Une intelligente présentation de cet excellent ouvrage fut donnée par son auteur, François-Xavier Fauvelle-Aymar, il y a peu au salon de lecture Jacques Kerchache du musée du Quai Branly.
Celui-ci en effet nous donne à réfléchir sur 3 objets : le petit rhinocéros d'or de Mapungubwe d'où l'ouvrage éponyme ; un pectoral en or massif en provenance du tumulus de Rao au Sénégal, et des milliers de perles découvertes à Tätär Gur en Ethiopie.
Qu'ont ces trois objets en commun ? Il est aisé de répondre qu'ils ont tous été trouvés en contexte funéraire, qu'ils correspondent approximativement à la même période (XIIè - XIIIè siècle)... mais quoi encore ?
Un indice important : Près d'eux, de la porcelaine chinoise, des cauris indo-pacifiques... Que font là ces objets qui viennent de l'Orient ?
Il ont été apportés vraisemblablement par des marchands. Effectivement d'importantes communautés marchandes existaient dans le monde islamique médiéval. Le raisonnement que nous livre l'auteur est de faire l'hypothèse de l'existence de sites de commerce en contact avec l'islam à proximité des tumulus où l'on a retrouvé ces objets.
Et c'est précisément ce que nous fournissent des fouilles archéologiques.
Tout d'abord, le site de Mapungugubwe est situé près de Kilwa Kisiwani, petite île de la côte de l'actuelle Tanzanie, une cité remarquable du Xème au XVème siècle et le plus important des sultanats de la culture swahili qui possédait une extraordinaire mosquée :
Quand aux tumulus de Rao, il faut chercher Kumbi Saleh, décrit par Al-Bakrî et certainement capitale de l'empire du Ghana, probablement un des plus grands sites urbains connus d'Afrique de l'Ouest de l'empire du Ghana.
Enfin les perles... et l'on découvre le site de Zeylah , ancien port de commerce dans le golfe d'Aden.
Nous sommes bien au courant de l'existence d'un commerce transsaharien Nord-Sud, mis en place et structuré pendant le Moyen-Âge qui supposait une logistique importante : Existence au Nord de capitales, puis de villes plus au Sud qui ont des fonctions de port transaharien ; en miroir, des ports côté Sud, puis plus au Sud encore, des capitales telles Mali, Ghana, Gao, Kanem Bornu.
Ce que l'on connaît moins est l'existence d'un important commerce transversal. Et c'est précisément ce que veut montrer François-Xavier Fauvelle-Aymar : La dynamique commerciale entre Le Caire, Assouan, Aden, Le Sud-est de l'Inde et la Chine était considérable pendant l'époque médiévale !
Comme se plait à le dire son auteur, Le rhinocéros d'or est en réalité une somme de fragments d'un grand vitrail que constituerait l'histoire Africaine, des balises dans un domaine méconnu que constitue l'archéologie africaine qui a encore à nous révéler beaucoup de secrets.
Photo 1 : Rhinocéros d'or de Mapungubwe, University of Pretoria
Photo 2 : Pectoral en or du tumulus de Rao, Musée de l'Institut Français d'Afrique Noire, Dakar
Photo 3 : Perles du tumulus de Tätär Gur, in Le rhinocéros d'or,François-Xavier Fauvelle-Aymar.
Photo 4 : Plan de Kumbi Saleh, site Bibliothèque numérique sur la Mauritanie
Photo 5 : Cartes des échanges Nord-Sud. Photo 6 : Caret de la 7ème expédition maritime de Zheng He (1433).
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