Je vous ai déjà parlé de cette petite île des Australes au sujet de l'escale de la Bounty avec à son bord une partie des mutins dans cet article : La Bounty à Tubuai.
Lorsque j'y suis passée il y a deux ans, le lieu du Fort George, construit sous le commandement de Fletcher Christian, était encore bien méconnu, occulté notamment par les différends existants au sujet du terrain privé sur lequel il est implanté mais aussi par une mémoire toujours vive d'un épisode sanglant qui a endeuillé plusieurs familles et générations.
Désormais, il semble qu'il y ait une volonté plus affirmée de promouvoir le site de Fort George. Pour preuve ce petit film très didactique, réalisé il y a un an, concernant cet épisode de la mutinerie navale la plus célèbre de l'Histoire !
Roger Boulay, ethnologue spécialiste de la culture kanak, nous a quitté cette semaine.
C'était un ethnologue, connu d'abord comme chargé des collections Océanie au MAAO mais aussi commissaire d’expositions célèbres parmi lesquelles De jade et de nacre (1990), Arts du Vanuatu (1996), Kannibals et Vahinés. Imagerie des mers du Sud (2001), L’aristocrate et ses cannibales (2007) et Kanak. L’art est une parole (2013) et plus récemment Carnets Kanak (2022). Grand dessinateur, il laisse notamment pour cette dernière exposition des témoignages sensibles de la culture matérielle kanak.
J'ai souvent eu l'occasion de l'évoquer et récemment pour l'importante mission d'inventaire du patrimoine kanak dispersé (IPKD) qu'il a menée entre 2011 et 2015.
Au hasard des routes, des expositions assez confidentielles autour du Pacifique. Celle de Nevers nous entraîne dans un voyage autour du monde à bord de LaZélée, la corvette qui accompagnait L'Astrolabe dans l’expédition de Dumont d’Urville 1837-1840. Charles-Hector Jacquinot et son demi-frère Honoré Jacquinot étaient nivernais et avaient pour fonction respectivement, celle de capitaine de la corvette, et celle de chirurgien de marine, à la base un botaniste et zoologiste de formation ! Direction l’Antarctique !
À Rochefort, c'est l'histoire de Narcisse Pelletier qui est mise à l'honneur puisque 2024 constitue les 180 ans de sa naissance et les 130 ans de sa mort. Celle-ci est illustrée des dessins et aquarelles de l’historien Thomas Duranteau.
Enfin, une brève exposition initiée par Nicolas Py, (30 août - 11 septembre 2024) à Herbignac, présente une quinzaine d'objets provenant du continent océanien autour de la thématique du voyage.
Afin de compléter la note précédente, signalons qu'à bord de l'expédition Krusenstern, il y avait un autre "inconnu" (mais un cartographe déjà célèbre à l'époque) : Fabian Gottlieb von Bellingshausen. Il sera nommé commandant de la prochaine circumnavigation russe en 1819-1821, après le voyage de Von Kotzebue. Sa mission consistera à explorer l’océan Austral pour trouver des terres à proximité du pôle Sud... Malheureusement, il n'y avait pas de dessinateur-peintre sur les deux navires, le Vostok et le Mirnyi qui partirent de Kronstadt le 4 juin 1819 et les témoignages visuels de cette expédition sont rares.
Certains sont contenus dans l'Atlas du Voyage disponible en ligne.
La postérité a des trous de mémoire. Ou plutôt, elle chérit certains et délaisse ceux qui deviendront les oubliés de l'Histoire. Connaissez-vous les expéditions maritimes russes du 19ème siècle ? En réfléchissant bien, certains citeront l'expédition Krusenstern, une circumnavigation connue notamment grâce aux merveilleux dessins des Marquisiens réalisés par G. H. von Langsdorff et W. G. Tilesius von Tilenau ou encore par l'étrange destin du Français Joseph Kabris monté à bord. Pourtant, sur la Nadezhda, le vaisseau amiral de Krusenstern, on aurait pu aussi remarquer un jeune cadet de marine de 16 ans, Otto von Kotzebue, accompagné de son jeune frère Moritz. C'est son premier tour du monde et pas le dernier ! De retour en 1806, il réintègre la marine impériale, navigue, prend du galon et, sous les ailes de Krusenstern, va devenir le commandant du Rurik en 1815. Ce n'est pas une simple balade en mer qui est alors confiée au jeune homme mais une expédition scientifique avec pour ambition d'explorer le passage du Nord-Ouest. La recherche d'un chemin le plus court possible pour atteindre le Pacifique est un impératif pour le commerce avec les îles d'Extrême-Orient ! Le richissime comte Nikolaï Roumiantsev, ministre du Commerce de 1802 à 1811, en sait quelque chose : il a financé l'expédition Krusenstern, et bien, il financera encore l'expédition von Kotzebue !
L'association Détours des Mondes propose le jeudi 21 mars une conférence réalisée par Jean Simonnet, collectionneur, dont le titre sera "Propos sur les îles Marquises et leurs pagaies".
On se souvient probablement de la belle exposition L'éclat des ombres présentée au musée du Quai Branly fin 2014 ou, plus éloignée encore, celle du Musée Dapper intitulée L'art d'être un homme qui s'est tenue entre octobre 2009 et juillet 2010.
Elles ont eu en commun de nous faire découvrir cette sculpture en provenance de l'île de Santa Ana (Owa Raha) dans l'archipel des Salomon. Cet objet était encore bien connu de très anciens Parisiens puisqu'il avait été présenté par Charles Ratton lors de L'exposition surréaliste d'objets de 1936, une photo attestant de sa présence dans le jardin de la galerie :
Il s'agit d'un poteau de hangar à pirogues de Santa Ana. Celui-ci, ainsi que le très célèbre figurant un couple exposé au Pavillon des Sessions, a très probablement été acheté sur place par Hugo Adolf Bernatzik durant son séjour de 1932 chez Heinrich Küper. Les deux poteaux furent du reste raccourcis à Paris par Ratton.
Heinrich Küper était un ancien militaire déserteur allemand qui vécut entre 1910 et 1950 à Gupuna sur Santa Ana. Il faut lire l'excellent article de Sandra Revolon : Heinrich Küper : le Blanc dont on parle à mi-voix, pour se faire une idée sur ce personnage qui a réussi à prendre un terrible ascendant sur les populations locales ! La photographie ci-dessus, prise par Eugen Paravicini, ethnologue devenu conservateur au musée de Bâle, entre 1927 et 1928, atteste de la présence du poteau dans le jardin de Küper.
Quant à l'emplacement initial du poteau, on en sait encore plus grâce à une photographie de Martin Johnson (ci-dessus) qui a accompagné Jack London dans son périple dans les mers du sud et qui date de 1908.
On pourrait encore en dire davantage sur cet extraordinaire objet, probable représentation d'un Ataro, être divin maître des éléments marins. Il faudrait pour cela analyser ses riches parures et sa place dans une maison cérémonielle, lieu tabou par excellence où se mêlaient la conservation des pirogues pour la pêche à la bonite et celle des reliquaires aux crânes de défunts, mais aussi hangar sacré pour les initiations des jeunes garçons.
Tout cela nous a été raconté avec passion par Isabelle Tassignon, conservatrice des collections d'archéologie et d'ethnologie à la Fondation Gandur pour l'Art, qui est intervenue jeudi dernier à la Galerie Meyer Oceanic & Eskimo Art.
On retrouvera dans l'article d'Isabelle Tassignon : Le géant des terribles Salomon de nombreuses précisions sur le poteau et on découvrira à l'occasion les autres oeuvres de cette collection genevoise.
La conférence est maintenant en ligne sur le site de la Galerie Meyer :
Une passionnante rencontre a eu lieu mardi dernier au musée du Quai Branly avec Pierre Lemonnier et Michael Housemann.
Pierre Lemonnier y présentait son dernier ouvrage La ritualité des choses dont le sous-titre "Objets, gestes et paroles des initiations masculines baruya" correspond très brièvement à l'une de ses préoccupations premières : Comment des centaines d'objets, de plantes, de gestes jouent-ils un rôle central lors des cérémonies Muka qui correspondent au premier stade des initiations masculines chez les Baruya ? L'ouvrage s'attaque à une analyse très précise du rituel qui se déroule sur 5 semaines et pour lequel, il distingue 112 étapes qui vont reconstruire les jeunes garçons. L'auteur, dont le fil rouge suivi est celui de la matérialité, démontre que les objets engagés dans l’action rituelle et les actions matérielles ne sont pas là pour remplacer des paroles mais pour ce qu'ils font sur la matière.
Pour être plus explicite, on peut lire l'excellent article La matière du rituel écrit par Jean-François Bert dans La vie des idées.
Et mieux encore, la rencontre a été enregistrée :
Une rencontre comme on les aime... Jeudi dernier, Magali Mélandri, responsable de l’Unité patrimoniale Océanie-Insulinde au musée du quai Branly-Jacques Chirac, est venue présenter à l'Institut Giacometti, au sein de l’exposition Alberto Giacometti. Le Nez, un masque de Papouasie-Nouvelle-Guinée provenant précisément de l'île de Kairiru (anc. île d'Urville) au large de Wewak.
Ils sont nés la même année et se sont connus sur les bancs de l'école navale de Brest. Le premier écrit la préface de "Poésies d'un marin" ouvrage rédigé par le second en 1911. Le premier c'est Pierre Loti, déjà académicien ; le second, Eugène de Fauque de Jonquières, est un vice-amiral dont le nom s'est perdu avec les ombres de l'Histoire.
Lors de la dernière rencontre PAA Europe, Mililani Ganivet nous a présenté une collection privée qui ressemble à un musée-cabinet de curiosité et dont j'ignorais l'existence. Un intéressant voyage !
À signaler un beau programme du 20 au 23 novembre prochain pour les personnes intéressées par le Pacifique Sud ! En effet, l'Inalco est associé depuis 2012 au Festival international Jean Rouch, initié en 1982 par le cinéaste et ethnologue éponyme. Cette année, la programmation des Regards comparés propose une sélection de films documentaires représentant l'Océanie.
Nous sommes ainsi invités à écouter différentes paroles sur les questions de sauvegarde de l’environnement, celles des revendications de souverainetés et sur la dynamique des expressions culturelles ; autant de facettes des sociétés de l’Océanie contemporaine.
Évènement gratuit mais réservation obligatoire ici.
L'association Détours des Mondes propose le jeudi 19 octobre à 14h une conférence réalisée par Christian Coiffier, ethnologue, sur le thème des représentations des chauves-souris en Nouvelle-Guinée, un animal souvent considéré dans cette région du monde comme un lointains ancêtre des humains.
Parmi les autres Ecossais dont quelques collectes font l'objet d'une vitrine au Musée national d'Ecosse, signalons John Brander arrivé à Tahiti en 1851 pour y faire fortune. L'homme sait y faire puisqu'il va rapidement être à la tête d'un commerce florissant, traitant aussi bien de cocoteraies, d'élevages d'huîtres perlières, de plantations de café, d'oranges et de goélettes...
En 1856, il s'associe avec Alexander Salmon, alors secrétaire de la reine Pōmare IV. et épouse sa fille Titaua. À la fin des années 1860, il crée une exploitation d'ovins sur l'île de Pâques et 10 ans plus tard il confie à Jean-Baptiste Dutrou-Bornier le transport des marchandises entre Tahiti, l’île de Pâques et l’Amérique du Sud, une logistique rendue possible et lucrative grâce à ses navires. Dutrou-Bornier, celui qu'on appellera "Pito Pito, le tyran" envoie des centaines d'habitants, réduits en esclavage, pour les plantations de Brander à Tahiti. Le passage de ces deux-là va laisser de graves cicatrices sur Rapa Nui qui sera vite décimée : le surpâturage rase la végétation de l’île, les îliens fuient ou sont déportés. À leur tour, le sort ne va pas se révéler tendre pour nos deux aventuriers puisque Dutrou-Bornier, auto-proclamé "roi" de Rapa Nui, sera (très probablement) assassiné en 1876. L'île de Pâques sera néanmoins attribuée à John Brander après un long litige devant les tribunaux français, mais celui-ci décèdera en 1877. Les héritiers engageront une procédure. L’exploitation reviendra à Alexander Salmon, devenu seul maître de Rapa Nui jusqu’à son annexion par le Chili en 1888.
Je me souviens de ce miroir d'eaux foncées ponctuées d'herbes aux verts changeants et de roseaux qui animaient la surface au gré du vent. Depuis les crêtes de ce cratère du volcan Rano Kau surplombant la mer, on apercevait au loin des petits ilôts et on se prêtait à imaginer des hommes-oiseaux dévalant les pentes abruptes et s'élançant en quête du premier oeuf de sterne de l'année.
La sécheresse est passée par là, le cratère est devenu une steppe herbeuse.
C'est là que des archéologues ont mis au jour le 21 février dernier un nouveau moaï. La statue retrouvée est plus petite que les autres, et n'a pas encore révélé tous ses mystères, notamment celui de sa présence en cet endroit !
Photo 1 : de l'autrice, île de Pâques janvier 2007.
Photo 2 : in Le Soir.
Qui peut se targuer de connaître Lamotrek, un minuscule atoll des îles Carolines en Micronésie ? L'image satellite des 3 îles qui le composent (en rouge) rend compte de la fragilité de ce territoire. Les habitants se concentrent sur l'île principale (en bas à droite de la carte). Pour ma part, j'en avais entendu parler via l'expédition de Hambourg 1908-1910, et les dessins et écrits d'Augustin Krämer au sujet de charmes de navigation.
Ali Haleyalur, coproducteur du film Spirits of the Voyage, a récemment souhaité que celui-ci soit disponible en ligne afin de partager la cérémonie Pwo, une cérémonie d'initiation du navigateur que son père, Jesus Urupiy, a menée sur l'île Lamotrek en Micronésie, en 1990. Un documentaire instructif et très émouvant.
Photo 1 : Image satellite sur Wikipedia. Photo 2 : Dessin de charmes de navigation et autres objets magiques (Lamotrek) par Augustin Krämer, in Ergebnisse der Südsee-Expedition 1908-1910, Hrsg. Thilenius, G., Vol. II Ethnographie: B Mikronesien, Bd. 10, Zentralkarolinen, I. Halbband, Hamburg 1937, p. 156 ill. 76.
J'ai lu il y a dix ans de cela, Ce qu'il advint du sauvage blanc, un ouvrage de François Garde ; histoire romancée du mousse Narcisse Pelletier, abandonné sur les côtes australiennes alors qu'il n'a que 14 ans en 1858. Je n'avais pas à l'époque fait le lien avec le destin tragique des passagers du navire qui le transportait, le Saint-Paul qui convoyait principalement de Hong-Kong plus de 300 coolies chinois vers les champs aurifères australiens du Queensland. En septembre 1858, le navire s'échoue sur un récif corallien de l'archipel de la Louisiade.
Lors de mon passage récent dans des musées ethnographiques allemands (Brême, Hambourg et Hanovre), j'ai bien sûr été éblouie par la richesse des collections de Nouvelle-Irlande. On sait que cette île de l'archipel Bismarck (appelée alors Neu - Mecklenburg) fut colonie allemande de 1885 à 1919.
Parmi les rituels Malaggan dont j'ai souvent parlé sur ce blog, j'ai omis d'évoquer les intrigantes figures de craie blanche que sont les Kulap. Souvent peintes (ce qu'on ne voit plus guère dans les exemplaires de musée), elles ont été produites dans la région de Namatanai (soulignée en rouge sur la carte).
Le dernier archipel visité cette année fut celui des Gambier. Mangareva se situe à 1650 kms de Papeete. Arrivée dépaysante puisque l’aéroport est situé sur le motu Totegegie, cette petite bande de terre tout en longueur et qui est éloignée de Rikitea. Une navette assure la traversée qui dure environ 45 minutes. J
J’ai évoqué il y a longtemps déjà les sculptures de Mangareva sur ce blog. C’était à l’occasion de l’exposition de 2009 au musée du Quai Branly qui réunissait 12 statues anthropomorphes de ce petit archipel.
Les figures ci-contre sont des copies respectivement de Rongo, divinité mangarévienne de la pluie et des cultures et réalisée par Raufra Nanai en 2011(à gauche) et d’une statue plus abstraite, possible représentation du dieu Rao, invoqué lors de la plantation du curcuma et réalisée par Terani Rangimakea en 2011.
Ces statues sont présentées à l’aéroport de Tahiti.
L’originale de celle de gauche est conservée au British Museum (LMS 99) et celle de droite au musée du Quai Branly (72.53.287).
Le périple de ces derniers mois nous a entraînés dans l'archipel des Australes (Rurutu, Tubuaï, Raïvavae). En revenant dans l'archipel de la Société, arrêtons-nous un instant sur Raiatea.(carte ci-dessus cliquable)
C'est sur cette île que se situe le paysage culturel de Taputapuātea, un centre politique, cérémoniel et funéraire, considéré comme le berceau de la civilisation Ma'ohi et inscrit sur la liste du Patrimoine mondial en 2017. En son sein, se trouvent plusieurs marae...
Photo 1 : Cartographie de la Polynésie française vue de l'Europe, sur le site de l'Aviation Civile.
Photo 2 : Marae Hauviri, photo de l'autrice, septembre 2022
Pour terminer notre rapide tour d'horizon des îles Australes, je vous présente aujourd'hui les "pagaies cérémonielles" en bois finement sculptées.
Elles ont été largement collectés dans le Pacifique, semble-t-il pendant la première moitié du XIXe siècle. Rhys Richards (c.f. Les « pagaies cérémonielles » des îles Australes, les recherches de Rhys Richards et la piste espagnole de Gilles Bounoure à propos du livre Austral islands de Rhys Richard.) a montré que ces pagaies ont été produites vers 1820-1840, et qu'aucune ne semble remonter à une époque antérieure.
Oups ! un peu de retard sur cette annonce ! Du coup, je donnerai des éléments de présentation sous forme d'articles sur le blog ...
Dans le cadre de l'association Détours des Mondes, j'ai poursuivi hier la formule de présentation Zoom intitulée 1 heure/1 oeuvre initiée l'année dernière. (Présentation d'un objet océanien, prétexte à fournir une introduction aux arts traditionnels du Pacifique. Chaque présentation (environ 30mns) est suivie d'une discussion). Pour cette première séance, j'ai proposé : Des marionnettes de Malekula (Temes Nevimbur)
Bibliographie succincte :
Bonnemaison, Joël (ed.), 1997, Vanuatu Océanie, art des îles de cendre et de corail. Paris : R.M.N.
Guiart J., 1951, Société, Rituels et mythes du Nord-Ambrym (Nouvelles-Hébrides), in Journal de la Société des Océanistes, n°7, Paris, Musée de l’Homme
Guiart J., 1956, Notes sur une cérémonie de grades chez les Big-Nambas, in Journal de la Société des Océanistes, n°12, Paris, Musée de l’Homme
Gesmar H. & Herle A., 2010, Moving images - John Layard, fieldwork and photography on Malakula since 1914, Crawford House Publishing, Adélaïde, 2010
Les sculptures de Raivavae sont rares dans les collections publiques. La plus célèbre d'entre elles est certainement celle conservée à l'Auckland Museum et qui provient de la collection Oldman, collectée par le révérend John Williams de la London Missionary Society. Les documents d'Oldman précisent : "Un ancien document conservé avec la figurine indique qu'il s'agissait d'un " Dieu indien apporté en Angleterre par le révérend John. Williams des îles de ... ... et laissé par lui avec son ami Timothy East. ... ... (Williams) a apporté le Dieu en Angleterre avec le consentement des indigènes afin d'illustrer ses conférences pour obtenir des fonds pour la mission dans les îles."
J'ai évoqué le mois dernier l'exposition Carnets Kanak au musée du Quai Branly - Jacques Chirac, visible jusqu'au 12 mars 2023.
Elle se rapporte à la mission d’Inventaire du Patrimoine Kanak Dispersé (IPKD) effectuée par Roger Boulay dans les musées et collections publiques du monde entier, une demande initiale de Jean-Marie Tjibaou au début des années 80. Depuis le 23 novembre, le musée a procédé au début de la mise en ligne de l'IPKD. Des fiches s'ajouteront régulièrement à cette base. Une petite explication :
C'est grâce à l'ouvrage collectif Va’a. La pirogue polynésienne publié en 2007, que j'ai été sensibilisée pour la première fois au monde des pirogues d'Océanie, encore méconnu de nos jours, malgré les courses sportives qui renouvellent leur intérêt.
Raivavae est célèbre encore maintenant pour ses pirogues cousues généralement construites en bois de manguier. Les ligatures étaient réalisées par des fibres de bourre de coco, remplacée de nos jours par des cordes de nylon.
Raivavae possède de nombreux sites archéologiques, mais je n'ai pu voir que le marae Pua Pua Tiare, facilement accessible. Comme à Tubuai, ces sites sont situés sur des terrains privés, souvent laissés à l'abandon. En outre, les propriétaires n'invitent pas nécessairement des inconnus à fouiller une hypothétique parcelle de jungle, surtout lors d'un court séjour durant lequel il est difficile de repérer les "bons" endroits et les "bons" interlocuteurs.
L'association Détours des Mondes propose le jeudi 17 novembre à 14h une conférence intitulée La difficile reconnaissance de l’expédition Baudin (1800-1804) et réalisée par Martine Marin, Présidente de l'association Les Amis de Nicolas Baudin.
"On l'appelle l'expédition oubliée de Napoléon, pourtant l'expédition Baudin (1800-1804) ou encore le Voyage de découverte aux terres australes est sans doute l'expédition française la plus réussie au vu des résultats obtenus : des milliers d'échantillons de plantes et d'animaux dont la majorité alors inconnus en occident, la première carte de l'Australie, des récits de rencontres avec les Aborigènes et deux navires, Le Géographe et le Naturaliste qui reviennent tous les deux en France au bout de quatre ans de navigation plutôt mouvementée, véritables arches de Noé dont les trésors iront embellir les jardins de Joséphine de Beauharnais à la Malmaison.
Pourtant, la malchance a toujours entravé la reconnaissance de cette expédition l'empêchant d'accéder au rang des grandes explorations françaises comme celles de La Pérouse ou de d'Entrecasteaux… "
Martine Marin
Photo : Le Géographe et le Naturaliste par Charles Lesueur.
Je pourrais commencer par vous parler de Raivavae que j'ai découverte cette année, comme d'une île merveilleuse dotée d'un lagon extraordinaire dont les qualificatifs ne manquent pour vanter les couleurs de la mer... et c'est vrai.
Mais je choisis plutôt de plonger dans le passé pour évoquer de curieux évènements.
"Tout commença un beau jour d’août 1933, lorsque Stevens Higgins ancra la nouvelle goélette La Denise dans le lagon de Raivavae. Celui ci avait décidé d’acquérir trois tiki de Raivavae afin de les exposer au musée Océanien de Papeete. Il s’agissait d’un couple, Moana et Heiata, et de leur enfant" ainsi débute une histoire passionnante, et racontée dans deux articles concernant Les tribulations des tiki Moana et Heiata de Raivavae.
De nos jours, on connaît bien les noms d'Ahutoru, de Tupaia et de Maï qui sont ceux de Polynésiens qui ont eu l'initiative du premier pas vis-à-vis de Bougainville et de Cook. On connait moins celui de Hitihiti ou Oedidee ou encore de Mahine, un jeune originaire de Bora-Bora, juste âgé de 16 ans à l'époque du 2ème voyage de Cook à Tahiti.
Il se rapproche de Georg Forster à Tahiti et, un soir de septembre 1773, il lui fait part de son vif désir d'embarquer.