, un ensemble choisi d’œuvres de 1948 à 2011 sont exposés.
C'est un univers de formes où l’humain, l’animal, le végétal se confondent. Il se déploie au milieu des oeuvres venues d'Afrique et d'Océanie, et de ses propres sculptures. C'est de l'oeuvre graphique dont je parle, celle qui submerge, qui trouble, émeut par ses formes qui touchent au plus intime de notre être.
C'est de l'organique à l'état pur sorti de quelque alien tapi au fond de nous et que nous voulons ignorer parce qu'il bouscule notre raison. Le discours de Fred Deux est celui de l'enfoncement, d'une marche en tâtonnant, de la recherche d'un passage. Mais il n'y a pas d'issue. Seul un gouffre se dessine laissant surgir de la peau du papier des entrailles si familières.
Le musée détient aussi un important fonds d’œuvres d'Henri Michaux. Une exposition temporaire Ecritures est actuellement présentée en résonance avec l'exposition Autour du surréalisme. Les Chants de Maldoror et autres visionsmontée pour les cent ans de la parution du premier manifeste du surréalisme. Il est inutile de préciser combien ces trois expositions se répondent.
Je vous ai déjà parlé de cette petite île des Australes au sujet de l'escale de la Bounty avec à son bord une partie des mutins dans cet article : La Bounty à Tubuai.
Lorsque j'y suis passée il y a deux ans, le lieu du Fort George, construit sous le commandement de Fletcher Christian, était encore bien méconnu, occulté notamment par les différends existants au sujet du terrain privé sur lequel il est implanté mais aussi par une mémoire toujours vive d'un épisode sanglant qui a endeuillé plusieurs familles et générations.
Désormais, il semble qu'il y ait une volonté plus affirmée de promouvoir le site de Fort George. Pour preuve ce petit film très didactique, réalisé il y a un an, concernant cet épisode de la mutinerie navale la plus célèbre de l'Histoire !
Roger Boulay, ethnologue spécialiste de la culture kanak, nous a quitté cette semaine.
C'était un ethnologue, connu d'abord comme chargé des collections Océanie au MAAO mais aussi commissaire d’expositions célèbres parmi lesquelles De jade et de nacre (1990), Arts du Vanuatu (1996), Kannibals et Vahinés. Imagerie des mers du Sud (2001), L’aristocrate et ses cannibales (2007) et Kanak. L’art est une parole (2013) et plus récemment Carnets Kanak (2022). Grand dessinateur, il laisse notamment pour cette dernière exposition des témoignages sensibles de la culture matérielle kanak.
J'ai souvent eu l'occasion de l'évoquer et récemment pour l'importante mission d'inventaire du patrimoine kanak dispersé (IPKD) qu'il a menée entre 2011 et 2015.
Au hasard des routes, des expositions assez confidentielles autour du Pacifique. Celle de Nevers nous entraîne dans un voyage autour du monde à bord de LaZélée, la corvette qui accompagnait L'Astrolabe dans l’expédition de Dumont d’Urville 1837-1840. Charles-Hector Jacquinot et son demi-frère Honoré Jacquinot étaient nivernais et avaient pour fonction respectivement, celle de capitaine de la corvette, et celle de chirurgien de marine, à la base un botaniste et zoologiste de formation ! Direction l’Antarctique !
À Rochefort, c'est l'histoire de Narcisse Pelletier qui est mise à l'honneur puisque 2024 constitue les 180 ans de sa naissance et les 130 ans de sa mort. Celle-ci est illustrée des dessins et aquarelles de l’historien Thomas Duranteau.
Enfin, une brève exposition initiée par Nicolas Py, (30 août - 11 septembre 2024) à Herbignac, présente une quinzaine d'objets provenant du continent océanien autour de la thématique du voyage.
Afin de compléter la note précédente, signalons qu'à bord de l'expédition Krusenstern, il y avait un autre "inconnu" (mais un cartographe déjà célèbre à l'époque) : Fabian Gottlieb von Bellingshausen. Il sera nommé commandant de la prochaine circumnavigation russe en 1819-1821, après le voyage de Von Kotzebue. Sa mission consistera à explorer l’océan Austral pour trouver des terres à proximité du pôle Sud... Malheureusement, il n'y avait pas de dessinateur-peintre sur les deux navires, le Vostok et le Mirnyi qui partirent de Kronstadt le 4 juin 1819 et les témoignages visuels de cette expédition sont rares.
Certains sont contenus dans l'Atlas du Voyage disponible en ligne.
La postérité a des trous de mémoire. Ou plutôt, elle chérit certains et délaisse ceux qui deviendront les oubliés de l'Histoire. Connaissez-vous les expéditions maritimes russes du 19ème siècle ? En réfléchissant bien, certains citeront l'expédition Krusenstern, une circumnavigation connue notamment grâce aux merveilleux dessins des Marquisiens réalisés par G. H. von Langsdorff et W. G. Tilesius von Tilenau ou encore par l'étrange destin du Français Joseph Kabris monté à bord. Pourtant, sur la Nadezhda, le vaisseau amiral de Krusenstern, on aurait pu aussi remarquer un jeune cadet de marine de 16 ans, Otto von Kotzebue, accompagné de son jeune frère Moritz. C'est son premier tour du monde et pas le dernier ! De retour en 1806, il réintègre la marine impériale, navigue, prend du galon et, sous les ailes de Krusenstern, va devenir le commandant du Rurik en 1815. Ce n'est pas une simple balade en mer qui est alors confiée au jeune homme mais une expédition scientifique avec pour ambition d'explorer le passage du Nord-Ouest. La recherche d'un chemin le plus court possible pour atteindre le Pacifique est un impératif pour le commerce avec les îles d'Extrême-Orient ! Le richissime comte Nikolaï Roumiantsev, ministre du Commerce de 1802 à 1811, en sait quelque chose : il a financé l'expédition Krusenstern, et bien, il financera encore l'expédition von Kotzebue !
L'association Détours des Mondes propose le jeudi 21 mars une conférence réalisée par Jean Simonnet, collectionneur, dont le titre sera "Propos sur les îles Marquises et leurs pagaies".
On se souvient probablement de la belle exposition L'éclat des ombres présentée au musée du Quai Branly fin 2014 ou, plus éloignée encore, celle du Musée Dapper intitulée L'art d'être un homme qui s'est tenue entre octobre 2009 et juillet 2010.
Elles ont eu en commun de nous faire découvrir cette sculpture en provenance de l'île de Santa Ana (Owa Raha) dans l'archipel des Salomon. Cet objet était encore bien connu de très anciens Parisiens puisqu'il avait été présenté par Charles Ratton lors de L'exposition surréaliste d'objets de 1936, une photo attestant de sa présence dans le jardin de la galerie :
Il s'agit d'un poteau de hangar à pirogues de Santa Ana. Celui-ci, ainsi que le très célèbre figurant un couple exposé au Pavillon des Sessions, a très probablement été acheté sur place par Hugo Adolf Bernatzik durant son séjour de 1932 chez Heinrich Küper. Les deux poteaux furent du reste raccourcis à Paris par Ratton.
Heinrich Küper était un ancien militaire déserteur allemand qui vécut entre 1910 et 1950 à Gupuna sur Santa Ana. Il faut lire l'excellent article de Sandra Revolon : Heinrich Küper : le Blanc dont on parle à mi-voix, pour se faire une idée sur ce personnage qui a réussi à prendre un terrible ascendant sur les populations locales ! La photographie ci-dessus, prise par Eugen Paravicini, ethnologue devenu conservateur au musée de Bâle, entre 1927 et 1928, atteste de la présence du poteau dans le jardin de Küper.
Quant à l'emplacement initial du poteau, on en sait encore plus grâce à une photographie de Martin Johnson (ci-dessus) qui a accompagné Jack London dans son périple dans les mers du sud et qui date de 1908.
On pourrait encore en dire davantage sur cet extraordinaire objet, probable représentation d'un Ataro, être divin maître des éléments marins. Il faudrait pour cela analyser ses riches parures et sa place dans une maison cérémonielle, lieu tabou par excellence où se mêlaient la conservation des pirogues pour la pêche à la bonite et celle des reliquaires aux crânes de défunts, mais aussi hangar sacré pour les initiations des jeunes garçons.
Tout cela nous a été raconté avec passion par Isabelle Tassignon, conservatrice des collections d'archéologie et d'ethnologie à la Fondation Gandur pour l'Art, qui est intervenue jeudi dernier à la Galerie Meyer Oceanic & Eskimo Art.
On retrouvera dans l'article d'Isabelle Tassignon : Le géant des terribles Salomon de nombreuses précisions sur le poteau et on découvrira à l'occasion les autres oeuvres de cette collection genevoise.
La conférence est maintenant en ligne sur le site de la Galerie Meyer :
Une passionnante rencontre a eu lieu mardi dernier au musée du Quai Branly avec Pierre Lemonnier et Michael Housemann.
Pierre Lemonnier y présentait son dernier ouvrage La ritualité des choses dont le sous-titre "Objets, gestes et paroles des initiations masculines baruya" correspond très brièvement à l'une de ses préoccupations premières : Comment des centaines d'objets, de plantes, de gestes jouent-ils un rôle central lors des cérémonies Muka qui correspondent au premier stade des initiations masculines chez les Baruya ? L'ouvrage s'attaque à une analyse très précise du rituel qui se déroule sur 5 semaines et pour lequel, il distingue 112 étapes qui vont reconstruire les jeunes garçons. L'auteur, dont le fil rouge suivi est celui de la matérialité, démontre que les objets engagés dans l’action rituelle et les actions matérielles ne sont pas là pour remplacer des paroles mais pour ce qu'ils font sur la matière.
Pour être plus explicite, on peut lire l'excellent article La matière du rituel écrit par Jean-François Bert dans La vie des idées.
Et mieux encore, la rencontre a été enregistrée :
Une rencontre comme on les aime... Jeudi dernier, Magali Mélandri, responsable de l’Unité patrimoniale Océanie-Insulinde au musée du quai Branly-Jacques Chirac, est venue présenter à l'Institut Giacometti, au sein de l’exposition Alberto Giacometti. Le Nez, un masque de Papouasie-Nouvelle-Guinée provenant précisément de l'île de Kairiru (anc. île d'Urville) au large de Wewak.
Ils sont nés la même année et se sont connus sur les bancs de l'école navale de Brest. Le premier écrit la préface de "Poésies d'un marin" ouvrage rédigé par le second en 1911. Le premier c'est Pierre Loti, déjà académicien ; le second, Eugène de Fauque de Jonquières, est un vice-amiral dont le nom s'est perdu avec les ombres de l'Histoire.
Lors de la dernière rencontre PAA Europe, Mililani Ganivet nous a présenté une collection privée qui ressemble à un musée-cabinet de curiosité et dont j'ignorais l'existence. Un intéressant voyage !