En prévision de sa prochaine conférence, Carmen Bernand nous transmet un document bien précieux sur des repères historiques et géographiques :
• 1519-1521 Expédition de Magellan. Première traversée du Pacifique à partir du détroit. Après la mort de Magellan à Cebu, dans les Philippines (Cebu), Sebastián Elcano poursuit la route jusqu’aux Moluques et regagne l’Espagne en contournant l’Afrique. C’est la première circumnavigation du globe.Description des îles des Larrons (Guam), premier aperçu de la navigation en Micronésie.
• 1525 Expédition de García Jofré de Loaysa, secondé par Elcano. Sept nefs partent de La Corogne (Galice). Elles suivent la route de Magellan. Un seul navire revient en Espagne. La Santa María de la Victoria atteint l’archipel des Moluques mais elle est détruite. Restent prisonniers à Tidore quelques marins dont Andrés de Urdaneta.
• 1527 Expédition de Alvaro Avalos de Saavedra, cousin d’Hernán Cortés. Première à partir du continent américain (Zihuatanejo au Mexique). Flotte de trois nefs. A Tidore (Moluques), Saavedra retrouve Urdaneta et le capitaine de la Torre, tente le retour en Amérique par le Pacifique et échoue. Il longe alors la Nouvelle Guinée.
Cette expédition déclenche une série de rumeurs concernant des îles et des marins perdus. On disait qu’une nef de la flotte d’Alvaro de Saavedra avait sombré en tentant de rentrer de Tidore par l’est, au large de l’île de Kauai (archipel des Hawaii) ; les deux seuls survivants auraient été considérés comme les ancêtres des chefs hawaïens, selon un témoignage ethnographique tardif. La découverte des Hawaii par le capitaine Cook est la seule référence couramment admise. Des voyages antérieurs, sans être impossibles, ne reposent pas sur une base documentaire sûre. L’essentiel ici n’est pas la vérité historique mais la croyance en l’existence de nombreuses îles parsemées dans tout le Pacifique. L’introduction aux Discoveries, tome 1, p. iii, Hakluyt Society (voir ci-dessous), mentionne l’existence d’une carte de 1555 où ces découvertes ont été reportées et qui conservée dans les archives de Madrid (Palacio Real ? Marina ?).
• 1529 Traité de Zaragoza par lequel, et au nom de l’antiméridien de Tordesillas Charles-Quint cède aux Portugal les Moluques. L’Espagne garde l’archipel de San Lázaro (Philippines)
• 1532 Départ d’Acapulco de la flotte Diego Hurtado de Mendoza. Découverte des îles Marías (Tres Marías, au large du Nayarit). Poursuite dans le Pacifique nord.
• 1533 Départ de Manzanillo une expédition pour explorer le Pacifique nord. Diego Becerra de Mendoza. Meurt assassiné par celui qui découvre la péninsule dela Californie. L’autre nef sous le commandement de Hernando de Grijalva découvre les îles de Rivillagigedo, au large du Mexique. Retour à Tehuantepec, puis Acapulco.
• 1535 Cortés part pour la deuxième expédition de Californie.
Cette même année de 1535 Urdaneta sillonne la mer de Chine à bord d’une jonque chinoise. Passe par Banda puis contourne le cap de Bonne Espérance. Retour et relation détaillée de ces dix années passées dans la Especiería.
•1536-37 deux bâtiments commandés par Grijalva en vue d’explorer l’océan Pacifique partent de Paita (Pérou) et font naufrage près des îles du Ponant (Philippines), au large de la Nouvelle Guinée ; sept survivants sont réduits en esclavage et rançonnés par le gouverneur portugais des Moluques. Au passage, Grijalva avait découvert plusieurs îles les Marshall ainsi que d’autres îles, à mi chemin entre Mélanésie et les Carolines, comme Acea (500 lieues des Moluques, Pescadores, Haime, Apua, Sari, vers le nord Coroa, Guedes. Selon Galvao, chroniqueur portugais, « toutes ces îles sont habitées par des gens noirs, aux cheveux ébouriffés, que les gens du Maluco appellent Papuas, mangent de la chair humaine et sont des sorciers.
• 1542 Départ de Jalisco de puerto Navidad vers les Moluques de Ruy López de Villalobos. Découvre les îles Revillagigedo (archipel mexicain), Palaos (Carolines) Coral et Los Jardines. C’est lui qui donne le nom de Philippines à l’archipel de Saint Lazare.
•1545, Iñigo Ortíz de Retes, de l’expédition Villalobos, arrive aux Moluques, quitte Tidore et longe le Nord d’une grande île. La tradition veut qu’il l’ait baptisée la Nouvelle-Guinée, en raison de la couleur noire de ses habitants.
• 1555 Juan Gaetano, un pilote de l’expédition Villalobos, aurait été ramené par le vent dans les îles Hawaii, qu’il nomme Islas de Mesa.
• 1564-1565 Expédition de don Miguel de Legazpi, qui prend comme « piloto mayor » Andrés de Urdaneta. Passent par los Barbudos (Marshall) et arrivent à Guam (« Larrons » ou « Chamorros »). Les deux nefs retournent à Acapulco, au Mexique par la route du Pacifique, remontant jusqu’au parallèle 40° Nord (à la hauteur du Japon), grâce aux calculs de Urdaneta. L’obstacle de la traversée du Pacifique depuis l’Asie est levé.
•1566 La route transpacifique du galion de Manille, reliant les Philippines à Acapulco, est ouverte. Les Philippines relèvent de l’autorité du viceroi du Mexique.
• 1567-1568 : Alvaro de Mendaña part du Callao (Pérou) et découvre les îles Salomon (Santa Isabel, Malaita, Guadalcanal, San Jorge, Choiseul, San Cristóbal). Retour par les Marshall et Wake, jusqu’en Californie, puis traversée le long de la côte jusqu’au Pérou.
Sources :
1) The Discovery of the Solomon islands by Alvaro de Mendaña in 1568, London, Hakluyt Society, vol. 1 et 2, 1901. Edition de Lord Amherst of Hackney & Basil Thomson.
Le tome 1 comprend : a)« A true and correct account of Hernando Gallego » ; b) « A short account collected from the papers found o, the City of La Plata, attributed a Pedro Sarmiento de Gamboa ». ; c) « A consecutive account of all that happened in the discovery... Alvaro Davendaña » ; d) A second narrative of the discoveries of the Isles of Salomon » by Alvaro de Mendaña.
Le tome 2 contient le document le plus important : »An account of the Voyage and Discovery which was made....by Gómez Hernández Catoira, chief purser, custodian of the objects for barter and comptroller for His Majesty » (original en manuscrit, non consulté). Il y a aussi un curieux témoignage : « A very particular account given to captain Francisco de Cadres by an Indian named Chepo ».
• 1595 : Seconde expédition de Alvaro de Mendaña à partir du Pérou afin de retrouver les îles Salomon. Le pilote est Pedro de Quirós. Mendaña meurt à Santa Cruz.
Découvertes : 4 îles des Marquises (Fatuiva, Hiva Oa, Motane, Tahuata ; Puka Puka, Tuvalu, Santa Cruz (Nendo, Salomon)
Sources :« Relación del segundo viaje » publiée dans Justo Zaragoza, t. 1, Madrid, 1876. Il est traduit en anglais, voir ci-dessous.
• 1606 Voyage de Pedro Fernández de Quirós :
Découvertes : Pitcairn, Tuamotu et archipel de la Polynésie française, Rakahanga (Cook), Taumaco et Ticopia (Duffs, Salomon), archipel de Vanuatu, Espíritu Santo.
Sources : Historia del descubrimiento de las regiones Austriales hecho por el general Pedro Fernández de Quirós, publicada por don Justo Zaragoza, t. 1, Madrid, 1876. La traduction en anglais : The voyages of Pedro Fernández de Quirós, 1595-1606 Ed. de Sir Clements Markham, London, Hakluyt Society, n°XIV, 1904 contient : Historia del descubrimiento de las regiones Austriale, par Belmonte Bermúdez ; le récit de Gaspar González de Leza, premier pilote de la Capitana avec Quirós, et documents annexes.
Les documents de ce voyage ont été également publiés par C. Kelly, Austrialia franciscana, Madrid, 1965, 2 tomes.
Annie Baert a traduit et annoté le texte de Quirós : «Histoire de la découverte des régions Australes, L’Harmattan, Paris 2001.
Un troisième récit de ce voyage se trouve dans Monarquía Indiana de Juan de Torquemada (1613-1615), qui inclut des informations de première main données par Quirós en 1606, lors de son séjour à Acapulco.
Un quatrième récit est celui de Luis Váez de Torres. Voir le texte de E.T.Hamy, « Luis Vaes de Torres et Diego de Prado y Tovar », Bulletin de géographie historique et descriptive, Paris, 1907, ainsi que : « « Relación sumaria del descubrimiento que empeçó pero fernandez de quirós..., London, Hakluyt Society, ser. II, 1930. Les dessins de Prado sont d’un grand intérêt. Enfin, les trois expéditions ont été étudiées par Annie Baert, Le Paradis terrestre, un mythe espagnol en Océanie. Les voyages de Mendaña et de Quirós 1567-1606, Paris, L’Harmattan, 1999. C’est le seul livre de référence jusqu’à cette date.
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